Ah bien Voilà, il y avait bien une histoire d’ordonnance… Ou alors il n’était juste pas seul à ne point reconnaitre les subtils sens de l’humour du second degrés…Sans doute cela ouai. Quoi qu’il en soit qu’il ne comprenait ou pas il était toujours aussi heureux. Il apprit donc de part les propos de Soren que le jeune homme proche du bar s’appelait Hendrick… Bien qu’il eût l’air de se tenir éloigné des deux nuisances sonores, cela était bien trop subtile pour le lumineux personnage qui irait s’enquérir de salutation par après. La politesse que diable !
Avant toute chose et ignorant les mesquines phrases d’Anty pour la simple et bonne raison qu’il n’écoutait pas… Le jeune extravagant se retrouva des lors avec une bière devant lui sous les conseils du barman. Non loin de lui l’idée de vouloir plonger dans l’alcool il était bien trop droit pour la chose. Il remercia donc chaleureusement l’homme au comptoir. De manière trop… Oui voilà trop était le mot. « Milles merci mon brave, je m’en vais donc essayer ce breuvage… » Quelque chose dans ce gout-là. Le petit hic dans l’histoire c’est qu’Aaron n’avait jamais, o grand jamais touché à une seule goute d’alcool de ses vingt trois ans d’existence… Bien que curieux de tout tester, Au fond son palais reste celui d’un enfant ni plus ni moins.
Il regarda Soren qui était près de lui et naturellement s’enfila la chose comme s’il s’agissait d’un jus de fruit. Et bien oui qu’on lui dise alcool ou quoi… ça se buvait comme tout… A cent pour cent… La tête qu’il tira était sans doute majestueuse, à la fois essayant de garder contenance et de l’autre et bien…. Amer, cela était Amer, doux dans un sens… Avec un fort bon arrière-gout. Il jugea peut-être que l’alcool n’était point pour lui… Au moins il avait essayé non ? Bref cela était un peu à la manière d’en enfant qui essayait du café.
« Et bien…. Pas mal, elle a bon gout… fort bon gout même…. Mais l’amertume... Je m’y ferais sans doute. »
Un gosse quoi. Il s’avança à nouveau vers le groupe. « Hmm et bien ma foi…. Il se trouve qu’un certain nombre de chose ne sont pas fait pour tous… l’alcool doit en faire partie pour moi … »
Une jeune femme rentra dans le bar, et bien que n’étant point tenancier, Aaron ne pouvait s’empêcher de reprendre ainsi contenance, récupérant son large sourire tout en bombant le torse.
« BIEN LE BONJOUR cher demoiselle ! »
Voilà S’il y a bien une chose que l’on ne pouvait lui reprocher, c’est qu’on l’entendait particulièrement bien… Et qu’il était poli aussi…
La galarienne n'avait plus vraiment l'habitude d'être aussi entourée ! Cela lui faisait penser à ses soirées estudiantines à Galar, et l'ambiance du bar y contribuait pour beaucoup. Aussi, elle hocha la tête à la proposition du gérant du bar : Elle avait toujours eu l'habitude, lorsqu'elle sortait en soirée avec ses amis, de ramener les verres au comptoir afin de faciliter le travail des barmans, alors ça lui semblait un très bon compromis ! Bien vite, son verre entre les mains, elle reporta son attention sur la jeune Félicia, à qui elle offrit un sourire radieux.
- Bien sûr, je t'aiderais volontiers ! Je ne suis pas une ultra-spécialiste, mais si ce que j'ai pu apprendre peut servir, ce sera avec plaisir !
