Après lui avoir, par courtoisie, proposé de porter son carton, on s'est mis en route vers le Grand Envol. C'est … Ce truc qui ressemble aux Taxi Corvaillus non ? Je n'ai jamais utilisé leurs services. Je dois avouer que l'idée de payer pour un service qui est proposé gratuitement par les rangers me dérange un peu. C'est mon côté radin, je présume.
Alors que l'on avance vers cet endroit, je dois avouer que mon cerveau tourne a mille kilomètres par heure. C'est une situation étrange, et elle a l'air d'être de mon avis. Enfin, je pense que plutôt, c'est moi qui suis du sien. C'est bizarre, quelqu'un qui a du partir comme ça. Je suis un peu curieux du genre de personne que c'était, ce Jo. Pour posséder un casino, je dois avouer que je n'ai pas forcément une image positive de lui. Enfin, je ne sais pas si positif est le bon mot. Il ne me semble pas être une personne forcément très … du bon côté des clous. Je ne juge pas hein, je ne suis pas non plus forcément de ce côté là.
En tout cas, ça a l'air de travailler Johanna. Je reste près d'elle, sans non plus trop m'imposer. Je veux qu'elle sache que je suis là, si jamais elle a besoin. Je sais bien que … techniquement, on est pas vraiment amis, il est vrai. C'est la deuxième fois que l'on se voit. Mais je ne sais pas si c'est parce qu'elle est elle aussi de Galar, ou si c'est pour une autre raison, mais je me sens … Je sais pas. Elle a l'air d'être le genre de personne avec qui il est plutôt facile de devenir ami. Elle a une sorte de chaleur qui fait que … Je sais pas.
Enfin, bref. Peu importe, au fond. Une fois arrivés devant la porte du Grand Envol, je la laisse décider de quand elle poussera la porte du bâtiment. Pas question de lui forcer la main. Après tout, c'est son ami qui est parti. Pas le mien.
Une fois rentrés, je m’intéresse un peu à ce qu'il se passe.
« Tiens, on dirait qu'ils font une activité de Noël ici aussi. Tu voudras la faire ? »
J'espère qu'elle ne va pas se sentir obligée a cause du fait que bon, on est là pour faire la foire, tout ça. Je dois avouer que mes plans de m'amuser sont passés un peu au second plan. Là, ce qui m'interesse, c'est qu'elle passe un aussi bon moment que possible.
« C'est comme tu le sens. Si tu veux juste prendre ta lettre et partir, ça me va aussi. »
Je lui adresse un petit sourire. Vraiment, je ne veux pas qu'elle se sente obligée.
Plus la situation tournait et retournait dans la tête de Johanna, plus elle trouvait le départ précipité de Jo étrange. Il faudrait qu'elle lui écrive à l'occasion, ne serait-ce que pour lui confirmer qu'elle avait bien reçu son "colis". Aussi, le trajet jusqu'à Grand Envol fut étonnamment silencieux, et elle sortit de sa léthargie lorsque le jeune homme lui proposa de faire l'activité de la société de postes. Elle réfléchit un instant puis finit par hocher la tête. Après tout, elle n'avait rien à y perdre, n'est-ce pas ?
- Autant nous rendre utiles, oui ! Je dépose mon colis, je récupère ma lettre, et je suis à toi.
Récupérant le carton qu'elle avait honteusement laissé le jeune homme lui porter, elle se dirigea vers l'un des guichets et exposa rapidement la situation. A l'aide d'un gros scotch, l'employé de Grand Envol s'assura de sceller la boîte à ramener à la pension, et finit par trouver la lettre de Jo, tout en s'excusant de ne pas l'avoir remise à temps. L'éleveuse prit une minute pour la lire, fronçant les sourcils d'incompréhension, et finit par soupirer et mettre la lettre dans la poche de sa veste. Elle aurait tout le temps de la relire à tête reposée une fois de retour chez elle. Elle retourna ensuite voir son "date" du jour, s'efforçant de ne pas gâcher leur petite journée et lui faisant un sourire qui se voulait chaleureux, même si cette petite histoire imprévue avait légèrement terni ses émotions. Elle s'efforça toutefois de ne pas se laisser abattre, par égard pour Sterling qui n'y était pour rien et qui, d'ailleurs, tolérait plutôt bien ses humeurs ! Quelqu'un d'autre serait sans doute parti en voyant ce genre de choses.
- Alors, que faut-il faire ?
Il y avait une bonne pile de lettre sur les tables, toutes adressées au Père Cadoizo... De toute évidence, ils allaient devoir se reconvertir en Pères et Mères Noël pour aider à évacuer un peu de ce courrier de fêtes !
