Jour de fête à Ankora, tout le monde profitait des festivités durant ce moment de paix. Il fallait en profiter tant qu’on le pouvait encore. Mei s’était rendue seule pour une fois dans ce lieu, elle faisait le tour avec son Grimalin qui lui se contentait de dévorer une pomme d’amour bien méritée après un entraînement intense dans les Grivalpages.
Telle une rose aux couleurs sanglantes, on pouvait voir Mei avec les cheveux détachés habillée d’une robe en pull rouge, comme la couleur de ses yeux. Marchant avec des bottines à talons, elle contrastait avec le décor blanchi et les stands en bois. On pouvait la repérer de loin.
Mais pour une fois, c’est elle qui repéra en premier deux compagnons de voyage. Elle vit Hiroki et Ambroise côte à côte, en train de marcher dans la foire. Ils se connaissaient ? Peut être qu’ils étaient cousins, ou amis OU AMANTS ! Les questions multiples arrivaient dans la tête de la jeune dame, qui ne put s'empêcher d’avoir une pensée quelque peu osée. Cependant, une occasion beaucoup trop belle et rare se manifestait et il fallait en profiter.
Voulant les surprendre, souhaitant éviter de se faire repérer à cause de son parfum, sa tenue ou son Grimalin, Mei arriva par derrière et prit le bras de chacun des hommes. Tout sourire, avec un jeune élégant bipède à chaque bras, puis commença à marcher avec eux. Telle une petite fille gâtée et pleine d’innocence, Mei riait à l’idée de traîner ces deux énergumènes un peu partout. Même si elle était clairement plus petite que les deux hommes, elle faisait de son mieux pour ne rien lâcher, limite à essayer de faire suspendre comme les enfants pouvaient le faire avec leurs parents.
“Bouh ! Faites comme-ci j’avais toujours été là ! Allez c’est parti ! “
Même le Grimalin avait décidé de rejoindre la farce et sauta sur l’épaule d’Ambroise et continua de manger sa pomme d’amour tranquillement. Pointant du doigt l’horizon l’air de dire “On y va !”.
L’exploration de Bourg Asque continuait sans faillir. Après avoir fait un tour du coté de la radio, Hiroki s’était laissé entrainé dans la plaisante et reposante exploration de la ville pour découvrir chaque petite animation que celle-ci lui réservait ainsi que les stands qui n’allait pas manquer de l’allécher avec toutes leur chaleureuses friandises.
Tous lui faisaient envie, mais ce fut une gaufre nappée de caramel qui le fit finalement craquer et qu’il savourait désormais lentement tout en continuant sa petite exploration dans laquelle, pour une fois, il ne risquait pas de rencontrer beaucoup de Pokémon, qu’importe, chaque lieu avait ses propres trésors, et pour cette période, la petite bourgade en recelait une multitude.
Il y avait beaucoup de monde également, beaucoup d’inconnus, mais alors qu’il poursuivait ses déambulations et venait tout juste de terminer sa friandise, il reconnu au détour d’un stand un ancien compagnon de mission qu’il avait justement côtoyé dans le sous-sol de la cité : Ambroise Barthelemy qui semblait avoir tout comme lui succomber à la curiosité des stands :
- Hey ! Ambroise c’est ça ? C’est Hiroki Hara, je ne sais pas si tu te souviens, on s’est occupé d’un Tadmorv ensemble.
C’était un bien étrange souvenir à évoquer, mais il était si singulier qu’il était difficile de l’avoir oublié. Il interrogea ainsi le dresseur pour savoir ce qu’il faisait dans le coin, même si c’était évident, et s’il avait aperçu des choses intéressantes. Le cadet du duo pour sa part, évoqua le stand de pain d’épice ou il avait fait une longue halte ainsi que certains chalets qui avait retenu son intention par l’originalité des produits qu’il proposait. Il n’avait encore rien acheté pour le moment, n’ayant cédé pour rien d’autres que la gaufre qu’il avait achetée plus tôt et, pour se montrer aimable, il proposa à son interlocuteur de prendre un verre de vin chaud pour qu’ils puissent continuer de discuter tout en marchant encore un peu. Juste le temps de partager quelques politesses et éventuels bons tuyaux mais bien entendu, il n’allait pas non plus monopoliser le temps de l’unysien qui avait peut-être d’autres projet dans l’immédiat.