Elle avait majoritairement appris sur le tas, alors elle espérait malgré tout que les questions de Félicia ne soient pas trop pointues pour elle... Mais si tel était le cas, alors elle serait ravie de l'accompagner à la réserve aquatique de la Rive-du-Rêve. Il n'y avait rien de mieux qu'apprendre entre passionnés, après tout, et Anty le lui avait bien démontré ! Trinquant avec les jeunes gens, la galarienne découvrit le breuvage que lui avait concocté Lucian, l'amertume du gin glissant dans sa gorge sans manquer de la surprendre, surtout combiné aux autres saveurs plus acides du cocktail. Attrapant le cure-dent décoratif entre ses doigts, elle en croqua l'olive avec entrain, puis s'efforça de prévenir le barman et les clients des Spinda qui traînaient là et... Marchaient tout à fait - pas - droit, fidèles à leur réputation. Mais elle avait envie de s'amuser, ce soir. Aussi, elle tourna la tête vers Anty, qu'elle connaissait mieux que les autres.
- Anty ! Tu m'accompagnes un peu sur la piste ?
Elle n'était pas une grande danseuse et était loin d'avoir la fièvre du samedi soir, mais elle se sentait bien, ici. Tout simplement bien et détendue, et cela lui faisait un bien fou... Une véritable petite bulle d'oxygène dans un quotidien chargé et intense.
Avez-vous déjà connu cette sensation, de lire ou d'entendre un nom qui semble venir d'un passé lointain et qui ressurgit comme ça, dans le présent ? C'est ce qui vient de tomber sur Jake.
Le jeune dresseur de fées pensait connaitre tous les commerces de la petite ville dont il avait à présent la charge. Mais en cette soirée, alors qu'il prenait une petite ruelle qu'il empruntait pour la seconde fois, il remarquait une enseigne lumineuse. The Event Horizon Pub&Brewery ? C'est quoi ça ? Un petit rad ? Un café familial ? Il doit en avoir le coeur net...
Quelle est cette sensation ? Alors qu'il a la main sur la porte, prêt à la pousser... Pourquoi il a cette sorte de... frisson ? Qu'est-ce qui peut se cacher derrière cette simple porte qui pourrait lui faire peur comme ça ? Il a de plus en plus peur, mais en même temps... Il veut réellement savoir. Il prend une petite inspiration et il pousse la porte.
Il y a quelques personnes dans la salle, lorsqu'il rentre. Il ne reconnait pas tous les visages. Il s'avance dans le bâtiment avant d'aller se caller dans un coin de la banquette du bar. L'endroit a l'air propre... Et voilà que Jake regarde le barman.
Le nom interdit.
Le nom qui surgit du passé.
Lucian Anderson.
Aura-t-il le temps de filer vers la porte d'entrée avant d'être repéré ?
Ewilan s'ennuyait un peu ce soir, traînant dans les rues commerciales de Rive-du-Rêve. Cette dernière déprimait un peu, suite à sa défaite au Tournoi des Champions face à Patience, en grande finale. Elle avait fait genre de rien devant la foule mais ça lui avait beaucoup coûter, elle qui s'était battue et qui enchaînait les victoires une à une depuis son arrivée sur l'île, la jeune Frimapicienne s'était dit que peut-être le vent avait tourné. Et voilà qu'elle s'était faite écraser sans aucune chance de victoire par la Championne en titre et son Ohmassacre. C'était... Décourageant. Est-ce qu'elle réaliserait son objectif ? Ewilan en doutait.
Alors que la jeune femme déprimait dans son coin, quelque chose attira son regard... une enseigne qui venait d'ouvrir. Un bar... The Event Horizon & Brewery... Quel nom à la mord moi le noeud, sérieusement. Son propriétaire devait être un génie pour le nommer comme ça. Mais qui sait, peut-être qu'un ou deux verres d'alcool lui ferait du bien ?
- Bonsoir...
C'est en traînant les pieds et avec une petite voix que la jeune femme entra dans le bar. Ce dernier était très lumineux, propre et avec une ambiance assez familial. Au moins, ça semblait être un endroit plutôt détente ou il faisait bon vivre. Et aucune peste à l'horizon tant mieux. Vu l'agitation ça avait l'air d'être l'ouverture du bar aujourd'hui. Diantre, il y avait autant de monde ? Le barman devait vraiment être populaire.
- Tiens... Voilà une tête que je connais...