Hum. J'ai l'impression que quelque chose la dérange. Je crois l'avoir vu lire une lettre, mais je peux aussi me tromper. Je ne sais pas si c'est vraiment bien ma place, demander ce qui ne va pas. Si elle avait voulu m'en parler, elle m'en aurait parlé, je pense. Mais aussi, peut être qu'elle n'ose pas. Je lui rends son sourire alors qu'elle me pose une question.
« Il faut répondre aux lettres des gamins, je crois. »
Je me passe une main dans les cheveux. Ce n'est pas ce pour quoi je serai le plus fort, je pense. Mon écriture est … Je ne vais pas dire exécrable, mais je crois qu'on s'en approche, pour le coup. Peut être qu'une meilleure division des taches est à penser. Mais avant toute chose …
Je pose doucement ma main sur la sienne et caresse avec gentillesse la peau du dos de ladite main.
« Si tu veux, quand on aura fini, on pourra un peu discuter de … Tout ce qui s'est passé. Je suis là pour toi, okay ? »
Après tout, ce serait bien égoïste de ma part, ne pas lui rendre la pareille. Je serre légèrement sa main pour lui envoyer un peu de ma chaleur avant d'attraper un paquet de lettres, que je pose entre nous deux.
« Ce que je te propose, c'est qu'on se divise les taches. Je suis pas très bon écrivain malheureusement. Au contraire, même. Et comme tu as été prof, je présume que tu as une jolie écriture, non ? »
Je me retiens de dire que tout ce qui provient d'elle doit être forcément joli, parce que c'est quand même pas mal cheesy. Je pointe ensuite de la main toutes les décorations.
« Tu écris les courriers, et moi je m'occupe de les customiser, okay ? Comme ça, on est sur de faire plaisir aux gamins. Tu en penses quoi ? »
La raison du départ de Jo tracassait la jeune femme... Mais elle ne voulait pas que Sterling, qui l'avait gentiment accompagnée, en pâtisse pour autant. Aussi, elle s'efforçait de faire comme si ce n'était "pas grave", tout en se disant qu'elle aurait bien le temps de voir ça à tête reposée lorsqu'elle serait de retour à sa pension. Aussi, le geste du jeune homme la surprit, et elle resta un instant interdite, à ne pas vraiment savoir comment réagir. Elle finit par lui sourire gentiment, serrant brièvement sa main dans la sienne sans s'en rendre compte avant qu'il ne daigne la lui relâcher.
- Je suis sûre que Jo avait ses raisons. Je ne m'inquiète pas pour lui, il saura se manifester s'il le veut.
Ce qui était à moitié vrai, ceci dit : Le jeune homme n'avait jamais été très expansif ou très bavard, même si la dresseuse aurait beaucoup apprécié. A dire vrai, dans d'autres circonstances, elle se serait peut-être même beaucoup plus rapprochée de lui. Mais leurs activités respectives sur l'île en avaient décidé autrement. Se reconcentrant sur l'activité, elle jeta un regard de défi à son homologue galarien.
- Et puis quoi encore ? Tu rêves ! Je veux bien écrire, ça d'accord, mais il y en a au moins une ou deux auxquelles tu répondras toi-même !
Il pouvait bien lui faire la dictée, cela ne la dérangeait absolument pas, mais il n'allait pas couper à l'essentiel de leur tâche ! Prenant une première enveloppe, l'éleveuse la décacheta et en lut le contenu. Il s'agissait bien d'une lettre d'enfant, à l'écriture indécise et aux lettres pas totalement formées par endroits. La demande de cet enfant était très simple : Il souhaitait obtenir un pokémon qui doit "à lui" pour Noël, et qu'il pourrait élever sous la supervision de ses parents.
- Cet enfant-là veut un pokémon... Hum... Difficile de savoir ce que ses parents ont prévu comme cadeau. Tu as une idée ?
Elle ne voulait pas non plus lui promettre de l'exaucer sans en être certaine ! Ce serait un coup à ruiner le Noël de ce pauvre môme.
Il avait sûrement ses raisons, oui. Mais bon, partir comme ça, c'est quand même pas très cool, surtout que j'ai l'impression qu'il comptait pas mal pour elle. Après tout, j'en ai, malgré moi, déjà pas mal entendu parler de ce Jo. Enfin, c'est dans le passé maintenant. Facile a dire pour moi, j'en suis bien conscient, mais … Je ne peux pas dire grand chose d'autre. La seule chose que je peux faire, c'est la divertir autant que possible.