Cependant, alors qu’ils passaient devant d’autres stand encore et s’enfonçaient plus profondément dans la zone commerciale, Hiroki senti soudainement une main qui se glissa autour de son bras et le fit brusquement tourner la tête afin de découvrir une Mei Hanabi qui semblait avoir surgi de nulle part :
- Qu…
Avant qu’il ne puisse formuler quoi que ce soit, l’ingénue demoiselle lui avait demandé de faire comme si elle avait été toujours là et, après avoir adressé un regard interrogateur à Ambroise pour s’informer de comment il prenait la surprise. Il jeta subrepticement un regard en arrière pour vérifier si par hasard une personne louche ne les suivait pas.
Pour une raison ou une autre, Mei cherchait peut-être à échappé à quelqu’un et avait vu là une belle opportunité de s’offrir deux protecteurs. Mais son attitude guillerette, ainsi que celle de son Grimalin laissaient plutôt présager qu’elle avait juste voulu leur faire une petite surprise. Est-ce que cela signifiait qu’elle connaissait Ambroise elle aussi ? Est-ce qu’il y avait des gens qu’elle ne connaissait pas sur cette île au fond ?
Un petit roulement des yeux vers le ciel, et le voilà qui secouait lentement la tête pour réaction finale :
- Ha la la… ou espères-tu donc nous emmener ?
Légèrement réprobateur, Hiroki s’était néanmoins montré souriant à la fin de sa phrase, sa tête légèrement penchée pour jauger la demoiselle incrustée entre lui et son ancien compagnon de mission. Bien entendu, il était heureux d’avoir vu arrivé Mei, difficile de ne pas l’être en compagnie d’une personnalité aussi pétillante. D’ailleurs, en plus du plaisir qu’offrait sa jolie frimousse et son parfum, une autre odeur vint se même à l’affaire. Une odeur alléchante, que l’on avait envie de remonter à la source.
Notre action prend place dans l’une des allées du Marché de Noel de Rive-du-Rêve, plus précisément dans sa section commerciale. Ambroise s’y était rendu afin de préparer quelques cadeaux, d’une part pour des membres de sa famille, d’autre part pour les membres de son équipe. Dans ces circonstances, il croisa deux visages familiers. L’un d’eux lui rappela immédiatement une certaine mission, l’autre une série de simagrées.
« Salut, Hiroki ! Oui, je me rappelle de toi et de ce Tadmorv, ne t’inquiète pas », répondit Ambroise en hochant légèrement la tête.
Hiroki Hara s’était révélé un compagnon de mission assez professionnel au cours de leur descente dans les égouts de Bourg-Asque, durant laquelle ils eurent une brève occasion de se connaître. À première vue, une personne respectable, discrète, soucieuse de rigueur, capable d’agir avec logique et discernement, et maîtresse de soi-même. En somme, une personnalité équilibrée.
En revanche, le portrait qu’Ambroise dresserait d’Hanabi Mei était bien différent. Agitée, passionnée, flamboyante, consciente de ses charmes, ingénue aux premiers abords, mais retorse, facétieuse par goût et par tempérament, elle lui faisait vraiment l’effet d’un personnage de bande-dessinée ou d’une actrice de théâtre par ses grands gestes et sa grandiloquence. En résumé, une grande enfant.
D’ailleurs, elle ne manquait guère l’occasion de se trouver quelques jouets avec lesquels elle tromperait l’ennui. À cela, Ambroise arqua un sourcil, partageant lui aussi l’infime nuance désapprobatrice contenue dans l’intonation d’Hiroki. Il était, pour un homme majeur habitué à disposer d’une cohorte de domestiques, délicat d’approuver les caprices d’une donzelle, si agréable à l’œil fût-elle. L’apparition de son Starter, Jojo, un Grimalin qui faisait manifestement une fixette à son égard, présageait du ton de cette réunion entre connaissances, placée sous le patronage d’un petit démon réputé pour sa bienveillance, sa mesure et, vous le savez bien, pour son tempérament parfaitement ordonné, aligné. À ce sujet, Ambroise gardait à son endroit des griefs, il avait sa vendetta, en d’autres termes ! Mine de rien, l’Unysien était patient vis-à-vis des enfants. Cependant, dans son cas, il devait sévir afin de protéger son honneur. Hé. Il mit ainsi à l’exécution sa vengeance implacable.