Hendrik Hearl. Sa rencontre avec le jeune homme avait été plutôt sportive. Brrr, Ewilan frissonnait encore à la vue du Mamochon Alpha qui avait faillit les écraser lors de la récupération de la carotte. Enfin, il y avait au moins quelqu'un qu'elle connaissait.
Commençant à se diriger vers Hendrik pour le saluer, Ewilan s'arrêta net. Car quelque chose d'autre venait de retenir son attention. Une chevelure rouge très caractéristique, au bar, qui semblait un peu perdue et peu confiante.
Il s'agissait de Bleuenn. Et cette dernière n'avait pas encore remarqué son amie, visiblement.
Autant dire que le visage d'Ewilan reprit instantanément des couleurs tandis qu'un grand sourire se dessinnait sur ce dernier. Elle était tellement contente de la revoir ici alors qu'elle déprimait. Était-ce un signe du destin ? Peut-être.
S'approchant discrètement, elle fit en sorte qu'on ne la remarque pas trop afin de s'approcher de la jolie jeune femme aux cheveux rouges et, alors qu'elle n'était plus qu'à quelques pas de sa victime, cette dernière ne se doutant de rien, Ewilan sauta sur cette dernière avec force et vigueur, la faisant presque tomber de sa chaise.
- Impact... CHOUPINOVA !!!!
Bon... Vu comment elle venait de gueuler et sauter sur la pauvre Bleuenn, elle allait attirer l'attention. Mais pour le coup, elle s'en fichait. Elle était juste trop contente de revoir Bleuenn et lui fit un énorme câlin, serrant fortement à la taille cette dernière tandis que sa tête se posait dans le cou de la jeune femme, frottant sa joue contre celle de l'Awlyre.
- Je suis tellement contente de te voir, Bleuenn. Tu me manquais trop !
Puis, sans cesser de câliner la jeune femme, Ewilan s'adressa avec enthousiasme au blondinet qui semblait gérer l'endroit.
- Hé tavernier ! Mettez toutes les consommations de la jolie demoiselle sur ma note pour ce soir!
Beaucoup d’ambiance, beaucoup de monde et de conversations différentes. Le brun n’était pas certain de parvenir à bien tout suivre alors il tâchait de plutôt se concentrer sur les gens autour de lui, proche, qu’il connaissait un tant soit peu. Félicia lui avait envoyé un petit coup de coude, de toute évidence, elle n’avait pas trop apprécié sa manière de la présenter et cela avait bien amusé le colosse. Ce dernier avait écouté d’une oreille distraite, Johanna qui proposait son aide au barman, ce dernier acceptant qu’elle ramène des verres, et puis il y avait Aaron qui souhaitait goûter à de l’alcool. Anty n’était absolument pas certain que ce soit une bonne idée, vu son comportement déjà complètement désinhibé, qu’est-ce que cela donnerait avec de l’alcool dans le sang ? Le brun s’imaginait déjà son colocataire qui retirait tous ses vêtements pour aller courir autour du bar ! Honnêtement, avec lui, il fallait s’attendre à absolument tout.
Bras croisés, un petit sourire aux lèvres, l’Unysien scrutait tout ce beau monde sans rien dire, simplement satisfait d’être là. Ce fut la voix de Johanna qui lui fit tourner la tête dans sa direction et son sourire se fit un peu plus grand. Il décroisa ses bras et tendit l’une de ses mains à son aînée.
« Je vous accorde cette danse avec plaisir, madame ! »
Répondit-il dans un petit rire amusé avant de l’emmener sur la piste avec lui. Il n’était pas non plus un danseur incroyable, honnêtement, lorsqu’il allait dans des fêtes ou des boîtes, à Volucité, ce n’était pas vraiment pour danser. Ce ne serait tout de même pas horrible, et il tâcherait de s’aligner au mieux sur la jeune femme, et il n’était pas tout tendu de danser au beau milieu de tout ce beau monde.
« Bon, j’suis pas certain de savoir danser sur ça, tu me guides un peu ? »
Mais ça va, il pouvait être un bon élève s'il le voulait ! Un cri brusque lui fit tourner la tête un instant, sourcil haussé. Tiens, pour une fois, ce n'était pas de la part d'Aaron. Cette pensée lui arracha un sourire puis il offrit à nouveau toute son attention à la jeune femme.