Elle n'est pas d'accord avec mon plan. Zut, mon projet de lui refiler le plus gros du boulot a échoué ! Bon, c'est pas vraiment ça que je pensais, mais bon. C'est vrai que je n'écris pas très bien et que je ne suis pas le plus littéraire des hommes. Ça, c'est certain. Elle me tends une lettre. Ainsi, un gamin veut un pokémon pour lui même pour Noël.
« Il indique son âge ? »
Je regarde rapidement la lettre. Bien sur que non. Après tout, le Père Noël, il a accès à toutes ces informations, normalement.
« Ouais, je crois que je peux trouver quelque chose. Par contre, je te préviens, je marmonne quand j'écris. Tu ne peux t'en prendre qu'a toi même, je t'avais proposé de t'occuper de ça. »
Je lui tire la langue avant de me mettre à écrire.
« Cher William. J'ai bien reçu ta lettre et te remercie de tes gentils mots. Un pokémon, comme tu le sais, est un être vivant. Penses tu pouvoir t'en occuper ? Comme tu le sais sûrement, je rentre souvent en contact avec les parents pour en savoir un peu plus sur les enfants a qui je fais des cadeaux. Un pokémon est une grande responsabilité, et peut être que tu es encore un peu jeune pour pouvoir t'occuper toi même d'un ami comme ça. Je ne peux pas te dire ce que je vais t'offrir, mais peut être que pour cette année, tu aura autre chose. Ce n'est pas grave. Je sais que tu va encore grandir et que si ce n'est pas pour cette année, tu pourra bientôt t'occuper de ton propre pokémon. Je te fais de gros bisous à toi et à toute ta famille. Papa Noël. »
Je me gratte ensuite le front. J'espère que le gamin ne va pas le prendre trop mal, mais il ne faut pas non plus oublier qu'un pokémon n'est pas un jouet.
Je regarde ensuite le petit tas de lettre et fait craquer ma nuque.
L'étape de la réponse à la lettre était peut-être la plus difficile de ce nouveau défi. L'enfant n'indiquait rien, si ce n'était son souhait de pokémon... Bon, et évidemment, une liste de ceux-ci, même si bizarrement, l'ancienne institutrice doutait qu'il puisse obtenir un onyx avant d'être majeur. Aussi, elle secoua la tête à la question de son homologue de Galar. Un léger rire lui échappa alors qu'il répondait à son mini-défi.
- Tu sais, je peux écrire pour toi ! Mais vas-y, tu sembles si bien lancé.
Une lueur espiègle dansa dans les yeux de l'éleveuse. A force de le chercher, elle allait finir par le trouver, et elle ne savait pas ce que cela pourrait déclencher... Mais elle était joueuse, à sa façon. Quand il eut rédigé le point final de sa réponse, elle réceptionna la lettre pour la customiser à l'aide de divers petits autocollants thématiques.
- Hé bien tu vois ? Ce n'était pas si terrible ! Aie un peu plus confiance en toi, Sterling.
... Oui, bon, c'était l'hôpital qui se foutait de la charité, mais elle se garderait bien de le lui dire. Prenant à son tour une autre enveloppe, elle en sortit une feuille rose bonbon d'une petite fille. La demande de celle-ci était assez simple : Elle voulait une grande maison de poupées. Aussi, l'éleveuse répondit tranquillement qu'elle aurait peut-être ce qu'elle avait souhaité si elle avait été suffisamment sage dans l'année, et que son cadeau était déjà dans la hotte du Père Noël, prêt à être livré... Elle tendit la lettre à Sterling pour la partie customisation et tendit la main pour en prendre une nouvelle. Que ce soit par inattention ou parce qu'elle était un peu distraite, la main de Johanna se posa sur celle du jeune homme alors qu'elle allait se saisir d'une lettre sur la pile. La chaleur de la paume du dresseur lui fit retirer brusquement la sienne : Avec l'ascenseur émotionnel qu'elle avait eu quelques instants auparavant et la température extérieure, les siennes lui semblaient aussi froides qu'un cœur de glace ! S'efforçant de cacher sa soudaine gêne, elle se réfugia dans sa mission en prenant une enveloppe sur une autre pile, qui manqua d'ailleurs de se casser la figure sur elle tant elle mit d'entrain à l'attraper.