Jojo fut ainsi saisi et maintenu contre son torse. Le gobelin, immobilisé, subit de plein fouet un… « shampooing », c’est-à-dire qu’Ambroise positionna sa main au-dessus de son crâne imberbe, avant de faire tournoyer sa paume dessus. En s’amusant avec ce jeune diablotin, le natif d’Unys songea que n’ayant ni frères ni sœurs, il n’a jamais vraiment connu ces querelles enfantines, ces « chamailleries », propres aux nichées nombreuses. Naturellement, il libéra assez vite Jojo, lequel restait un enfant, mais ce dernier savait à présent qu’il valait mieux ne pas s’exposer au courroux du Dragon à l’avenir.
« Mais où est-ce que tu nous emmènes au juste, Mei Hanabi ? » demanda Ambroise en arquant un sourcil, la voix, le ton et l’expression perplexes. La jeune femme était sujette aux petites lubies passagères, après tout. Bien qu’il se doutait, au regard de la direction prise par leur petit groupe, que le fruit de ses désirs prenait la forme d’une gourmandise.
Le Grimalin avait subi le courroux d’Ambroise, pendant qu’il se faisait torturer, le Grimalin tenta d’appeler sa dresseuse à l’aide en la regardant despérément. Mais Mei n’en fit rien et se contenta de lui tirer la langue discrètement. Quand il fut libéré, il courut immédiatement sur l’épaule d’Hiroki, espérant cette fois un traitement plus clément. Il regardait Ambroise du coin de l'œil, craignant le moindre de ses mouvements. Cette petite altercation faisait rire la femme de Jotho.
Le groupe marcha pendant quelques minutes, pendant lesquelles on pouvait voir Mei s’amuser comme une gamine à mener le groupe à droite à gauche, s’arrêtant parfois brusquement car elle avait vu quelque chose qui l’intéressait, ou accélérant juste pour ennuyer ses deux comparses. N’hésitant pas à exclamer ses observations, par des “OH REGARDEZ….nan rien en fait, allez on y va” et autres expressions du genre tout aussi agaçantes les unes des autres.
Elle avait fini par amener le groupe avec ses deux petits bras devant un stand de dégustations de marrons. En voyant cela, ses yeux de rubis commencèrent à s’illuminer, pétillant avec envie. Une estrade avec le panneau “Concours de dégustation” avait attiré son attention.
“Là, je veux bien m’arrêter ! Regardez ! Dégustation de Marrons ! “Mangez autant que vous le pouvez.”, c’est parfait ! Le dernier arrivé est un Chenipan ! “
Un rire sournois pouvait s’entendre de la part de la Jothoïte. Qui tira de plus en plus fort les deux hommes avant de lâcher son emprise et de trottiner vers l’estrade et de s’adresser au personnel. Ne manquant pas de regarder les deux hommes en s’esclaffant.
“Trois personnes s’il vous plaît” A peine avait-elle sorti cette phrase que le Grimalain appela sa dresseuse, soupirant un coup, Mei se corrigea. “ Trois et demi pour mon petit pokémon en fait. Merci beaucoup !”
Il ne manquait plus qu’à s'asseoir et attendre qu’on vienne les servir. Assise sur une table de quatre personnes, elle avait pris le côté vide pour s'asseoir au milieu, ayant les deux hommes en face d’elle. Elle avait fait ça par pure stratégie et mesquinerie, afin de pouvoir leur donner des coups de pied au cas où elle se faisait dépasser. Vicieuse jusqu’au bout, mais qu’avec les personnes qu’elle appréciait. Le Grimalin avait pris place directement sur la table, du côté de sa dresseuse, sa petite taille le lui permettait et regardait à droite à gauche attendant patiemment sa nourriture.
Les familiarités que se permit Ambroise avec le Grimalin de Mei, Jojo, acheva de convaincre Hiroki, s’il en avait besoin, que ce dernier connaissait bien sa compagne habituelle et les vilains tours du petit lutin rose. La pauvre bête en effet, réagit plutôt bien au traitement qui lui a été réservé, tout comme sa dresseuse et lorsque le farceur fila trouver refuge auprès de du jeune homme, celui-ci lui adressa un petit regard désolé, accompagné d’un petit sourire mutin.