Dans une sorte d'effervescence soudaine, inattendue, les gens allaient et venaient, et de nouvelles silhouettes semblaient apparaître tandis que d'autres quittaient le bar, et le jeune homme ne pouvait simplement suivre avec tout ce qui se passait, n'ayant même pas le temps de saluer l'homme qui quitta le premier la salle, non pas qu'Hendrik se sentait porté par le désir d'être poli et courtois.
Le galarois divaguait, laissant ses pensées paresseuses gambader au fil de son regard qui balayait la salle, ses prunelles déambulant au travers du bel établissement, jusque voir une petite tortue à la carapace rouge. Un Caratroc. La belle créature s'était sans doute faufilé dans le bar, attiré par la profusion de baie, contemplant la douce espérance d'avoir trouvé un Eden, une terre promise où les fruits coulaient à flots, sans cesse. Afin de tester cette théorie, l'éphèbe chercha dans sa besace de quoi contenter la curiosité, au moins, du pokémon, qui de son regard intéressé suivi le mouvement de la baie qu'Hendrik faisait à présent danser dans la paume de sa main. Le pokémon semblait ainsi attiré par la friandise, rampant de ses petites pattes, s'approchant inexorablement de son but, si bien qu'il fini par arriver jusqu'au profane, qui lui offrit la douce récompense. Le gémissement que poussa le petit pokémon suffit à indiquer au jeune homme que le bel animal appréciait tout particulièrement l'attention du jeune homme, si bien que le Galarois ne résista pas à l'idée de lui offrir une autre baie, plus épicée cette fois, et ne put que s'amuser de la réaction candide de la tortue.
Pris d'une sorte d'élan d'affection, Hendrik profita de cet instant pour grattouiller la partie inférieure de la mâchoire, récoltant un bruit proche d'un grognement de satisfaction, et le jeune homme se demanda s'il pouvait emporter ce pokémon avec lui. Il ne semblait pas à proprement parler employé du bar, sans compter que c'était là un débit de boisson et non pas un café pour jeune entrepreneur servant des jus à tout heure, bien que l'adonis se demandait si un très vieux caratroc pouvait faire vieillir quelques céréales pour ensuite le distiller, la première tortue à whisky en somme.
Ce fut une sorte d'explosion, ou plutôt d'exclamation sourde, qui ramena l'éphèbe à la réalité tangible, et son regard se posa sur la source du désagrément. Un visage connu, puisque c'était là Ewilan, une dresseuse qu'il avait déjà rencontré lors d'une mission périlleuse, qui lui avait d'ailleurs valu une rencontre forte intéressante avec un Mamochon Alpha. Il hésita un instant à aller la saluer mais la dame semblait déjà occupée avec une autre personne que le jeune homme ne connaissait pas, et estima qu'il pourrait de toute façon glisser un bonjour plus tard dans la soirée.
Son attention se reporta donc sur la petite tortue qui avait posé sa tête sur le genou du dresseur, songeant sans doute qu'elle pouvait dès à présent dormir là.
De nouveaux clients arrivaient au bar. Décidément il ne s'était pas attendu à ce que sa petite soirée ait autant de succès. Il se redirigea donc vers le bar et fut interrompu en chemin par une tête connue qui lui faisait un grand signe de la main pour attirer son attention.
_ Bleuenn ! Ca fait super longtemps, c'est super cool d'être venue ! J'espère que le bar te plait, j'ai voulu faire un truc dans une esthétique un peu coupe-gorge mais en convivial et bon enfant, je pense que j'ai pas trop mal géré le truc... Mais reste pas là, viens t'installer au bar et me dire ce que tu veux que je te serve ! Et puis si mes clients me laissent deux minutes on papotera un peu, ça fait un bail qu'on s'est pas croisés !
