Lun 1 Nov - 22:42
Parmi les partenaires commerciaux de Grand Envol se trouvait le Musée des Arts d’Ankora. Elle n’avait jamais communiqué directement avec le conservateur, et la plupart des gens qui y travaillaient et venaient dans les locaux avaient généralement à faire avec les employés de la Kalosienne, mais elle recevait régulièrement des bons de commandes à y livrer. Des livres, ou des objets d’art, quelques fois, ou plus souvent des produits consommables pour les visiteurs, qu’il fallait récupérer chez les producteurs et apporter à destination. En temps normal, Sibylle n’avait pas à jeter plus d’un coup d’oeil. Les papiers étaient en ordre et les choses se faisaient simplement. Mais là…
“Hm… Il est vide, le formulaire, là, non ?” Quelque chose s’était sans doute mal passé quelque part. Un problème d’imprimante, peut-être. En tout cas, le bon de commande indiquait le destinataire - Musée des arts, Altaterra - et… c’était tout. Pas d’expéditeur, pas de numéro de colis, pas de type de contenu. Du coup, Sibylle n’avait aucune idée de quel colis elle était censée livrer. Ca n’était pas comme si l’entrepôt était plein à craquer, mais quand même : l’idée de fouiller la salle à la recherche d’un paquet orphelin n’était pas particulièrement enthousiasmante. En fait, aller directement au musée pour leur demander les informations manquantes serait probablement plus rapide.
C’est donc ce qu’elle décida de faire.
Après avoir prévenu le réceptionniste, trouvé un remplaçant temporaire pour gérer le reste des bons de livraison, et avoir vérifié que ses œufs, précautionneusement posés dans son bureau, allaient bien, la cheffe prit donc son téléphone pour trouver la direction du musée, et se mit en route. Altaterra était une ville plutôt petite, mais la jeune femme ne s’était jamais posé la question de son emplacement. Elle connaissait son quartier, celui de l’auberge où elle dormait régulièrement, et… eh bien voilà, grosso modo. Le musée était situé un peu plus en hauteur, dans un quartier presque huppé, si on pouvait dire ça. Au milieu des bâtiments un peu roots, la grande bâtisse détonnait. Presque intimidée, Sibylle passa la porte et se rendit au comptoir d’accueil.
“Bonjour ! Bienvenue au Musée des Arts d’Ankora ! Une place pour un adulte ?” "Bonjour ! Alors euh, non du coup. Je suis de Grand Envol”, expliqua-t-elle en tendant le papier à moitié rempli.
“Je m’occupe de votre livraison mais il manque des informations, du coup je ne peux pas trouver votre colis ! Vous auriez les numéros de commande ou de suivi ?”La personne de l’accueil la regarda d’un air un peu interloqué, puis attrapa le papier pour le lire. Ca n’était pas comme s’il y avait beaucoup de choses à y voir, mais Sibylle comprenait que c’était un moyen comme un autre de gagner du temps pour remettre ses pensées en ordre.
“Euh… Je… vais aller voir avec Madeleine. Je reviens !” L’agent s’éloigna précipitemment, et revint quelques minutes plus tard, accompagné non pas d’une femme, comme la Kalosienne aurait cru, mais d’un homme. Celui-ci s’avança vers elle, la main tendue.
“Bonjour ! La commande est pour moi, je suis M. Molta, je m’occupe des archives. Je suis confus pour… euh… le micmac. J’ai reçu un numéro par message de l’expéditeur, je ne comprends pas pourquoi il n’était pas sur le bon… Vous avez de quoi noter ?” Sibylle sortit son téléphone et nota donc l’identifiant fourni en espérant qu’il serait sur une des boîtes chez elle, et remercia l’archiviste en le rassurant : la colis était presque à destination, il ne restait plus qu’à le trouver et il serait livré immédiatement ensuite. Le trajet du retour se fit étrangement plus vite que l’aller : il n’y avait qu’à ne pas trébucher dans les rues en pente. Armée de son numéro de commande, la jeune femme fouilla les colis récents jusqu’à dégotter le bon, étrangement petit. Tadam ! Il n’y avait plus qu’à faire le chemin inverse… Mais un autre coursier, si possible !