C’était donc parti pour une petite visite des stands de Bourg Asque en trio. Pourquoi pas ? C’était très certainement bien plus amusant à faire en groupe que seul. De plus, Mei, qui s’était improvisée meneuse de la troupe, ne manquait pas d’enthousiasme pour cela et faisait même preuve d’une véritable hyper activité qui faisait souvent plaisir à voir, même si l’on devinait assez souvent qu’elle multipliait les aller retours à desseins, pour embêter ses deux compagnons. Hiroki se retrouvait à soupirer parfois, mais le plus souvent, il rigolait et ne manquait pas de taquiner la demoiselle par de petite pression du bout des doigts au creux de ses hanches, lorsqu’elle exagérait un peu trop.
Finalement toutefois, ils arrivèrent à l’origine de la bonne odeur qu’avait perçu le jeune homme : un stand sur lequel s’organisait des concours de mangeurs de marrons. Hiroki n’était pas spécialement un gros mangeur, mais il avait du mal à imaginer que ce soit également le cas pour Mei et Ambroise, donc pourquoi pas, ils pourraient être sur un pied d’égalité là-dessus. Mei d’ailleurs, n’avait pas dû prendre le temps de beaucoup y réfléchir et avait avant tout fait parler sa gourmandise, puisqu’elle s’était précipitée sur l’estrade pour les inscrire tous les droits en ayant manqué de les faire trébucher l’un contre l’autre dans le processus.
Elle s’en était tiré avec un petit regard assassin de la part de son ami avant qu’il ne se retrouve tout trois installé autour d’une table pour se défier l’un l’autre, enfin trois, trois et demi plutôt puisque Jojo était aussi de la partie. Pour sa part, le représentant d’Hoenn avait décidé de conserver ses Pokémons dans leur réceptacle, car il ne pensa pas qu’aucun d’entre eux aimerait spécialement les marrons. Yui était une gourmande, mais elle aimait des plats plus… riche en fer :
- Bon hé bien… que le plus gourmand gagne.
Lança-t-il sur un ton amusé alors que son regard filait en direction des cuisines improvisées pour voir s’ils allaient devoir attendre longtemps avant de gouter aux premières châtaignes. Il semblait que non, mais il remarqua néanmoins quelques Pokémons dans les parages. Des partenaires des animateurs ? Il l’espérait car ça faisait planer le doute sur l’hygiène générale du stand. Après, pouvait-on vraiment être tatillon à un concours du plus gros mangeur ?
Voici une idée bien saugrenue : mangez des marrons chauds à volonté et autant que vous pouvez. Le Topdresseur crut délirer ! Elle avait emmené ses deux amis seulement pour se remplir la panse ? Non, il devait y avoir une subtilité, un mobile, un motif derrière tout cela, un projet, un plan, une stratégie, une machination diabolique imaginée par une grande enfant aux petits yeux fins et vicieux, à l’image du Gremlin qui faisait office de compagnon, et qui jouait le rôle de la victime après son châtiment. Ambroise arqua un sourcil, celui de gauche. D’ailleurs, il ne manqua nullement l’occasion de pousser un soupir franc en la voyant accélérer subitement devant l’estrade avant de les lâcher tous d’eux, d’un seul coup. Vieille habitude transmise par le sang kalosien qui coulait dans ses veines, le natif de Volucité ne se priva pas de l’occasion de râler. Quand même.
Du reste, en tant que met, les marrons n’étaient pas spécialement désagréables. En fait, leur goût laissait Ambroise indifférent. Ni dégoûtant ni infect ni délicieux ni appétissant. Cela fondait dans sa bouche, et puis, c’est tout. Néanmoins, l'esprit de la compétition saisit très vite l'Unysien. Il devait gagner. Coûte que coûte.