Il repartit vers le bar de sa démarche boitillante, juste à temps pour voir partir Mr Yantreizh-Cola. Il le salua en lui offrant son sourire le plus amical. Les deux filles, Johanna et Felicia, semblaient apprécier leur boisson, même si la blondinette avoua préférer le whisky. Si elle continuait sur cette lancée, elle allait avoir du mal à finir la soirée. Heureusement, elle connaissait du monde dans l'établissement, quelqu'un pourrait la ramener jusque chez elle dans le pire des cas.
_ Excellent choix mon excellente demoiselle, rien de tel que l'alcool de céréales ! J'en ai environ une quinzaine de variétés différentes en stock alors hésitez surtout pas !
Une autre jeune femme particulièrement énergique, manifestement une connaissance de Bleuenn arriva au bar. Enfin une connaissance... Est-ce qu'elles étaient... ? Vu comme elle la serrait dans ses bras, c'était crédible. Elle annonça payer toutes les consommations de la rouquine... Fort bien.
_ Bonsoir mon excellente demoiselle, c'est bien noté et notre chère Bleuenn ne déboursera pas un sou ce soir ! Alors dites-moi, qu'est-ce que je vous sers ?
C'est à ce moment là que Johanna l'informa de l'intrusion de quelques Pokémon dans le bar. Lucian étouffa un juron et sortit de derrière le bar alors que les trois Spinda s'affairaient à semer le chaos. L'un d'eux s'était emparé d'un plateau de verres vides et le tenait en équilibre à une main au dessus de sa tête tandis qu'il avançait de sa démarche chaloupée. Par le miracle du Tempo Perso, les verres glissaient d'un bord à l'autre du plateau sans jamais en tomber. Les deux autres avaient piqué des verres pleins posés sur une table basse et tentaient de les amener à d'autres clients, cette fois à grands renforts d'éclaboussures. L'un d'eux renversa carrément sa pint qu'il tenait, mais le premier Spinda qui passait à côté à ce moment là fit une pirouette et récupéra la quasi totalité du liquide dans un de ses verres à lui. Lucian, qui arrivait d'un pas furieux, s'arrêta, interdit, et réfléchit un instant avant de prendre une décision.
_ Toi là, dit-il en désignant le plus adroit des trois. T'es engagé. Et vous deux vous êtes virés. Vous reviendrez quand vous serez suffisamment entraînés, en attendant, dehors ! fit-il en pointant la porte du doigt, aussitôt imité par le Spinda qu'il venait d'engager.
Alors que les deux oursons s'en allaient penauds, Lucian regardait avec admiration son nouvel employé qui ramenait un plateau plein en marchant carrément de travers, mais sans renverser la moindre goutte de liquide. C'est à ce moment que la porte s'ouvrit, et qu'une silhouette sombre se dessina dans l'encadrement. Elle fit un pas en avant et Lucian reconnut l'homme. C'était lui. Son rival. Sa némésis. L'homme qui avait mangé plus de marrons chauds que lui...
_ JAKE ! fit-il à pleine voix ! Jake est parmi nous ! Jake est là ! lança-t-il alors que tous les regards se tournaient vers le nouveau venu.
Il fixa l'air interdit du dresseur féérique et éclata de rire. La soirée venait de devenir vraiment intéressante.
Je l’avais croisé. Le regard de Lucian, d’un bleu lumineux, éclairé par son éternel sourire. Il m’avait même répondu avec entrain. C’était certes le même que pour les autres, mais… j’avais l’impression qu’il n’avait pas eu à se forcer. J’avais peut-être eu raison de venir, finalement. Je n’avais pas dû lui laisser un souvenir impérissable, mais cet homme à l’humour aussi naturel que sa démarche était boiteuse m’avait reconnue. C’était tout ce qui comptait pour moi.
Je m’avançai au comptoir et lui déballai ma phrase, soigneusement répétée en tête. Heureusement que j’avais pris cette peine, car sous le coup de l’émotion, je ne sus plus vraiment ce que j’étais venue faire dans ce bar. J’étais simplement heureuse d’avoir retrouvé une connaissance aussi plaisante. Et ce sentiment… était autrement plus bienfaisant que la tourbe dans laquelle je m’empêtrai un peu plus chaque jour.