Elle a raison, il faut que j'ai un peu plus confiance en moi. Enfin, ce n'est pas exactement vrai. Enfin, pas d'une façon générale. Je pense que, en moyenne, j'ai une quantité de confiance en moi supérieure a la moyenne. Juste, dans les sujet que je maîtrise moins, c'est …
Enfin, peu importe. Je ne suis pas là pour faire de la poésie sur mes forces et mes faiblesses ou faire preuve de philosophie. Les mots que l'on échange ne sont pas si profonds. Elle me tends une lettre pour que le décore un peu. Bon. Au vu du nom, il semblerait que ce soit une lettre pour une fille ou un garçon avec des parents plutôt cruels. Oh, il y a un sticker avec un Cadoizo qui fait un pouce vers le haut. Ça me plaît bien ça. Je le retire de la plaquette et le colle avec attention sur la lettre avant de ranger le courrier dans l'enveloppe et le ranger parmi les courriers gérés.
Alors que je vais pour prendre une autre lettre, ma main rentre en contact avec celle de Johanna. Oh, elle a froid aux mains, dis donc. Vous savez ce que l'on dit, non . Mais froides, cœur chaud. Je glisse rapidement mon regard vers elle et remarque qu'elle semble un peu gênée. C'est presque mignon. Je lis la lettre à laquelle je vais devoir répondre. Un gamin qui demande une surprise pour Noël. Dans ma tête, c'est soit parce qu'il a déjà trop de choses, soit parce qu'il sait qu'il ne vit pas dans le genre de famille pour qui le Père Noël est forcément généreux. Je m’efforce de lui répondre le mieux possible, mais, en même temps, je glisse doucement ma jambe pour que mon genou rentre en contact doucement avec celui de la jeune femme. Plutôt que de fuir le contact, je vais le conserver, tout en lui jetant des regards discrets pour voir sa réaction.
Petit à petit, les piles de lettres se rétrécissaient. Parfois, certains échanges avec Sterling donnaient lieu à un léger rire de la part de l'ancienne institutrice, qui semblait passer réellement un bon moment. Tant et si bien qu'elle ne remarqua presque pas qu'il recherchait son contact... Ou plutôt, elle s'en rendit compte, mais choisit de faire l'ingénue. Elle enchaîna avec d'autres enveloppes en sollicitant toujours Sterling et en essayant de lui donner des idées aussi. Jusqu'à... Ce qu'elle tombe sur une lettre qui la rembrunit un peu. Il s'agissait d'un petit garçon dont les parents biologiques étaient morts pendant le Cataclysme. Il était sur Ankora avec un tuteur, un oncle éloigné. Et comme tous les orphelins du monde, il demandait au père Cadoizo de revoir ses parents. Elle se recula un peu dans sa chaise, la lettre dans les mains. Elle la relut plusieurs fois, sans vraiment savoir comment faire. Finalement, les lèvres pincées, elle se tourna à nouveau vers son homologue de Galar.
- Ce gamin... Il veut revoir ses parents morts dans le Cataclysme...
Le poids de la tragédie semblait être tombé comme une chape de plomb sur les épaules de l'éleveuse. Elle posa le message à l'écriture enfantine sur la table et croisa les bras sur sa poitrine pour réfléchir. Cela faisait écho à ce qu'elle avait elle-même vécu... Mais dans l'autre sens. Dans le fond, n'était-ce pas là également l'occasion de se pardonner à elle-même, entre autres miracles de Noël ?
- J'ai une idée de réponse, mais... Peut-être que ça fera bien trop kitsch... Je ne sais pas. Quelque chose comme "Tes parents seront toujours avec toi, dans ton cœur et dans tes souvenirs". Mais c'est un peu morose pour une réponse du père Noël, non ?
Et même si ils l'habillaient avec autant de stickers colorés qu'en contenait la planche devant eux, elle doutait que cela fasse passer la pilule facilement... Il n'y avait pas réellement de "bonne" réponse, en réalité. Les deuils avaient toujours besoin de temps pour se faire, et il était facile d'imaginer que pour un enfant, cela pouvait prendre bien plus de temps.
Malgré ses non réponses a mes tentatives d'initier un contact – que je calme assez vite, parce que je suis plein de choses, mais un mec chelou collant n'en fait pas partie- on passe un bon moment. Cette activité me permet de découvrir d'autres facettes de la jeune femme. Son côté plus intellectuel, plus posé. Si j'avais eu une instit comme elle, peut être que j'aurai passé plus de temps à l'école, au final.
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin, et je peux physiquement voir que quelque chose ne va pas avant qu'elle n'explique pourquoi. Un gamin qui veut voir ses parents morts. Maintenant que l'idée m'est venue a l'esprit, je suis même surpris qu'on ait pas eu ce genre de courrier plus tôt. Je comprends pourquoi elle s'est sentie si soudainement mal. Pour moi, la mort reste un concept plutôt étranger. Je fais partie de ceux qui ont eu la chance de ne jamais encore croiser son chemin. Enfin, techniquement, j'ai une grand mère qui est morte après ma naissance, mais j'étais tout bébé, donc ça ne compte pas vraiment.