« En effet, que le plus gourmand gagne… fit-il en voyant un groupe de serveurs s’approcher au loin, munis de plusieurs assiettes aux contenus on ne peut plus abondants. Et spéciale ovation pour les futurs kilos en trop de Mei Hanabi », ajouta-t-il d’un ton faussement acerbe et rancunier en se positionnant de profil, avant de se fendre d’un sourire carnassier, qui faisait la part belle à ses canines proéminentes. Autant assumer une difformité anatomique jusqu’au bout. En soulignant les calories excessives contenues dans ces fruits de la forêt, il inciterait peut-être, qui sait, la jeune femme à la modération.
Lorsque les serveurs présentèrent enfin les plats, le jeune homme échangea alternativement un regard avec les deux autres compétiteurs, puis reprit la parole, l’intonation plus cavalière et narquoise qu’autre chose.
« Eh bien, honneur aux dames, je suppose. C’est l’hiver, elle doit faire des réserves. »
Il se saisit peu après de sa fourchette.
Le Pokégroupe, origines / Ambroise Barthélémy
Dernière édition par Ambroise Barthélémy le Sam 26 Déc - 17:56, édité 1 fois
Le concours venait de commencer, ni une ni deux, Mei mangea ses marrons chauds quasiment en les gobant et les avalant rapidement, pour faire passer la chaleur, elle s’en sortait bien au début, mais au bout de deux minutes, la température monta dans son corps un peu vite et elle dût prendre une pause. La bouche et la gorge en feu, elle prit de l’eau et buvait rapidement pour rattraper son retard. Même si elle savait que boire beaucoup d’eau remplissait vite l’estomac, la victoire était plus importante que tout.
Son Grimalin, Jojo, s’en sortait à sa manière. Il se contentait de manger tranquillement ses marrons, les jetant et les laissant atterrir dans sa bouche.
Voyant ses concurrents se débrouiller (du moins selon elle, ne faisant pas attention dans la précipitation si ses adversaires s’en sortent ou non), elle essaya de se rincer la bouche avant de recommencer à manger les marrons, soufflant dessus pour en dissiper la chaleur. Le moins qu’on puisse dire, c’était que l’odeur et le gout se mariaient parfaitement. La dame humait chaque instant avec plaisir et adorait particulièrement chaque bouchée. Comme des friandises qu’on aurait chauffées et moelleuses à point.
“Ché bon mé ché cho.” disait-elle en mâchant le plus de marrons possible.
Les plats étaient disposés devant chaque compétiteur, il était désormais temps de passer à la dégustation. Ou plutôt à la gloutonnerie. Avant cela néanmoins, Hiroki à jeter à son voisin de table à regard curieux, sourcil haussé quand il lança quelques piques à l’intention de leur amie commune. Il n’y allait pas de mains mortes en pointant un sujet potentiellement sensible pour la jeune femme, mais un regard dans sa direction lui fit comprendre qu’elle n’y accorda pas la moindre attention. Elle était, soit habitué à ce genre de blague, soit trop concentré sur son objectif de victoire, dans tous les cas ce n’était pas le cas du jeune homme qui avait conservé d’Ambroise une image plutôt sérieuse ou propre sur lui.
Possible que Mei ait réveillée chez lui une facette plus piquante, ou alors qu’à force de l’avoir taquiné, il soit devenu plus corrosif en retour. Dans tous les cas, si la jeune femme ne s’y était pas arrêté, il ne le ferait pas non plus, il avait lui aussi un concours à gagné et d’ailleurs, une fois de plus, c’était Ambroise qu’il zyeutait discrètement, car il le considérait comme son principal rival. Grave erreur sans doute, car à peine de début des hostilités avait-il été sonné que leur concurrente s’était mise à avaler ses premiers marrons avec une rapidité surprenante.
Hiroki pour sa part, avait choisi de commencer avec prudence, tâtant d’abord les marrons pour vérifier la chaleur émanant de leur coque pour ensuite commencer à en ouvrir un premier pour le manger. Mei avait dû en avaler cinq foi plus alors qu’il avalait juste ce premier, et il se dit donc qu’il fallait qu’il accélère nettement la cadence. Néanmoins, il allait s’y prendre autrement pour éviter de se bruler la langue ou le palais et préféra opter par l’ouverture d’une dizaine de marron afin de laisser le temps à leur cœur de refroidir avant de les manger. Dans d’autres circonstances, il aurait pris le temps d’ouvrir chaque marron présente dans son assiette, mais il n’oubliait pas à qui il avait affaire et un coup en traitre pouvait très bien faire s’envoler les fruits qu’il s’était échiner à ouvrir avant de les manger.