Repoussant une mèche de cheveux vers l’arrière, je le regardai partir vers d’autres clients. J’espérais que les commandes cesseraient d’affluer pour pouvoir discuter avec lui. Est-ce que… c’était mal ? Peut-être qu’il ne valait pas mieux que je lui souhaite moins de chiffre d’affaires… j’étais un peu trop égoïste.
Suivant ses déplacements du regard, un jeune homme blond entra dans mon champ de vision. Dès que mes yeux plongèrent dans les siens, il bomba le torse et cria à pleins poumons ses salutations. Je sursautai… un peu trop expressivement : mon breuvage entre les mains s’agita, menaçant de quitter son récipient. Par chance, dans des mouvements désordonnés et précipités, je parvins à éviter de m’en renverser dessus en posant tant bien que mal le verre sur le comptoir.
Je soupirai : j’avais oublié qu’il était de tradition que les hommes abordent les femmes à ce genre de soirée. D’un côté, je lui en voulais d’avoir manqué de gâcher ma soirée avec ses manières… brutales. De l’autre, je souriais : se savoir encore désirable était plutôt agréable. D’autant plus que sans être le plus beau parti de la soirée, il ne s’en sortait pas mal. Je me retournai vers lui, sans verre entre les mains, et lui fis un signe qui se voulait amical. Je… je n’irai pas le voir, j’attendrai qu’il vienne. Il était peut-être trop aviné pour avoir les idées claires.
Je baissai le regard, replaçant machinalement une mèche derrière mon oreille. Même sans Ewilan, la soirée ne serait peut-être pas si catastrophique ? Je n’avais pas encore commis de gaffe, deux personnes avaient discuté avec moi… d’une façon ou d’une autre. C’était plus que ce à quoi je m’attendais en entrant.
Après avoir jeté une dernière œillade discrète au jeune homme, je retournai à ma boisson, contemplant ses couleurs. Avec ma paille, je touillai les liquides, jouant avec les reflets sur la table. Un léger sourire flottait sur mes lèvres.
« Impact... CHOUPINOVA !!!! »
Le cri me fit sursauter une fois de plus, mais c’est surtout le contact brutal dans mon dos qui m’acheva. Je manquai de perdre l’équilibre, avec une fois de plus mon verre. Je laissai échapper un couinement de peur en voyant le sol se rapprocher. Mais ma chute fut stoppée nette : les bras de mon agresseur m’enserraient avec délicatesse, rétablissant mon équilibre et mon assise. Petite chose coincée dans l’étreinte, je pus tout de même tourner la tête vers cet individu brutal qui…
« Ewilan ? »
Surprise, je rendis son embrassade à Ewilan, bien plus vigoureuse que la mienne. Même si je ne le montrai, perturbée par la suite illogique des évènements, j’étais sincèrement heureuse de la voir. A la voir à ce point attachée à moi, à tous les sens du terme, je sentis mon cœur se réchauffer. Ewilan était toujours là pour me soutenir. Comment avais-je pu penser qu’elle n’apparaîtrait pas d’un seul coup pour m’aider dans une situation un peu angoissante ?
« Tu as pu venir ! Installe-toi à côté de moi ! »
Je lui indiquai de la paume de la main le siège vide à côté de moi. Je ne m’étais pas attendue que ce fût Ewilan qui l’occupe. Je jetai une nouvelle œillade en direction de l’homme blond à la voix puissante : peut-être que lui serait venu ? Il restait une place à côté de moi, mais à deux, c’était peut-être trop intimidant, même pour quelqu’un qui nous abordait en s’époumonant. Un nouveau sourire flotta sur mon visage, sans que je m’en rende réellement compte.
Ewilan n’arrêta pas là les effusions : elle alpagua Lucian pour lui dire qu’elle prenait en charge toutes mes consommations. Je me mis à rire.