Je repousse ce que j'ai devant moi et m'approche d'elle pour lui retirer doucement la lettre des mains. Je crois que c'est quelque chose qu'il vaut mieux que je fasse moi même. J'en profite pour lui presser doucement les mains en essayant de lui transmettre tout mon soutien. Une fois la lettre sur la table, je me passe la main dans les cheveux.
« Je pense que le mieux à faire, déjà, c'est de ne pas mentir. Lui dire que le père Noël, il peut pas faire ça. »
C'est pas facile, parler de ça à un enfant.
« Après... Je sais pas hein, je suis totalement étranger à ce genre de problèmes, et j'espère que ça va durer aussi longtemps que possible, mais … C'est pas un peu dur a porter de se dire que ses parents sont toujours avec soi ? »
Je ne sais pas si je m'exprime correctement.
« Genre … Si il porte toujours sur lui le poids des morts, il va pas vraiment pouvoir devenir sa propre personne, non ? Enfin, peut être que c'est un peu trop compliqué pour un gamin. Déjà que moi, je sais pas comment je réagirais. »
J'attrape un crayon.
« Je sais. »
Je commence a écrire, et comme d'habitude, je marmonne en écrivant.
« Cher Hideki. Je te remercie de m'avoir écrit, mais, malheureusement, ce que tu me demandes, ce n'est pas quelque chose que je peux faire. Cependant, je peux te donner un petit conseil. Tes parents, même si ils nous ont quitté, sont toujours disponible si tu as besoin d'eux. Il te suffit de penser à eux, et tu sentiras leur présence. Ne t'inquiète pas, tu aura quand même d'autres cadeaux, j'ai toujours beaucoup d'idées pour les cadeaux tout ça »
Je marque une pause.
« Il y a un cadeau que tu peux te faire a toi même. A chaque fois que tu te sens tristes, dis toi que tes parents aimeraient te voir heureux et épanoui. La meilleure chose que tu peux faire, c'est essayer d'être heureux et de vivre une bonne vie en leur honneur, même si tu as le droit d'être triste de temps en temps. Moi et les Cadoizos on t'aime très fort et on te fait plein de bisous. »
Je me demande si j'ai écrit ça pour le gamin ou pour moi, au final. Je pose le crayon.
« Je crois que ce sera la dernière lettre pour moi. »
Le sujet était difficile et la question, épineuse... Pourtant, même si la jeune femme voulait s'en sortir toute seule, elle put compter sur le soutien du jeune homme avec qui elle passait la soirée. Elle le regarda longuement alors qu'il prenait les choses en main, lui offrant un sourire timide.
- Je... Je peux le faire, tu sais ?
Sa phrase manquait peut-être encore un peu trop de conviction... En tout cas, le jeune homme finit par trouver une idée de texte qui lui paraissait plutôt convaincante. Néanmoins, elle pouffa légèrement en entendant ses considérations. Pas pour se moquer, non, mais... Tendrement ? Oui, c'était ça. Elle trouvait cela infiniment mignon.
- Je ne pense pas qu'à l'âge d'écrire encore au Père Noël, on se pose autant de questions, en effet ! Je ne pense pas que ce soit dur à porter, moi... Plutôt que de porter le poids de leur mort, en fait, il porte la joie des souvenirs. On se souvient toujours des bons moments, surtout quand les personnes ne sont plus là. Enfin... On essaye, du moins.
Finalement, une fois qu'il eut terminé la dernière lettre, ce fut à son tour de poser sa main sur la sienne. Elle lui fit un sourire qui se voulait amical, puis elle termina la customisation à son tour, une main toujours posée sur celle de son date du soir. Enfin, le papier plié termina dans une enveloppe scellée, puis elle regarda une nouvelle fois le jeune homme.
- On devrait rentrer, non ? Je crois qu'on a déjà fait pas mal de lettres.
Elle tapota la pile d'enveloppes prêtes au retour devant eux, puis fit signe au postier de Grand Envol pour qu'il vienne prendre le fruit de leur labeur commun. Elle se leva ensuite, prête à suivre le jeune homme chez lui, ainsi qu'il le lui avait proposé un peu plus tôt... Les joues légèrement rosies à la perspective de ce rendez-vous qui finissait un peu différemment qu'un simple tour dans les jeux de la foire d'hiver.