De cette manière, il pu rattraper le retard qu’il avait prit et même aller au-devant de la performance de l’ingénue Jothoïte, mais attention, il ne fallait pas crier victoire trop vite, car il imaginait bien qu’elle n’allait pas se laisser faire puisqu’elle continuait à reprendre de grande bouchée de marrons en faisant fi de toute son élégance habituelle. Et surtout, elle n’était pas la seule qu’il devait surpasser et concernant la performance d’Ambroise, il était plus difficile pour lui de l’apprécier depuis sa position.
Les piques adressées à la jeune femme ne suscitent pas l’effet recherché. Tant pis, Ambroise haussa les épaules, puis arqua un sourcil, perplexe, l’air de signifier son incompréhension face à tant de réserve soudaine. Enfin, passons outre ces peccadilles qui ne méritent pas qu’on s’y attarde ! Dans l’immédiat, une affaire plus urgente monopolisait son attention : les fameux marrons chauds.
D’après Mei, ce repas était délicieux, mais brûlant. Les manières d’Hiroki, lequel privilégiait la prudence visiblement, abondaient en ce sens. Aussi, Ambroise jeta son dévolu sur une méthode particulière, quoiqu’il fût absolument profane en la matière, n’ayant jamais vraiment concouru à ce type de compétitions – souvent funestes au demeurant, d’après ce qu’il put entendre.
Au lieu d’accélérer la cadence en consommant un maximum de ces fruits de la forêt, le natif d’Unys les avala au compte-gouttes, avec modération et parcimonie, dans un premier temps afin de s’acclimater à leur goût et leur chaleur, avant d’accélérer progressivement le rythme, rythme entrecoupé par de subites baisses de régime (ndlr : le jeu de mot est effectivement lamentable). C’était indéniablement une stratégie contestable dans la mesure où elle impliquait – à première vue – deux lourdes conditions à réunir pour réussir : premièrement, il fallait maintenir une grande régularité. Deuxièmement, il fallait également parier sur le découragement de ses concurrents, témoins de son implacable voracité. Ce ne sera pas une mince affaire, mais il ne pouvait être exclu d’espérer.
« Alors, vous y arrivez ? » demanda Ambroise d’un ton cavalier en s’essuyant tranquillement la bouche avec une serviette aussi blanche que la neige qui maculait le parterre de la rue d’en face.
En principe, son plus grand concurrent devrait être Hiroki pour des raisons on ne peut plus évidentes, mais – encore une fois – il n’était pas impossible que Mei les surprenne.
Cherchant à s’empiffrer le plus rapidement, Mei se débrouillait comme elle pouvait en essayant de manger malgré la chaleur et le fait qu’elle commençait à transpirer dû à l’exercice un peu dangereux auquel elle se prêtait. Cependant, elle commença à légèrement tourner de l’oeil et à ne plus mâcher correctement, ayant la bouche littéralement pleine de marrons chauds.
Il n’en fallut pas plus pour deux pokémons de voir là une occasion de voler les marrons sur l’assiette de la jeune fille. On put observer alors deux pokémons bondir sur la table en même temps pour voler la même cible. C’est alors que Mei, ne pouvant contenir les marrons qui lui brûlaient les joues, recracha tout d’un coup, faisant une attaque Balle-Graine improvisée sur les deux pokémons. Si cela n’avait pas la puissance de feu d’un pokémon, c’était suffisant pour les repousser hors de la table et les laisser totalement abasourdis au sol.
Se rendant compte de ce qu’elle venait de faire, et ne voulant pas gâcher un si beau moment (quoi que c’était surement déjà trop tard), Mei dégaina deux pokéballs et lança les sphères sur les pokémons afin de les capturer dans leur surprise face à l’humaine qui avait utilisé une capacité inattendue. Elle voulait au moins laisser le temps à son pokémon diablotin un peu de préparation pour affronter les deux voleurs.
Mais, contre toute attente, les deux pokéballs classiques firent leur effet et les deux voleurs furent attrapés la main dans le sac, peut être était-ce du également au fait que si ils sortaient, les humains n’hésiteraient pas à s’en prendre à eux tous ensemble. Un choix qui pouvait être considéré comme sage…
Rougissant face à tant de gène, Mei s’essuya rapidement le visage avant de se cacher avec ses mains.