« Tu en fais trop, Ewilan ! Allez, commande-toi d’abord quelque chose ! »
Je la poussai de l’épaule vers le tableau des boissons affiché dans un coin. La soirée avait pris la meilleure des tournures possibles. Les ombres de mes appréhensions se dissipaient sous la lumière des cœurs bienveillants qui brillaient autour de moi.
La soirée battait son plein et la dresseuse passait un excellent moment. Le bar savait la faire replonger dans l'atmosphère de Galar et, l'espace d'un instant, elle se revit avec dix ans de moins ! Elle rit doucement en entendant la remarque d'Anty, et ne put se retenir de le taquiner un peu.
- C'est rare qu'un grand gaillard comme toi demande de l'aide ! Mais je vais te dire un secret : Je n'en sais rien non plus !
Elle se contentait de laisser la musique l'envahir et de se déhancher en rythme. Un coup de hanche à droite, les bras levés, son corps épousant la courbe du son... Elle ne ferait pas énormément de chansons à ce train-là, mais elle s'amusait vraiment. De temps à autre, elle tentait d'attraper les mains du jeune homme pour l'accompagner dans ses mouvements, mais elle évitait de se montrer trop entreprenante pour que ça ne soit pas mal perçu. Et puis, avec un partenaire aussi grand, elle ne passait assurément pas inaperçu, et elle ne voulait pas être la cause d'une chute quelconque ! Parfois, elle s'amusait même à faire quelques mouvements passés de mode, les doigts en V devant les yeux, passant l'un après l'autre en ce geste typique des années 80. Le morceau ne dura pas très longtemps, mais cela suffit pour que l'éleveuse soit essoufflée et les joues rougies par l'effort et la gaieté. Elle remercia chaleureusement le jeune homme pour sa danse et retourna au comptoir pour se rafraîchir, s'éventant un peu avec sa main. La soirée était encore jeune, mais la galarienne n'avait jamais aimé traîner trop longtemps dans les bars. Plus l'heure avançait, plus l'alcool montait et en désinhibait certains. Alors elle profitait encore un peu du calme relatif et de la bonne ambiance des lieux, et de l'excellente compagnie qu'elle y avait trouvé.
Pour le flamboyant, savoir être maitre de la situation était quelque chose de grande valeur, or là il se retrouvait dans un lieu qu’il ne connaissait point avec des coutumes propres à l’endroit. Il avait pour ultime conviction qu’il se devait d’être le plus bruyant afin que tous puissent largement profiter de sa puissance vocale pour le moins digne d’éloge. Pour le coup, les gens qui parlent, la musique qui prend place, tout ceci le laissait dans une étrange appréciation de l’évènement. Oh toute expérience était bonne à prendre et il était fort satisfait d’avoir poussé les portes du bâtiment. Il était toujours aussi fier et souriant qu’a l’accoutumée, laissant trainer son regard ici et là. Nombre de vas et vient, certains rentrait d’autre déguerpissez, ce qui était certain, c’est qu’il s’agissait d’un lieu à certain succès. Bien qu’il ne comprenne que difficilement l’intérêt pour une boisson visant à engourdir les sens il ne pouvait s’empêcher de penser que tout un chacun était ici pour prendre du bon temps.
Son regard passa dans la direction d’Anty, de Félicia et de leur tablée, bien que l’illuminé ne soit aucunement apte à saisir l’étendu du mépris à son égard par le colosse, il avait bien saisi qu’il ne souhaitait pas de son brouhaha pour l’heure et en tant que grande personne, il se devait de respecter son choix. Son sourire se porta sur son brave colocataire, toujours aussi adorable, il s’en alla saluer personne autour de lui, il se devait de faire de même. On ne peut pas dire que le gaillard soit le plus a même de concevoir le déroulement logique d’une relation visant à développer un lien qui, deviendra progressivement et inexplicablement amical... Aussi bien il saluait déjà chaque personne pénétrant dans le bar. Bruyamment mais avec le sourire. Personne ne lui disait rien donc cela devait être des plus correct.