“Kyaaaaa ! Ne me regardez pas ! J’ai trop honte ! C’est indigne de moi ! “
Aussi, la jeune fille se leva et partit en courant à moitié les larmes aux yeux, en direction de la sortie et sûrement des sanitaires pour se refaire une beauté.
Stupéfait devant le comportement de sa dresseuse, Grimalin regarda sa nourriture, puis les pokéballs, puis les dresseurs, puis la nourriture. Aussi, il goba quelques marrons avant de piquer deux marrons chez Hiroki et Ambroise avant de partir en courant tout en prenant soin de ramasser les deux pokéballs que sa dresseuse avait oublié.
Décidément, Mei semblait prendre ce concours très au sérieux. Et avalait tellement de marron que l’originaire d’Hoenn se demandait bien comment elle parvenait à supporter autant de chaleur et… à faire entrer autant de volume dans sa bouche. Est-ce que le fait que la couleur rouge qu’elle porte si souvent signifiait aussi qu’elle disposait d’une affinité particulière avec le feu et une sorte d’immunité à la chaleur ? Ça ne le surprendrait presque pas.
Néanmoins, il se faisait un peu de souci pour elle et il se demandait si elle n’était pas en train de se faire mal, juste par esprit de compétition. Curieux de connaitre l’avis d’Ambroise sur la question, il tourna son regard dans sa direction pour voir s’il faisait de même et au pire, vérifier ou il en était dans sa dégustation. A sa grande surprise, il semblait prendre son temps, comme si, à l’inverse de Mei, il préférait conservait son élégance malgré l’enjeu et la question qu’il posa sembla presque ironique, tant il était évident qu’il ne se mettait pas la pression.
Hiroki pouffa un peu, et avala un nouveau marron :
- On verra… lorsque le gong aura sonné.
Ce fut a ce moment que deux Pokémon surgirent subitement, un Goupilou et un Rattatac qui avait du être alléché par l’odeur des marrons et avait vu dans l’assiette de Mei un festin devant lequel il n’avait pas pu résister. Pensant son amie en danger, Hiroki se redressa alors brusquement, en basculant sa chaise en arrière pour amener sa main jusqu’à l’une de ses Pokéball, mais Mei fut plus rapide, son Grimalin était déjà sur place après tout. Mais surtout, elle avait tellement de marron dans la bouche qu’elle pu s’en servir comme projectile inattendu pour mitrailler les deux chapardeurs et les capturer aussi sèchement dans la foulée :
- Hé bien…
Quelque peu surpris par une telle succession d’évènement, Hiroki ne savait pas trop quoi dire. Est-ce que cela sonnait la fin de leur concours ? Les trois assiettes étaient encore intactes donc pas forcément, mais s’il avait trouvé ça surprenant, Mei donna l’impression de considéré avoir été humilié puisqu’elle poussa un cri de honte avant de courir en dehors de l’estrade :
- Attend ! Mei !
Hiroki voulu la retenir, puis ensuite aller la rattraper, mais il vit qu’elle se dirigeait vers les toilettes des femmes, il n’insista donc pas plus et se tourna vers Ambroise pour connaitre son point de vue :
- Bon bah… on va dire que ça sonne fin de l'épreuve.
Il fit ainsi appel aux juge du stand pour qu'il puisse comptabiliser les points de chacun. Ainsi, Mei, malgré son petit accident, avait conservé sa première place puisque sa stratégie déraisonnable avait tout de même porté ses fruits. Hiroki était second, il n'avait pas encore reussi à la rattraper et Ambroise, le plus modéré du groupe se retrouva en troisième position. Il n'était pas dernier cependant, car Jojo qui participait aussi était celui qui avait été le moins rapide. Mais est-ce qu'il comptait vraiment ? Le juge ne prévoyait pas de lui offrir des tickets de toute façon et donc, il remit aux deux garçons encore présent les tickets qu'ils avaient gagné ainsi que ceux qui revenait à Mei. Ils quittèrent alors l'estrade et ils allèrent attendre que la jeune fille remettre pour lui remettre la récompense qu'elle avait gagné, au prix de sa dignité.