L’une d’elle réagit à sa salutation de qualité, parce que oui, tous ne pouvaient avoir le courage de répondre à tant de charisme que celui de l’extravagant personnage à la couleur de cheveux douteuse. Il lui sourit chaleureusement et alors qu’il tournait la tête dans la direction du reste de la soirée un hurlement fort représentatif de ce qu’il avait l’habitude d’entreprendre se fit entendre. Le petit Helionceau sursauta même, pourtant il était des plus habitué avec pareil dresseur. Dresseur qui ne déclarait mot depuis un petit moment et généralement ce n’était pas bon signe. Le destructeur d’espace vital était pour ainsi dire un peu perdu, ce sont les quelques regards que lui lança la jeune rouquine qui lui font réaliser qu’il avait simplement à faire comme à son habitude... Squatter sans gêne et illuminer de sa présence la soirée de deux jeunes femmes.
Des lors il s’avança en direction de la tablée où il restait une place de libre, ne se posant pas la question de si sa présence serait appréciable ou non puisque le fait qu’elle le soit est un fait avéré et évident.
« Je vous en prie mesdemoiselles laissez-moi plutôt avoir le plaisir de vous offrir vos prochains verres. Oh.. Je me permets ! »
Il s’installa et leur offrit un charmant sourire dévoilant sa blanche dentition. Oh il ne draguait pas, pour tout vous dire je ne suis même pas réellement sur qu’il sache ce que le mot draguer implique.
« Et bien que puis-je donc faire pour rendre votre soirée agréable très chères, que vous ferait-il plaisir à boire ? OH Mais où sont mes manières ! » Toujours aussi théâtrale il posa une main sur son torse bombé et une autre un peu plus en l’air. « JE ME PRENOMME AARON BELGION, pour vous servir ! J’ai cru entendre que vus vous appelez Ewilan très chère ? Et vous ? As qui ais je l’honneur ? Je n’ai entendu que jolie demoiselle et bien que cela vous aille à Ravir je ne puis vous appeler ainsi pour le reste de la soirée ! »
Ou es ce qu’il a appris à parler ainsi ? Et bien il ne dévoilera pas tous les secrets de son enfance si rapidement mais le non contact social et la lecture à outrance de roman et légende datant d’autre époque n’aidait en rien sa manière d’agir. Le petit Helionceau miaula un instant à côté des deux jeunes demoiselles les saluant également.
Lucian se met à crier comme un dératé, ça fait presque sursauter le nouvellement promu Champion d'arène. Eep ! Heureusement, il n'y a que quelques personnes qui se tournent vers lui, et la plupart repartent immédiatement dans leur conversation, l'air de rien. Ouf ! Il soupire de soulagement. Lucian a du vouloir lui jouer un nouveau mauvais tour ! Pourtant, ils ont enterré la hache de guerre depuis le stand des marrons, non ? La carrière de blagueur de Jake avait été une unique tentative qu'il ne renouvelera pas, un one-man show unique. Il n'y a donc plus de raisons à leur "rivalité".
Méfiant, il s'approche donc du bar avant de prendre place sur un des tabourets.
Bonjour Lucian ! Je venais voir par curiosité quel genre d'établissement c'est, ici. Tu as visiblement un ravissement... bar ? Si je ne me trompe pas.
Jake regarde bien autour de lui, notant chaque détail. Tiens ? Pourquoi il y a deux Spinda qui ont l'air de pleurer ? Oh non, peut être qu'ils ont appris une mauvaise nouvelle...
Je ne bois pas d'alcool mais... je ne suis pas très difficile. Si tu as une limonaide ou n'importe quel type de sirop de baie, j'en prendrais bien un verre, s'il te plait. Baie pêcha, ma préférée.
Il sort alors son téléphone, pour préparer un message à Keaton. Son frère ainé a un projet en tête depuis quelques temps, celui de monter un café dans la ville. Peut être que venir au bar pourrait lui donner des idées ?
Hey, rejoins moi à la rue X y a un nouveau bar. Tu devrais venir voir.
Une fois son téléphone déposé, il peut reprendre les civilités et faire la discussion avec Lucian.
Alors ? Comment ça marche les affaires ? A part rendre des Spinda tristes...