Noel est un temps pour beaucoup d’humain synonyme de convivialité et d’échange, où chacun peut se rassembler avec sa famille et passer un bon moment. Pour d’autres, c’est un moment où le froid devient de plus en plus glacial et que le chaque jour peut ressembler a une lutte pour survivre. Les unysiens ne cessaient de le dire, « winter is coming », eh bien oui, il est bien là, le winter. Si Solid avait pu remarquer qu’il commençait a avoir des Pokémon sauvage qui venait profiter de son hôtel, c’était généralement les Pokémons proches de son lieu de travail, tout Ankora n’allait pas venir chez lui non plus, c’était logique. Cette mission pour la foire d’Hiver le touchait particulièrement, il savait a quel point une main tendue pouvait être salvatrice lorsque l’on est isolé, le Shield se devant à tout prix de venir en aide aux Pokémons qui n’aurait pas la chance d’avoir un endroit douillet pour passer l’Hiver.
Venant s’engager sur la mission, il savait qu’il devait retrouver trois autres personnes en plus de lui, les Pokémons crabes seraient bien épaulés avec tout ça. Encore fallait-il réussir la mission toutefois et bien aider à faire des abris dignes de ce nom. Dans les pays du grand nord, les gens savaient faire des igloos, des constructions faites de neige mais qui permettent de se protéger du froid et de garder la chaleur dans l’igloo. Peut-être qu’il faudrait faire des constructions similaires avec de la pierre ici ? Au bénéfice du doute, le Shield avait parcouru son téléphone, afin de comprendre le fonctionnement des fameux igloos, assez différent de la populaire image de brique de neige avec une ouverture toute simple.
Pour être sûr de mener cette mission à son terme, l’ancien prisonnier avait avec lui Tiny le Rattata sans surprise aucune, trônant fièrement sur son épaule. Maloya la Passerouge était également présente, squattant la seconde épaule. Il était rare qu’elle ne vienne pas, bien que cela pouvait arriver. Pour le reste, Titan le Steelix serait de la partie, ses capacités pour terraformer étant loin d’être négligeable, cela serait le bienvenu. Scark l’Eoko, avec ses pouvoir régénérant et télépathique serait aussi fort utile, surtout qu’il avait failli mourir assez bêtement au beau milieu des terres brûlées, intoxiqué par des Moufouette. Son petit Tournegrin lui avait sauvé la vie avec sa technique Champ Herbu, à lui et son coéquipier du jour. Un Eoko pouvant soigner donc pour la mission, d’autant plus que l’Eoko tenait dans on ruban l’œuf du Shield lorsque celui-ci ne pouvait pas le tenir. Solid préférait avoir l’œuf sur lui, ne voulant pas qu’il lui arrive malheur en son absence, s’occupant toujours de cet oeuf. Qui d’autres ? Pourquoi pas Potipas l’Hippopotas ? Le petit Pokémon Sol déprimait plutôt ferme à l’hôtel, trouvé dans une grotte perdue, il attendait sa mère qui ne reviendrait probablement jamais, de ce qu’il avait compris grâce à Scarf. Peut-être qu’une promenade et une mission sur le terrain lui remonterait le moral ? Le Shield avait hélas beaucoup de monde à gérer, son hôtel ressemblait a une ménagerie parfois. Peut-être qu’il serait bon de trouver une personne pouvant s’occuper mieux de lui… ? Le petit Pokémon trotinait derrière lui, semblant avoir le moral au fond des chaussettes, les gourmandises ne faisant que peu effet.
Avec sa presque joyeuse équipe, l’ancien détenu était finalement arrivé au point de rendez-vous, venant saluer les autres membres de la mission lorsqu’il les croisa.
L’arrivée d’Oren ne passa pas inaperçue. Un Chevroum grincheux tirait une charrette remplie de matériaux pour la mission, fournis par la Serramana. Les poutres d’acier s’entrechoquaient au rythme irrégulier des cahots, les pierres entassées au fond faisaient résonner la carcasse métallique… Mais le convoi n’était pas que bruyant : il était aussi ridiculement drôle à regarder. Il s’ouvrait sur Cialba et Zoïap qui avançaient en rythme. Toujours à faire la paire, ils remuaient leur derrière sur un rythme commun, yeux clos, semblant être guidés par une musique qu’eux seuls entendaient. Ensuite, c’était le Chevroum qui semblait pester, surmonté de Ruqa. L’Araqua faisait tout son possible pour remplacer l’une des lanières de cuir qui avait cédé lors du voyage. Ses sécrétions menaçaient de se déchirer à chaque pas, c’est pourquoi il veillait et réparait sa corde de fortune au moindre étirement. Avir, lui, tenait les poutres métalliques qui manquaient de tomber chaque fois qu'un caillou un peu trop gros soulevait brusquement la charrette. Et enfin, il y avait Oren qui aidait en poussant la charrette. Même s’il avait reçu plusieurs des Coachings de la Bébécaille qui l’avaient gonflé à bloc, le convoi était embourbé dans la cendre rendue boueuse par les neiges fondues. Ils avançaient difficilement. Et chaque fois qu’ils accéléraient, l’adolescent se retrouvait recouvert d’éclaboussures. Il était donc un fâcheux état en arrivant sur le chantier. Cela n’empêcha pas l’adolescent, tout essoufflé qu’il était, de saluer ceux qui était déjà présent.
« Salut ! J’ramène le matos pour la mission ! On commence fort pour l’hiver ! »
Oren posa ses mains sur ses genoux et poussa un profond soupir pour tenter de calmer sa respiration. Il avait si chaud qu’il aurait bien voulu retirer sa veste, mais il ne voulait pas attraper froid en se refroidissant trop vite. En revanche, si les efforts venaient à se poursuivre, il s’y déciderait.
« Ah, moi c’est Oren ! »
Cialba s’était presque immédiatement précipitée auprès du Steelix. Son admiration pour les grands Pokémons l’y avait immédiatement guidée. Zoïap s’était plus approché de l’Hippopotas en marge du groupe. Il avait un groove à lui transmettre, sa tête triste lui déplaisait.
« Pfiou, c’tait rude ! siffla le gaillard reprenant enfin son souffle. Vous savez c’qu’on doit faire ? On m’a parlé d’grottes, mais y a pas d’montagnes, ici. Faut qu’on creuse des terriers ? »
Le Chevroum manifesta son mécontentement en bêlant une fois de plus. Il ne tolérait pas le froid, la crasse sur ses pattes, et surtout Oren avec qui il se retrouvait toujours à tirer ou porter des choses trop lourdes. L’adolescent se retourna et lui offrit le salut qu’il escomptait en le faisant retourner dans la Pokéball des Rangers.
« Oh ! C’est Ketsia qui arrive ! T’vas voir, elle gère super bien ses missions. »
La cohue créée par l'adolescent qui la précédait ne manqua pas d'éveiller la curiosité de Ketsia. Si elle n'avait pas elle-même été embourbée jusqu'aux chevilles dans la boue grise d'un hiver cendré, et n'avait pas déjà eu son Zigzaton trop précieux pour ces conditions à gérer, elle serait probablement allée donner un coup de main au jeune nomade.
Cersin vivait clairement un moment qu'il aurait pu classer parmi les pires de sa vie. Le petit Pokémon rayé avait du mal à sortir de la cendre humide, et à chaque pas il peinait à maintenir la tête hors de cette boue. Sa dresseuse avait décidé qu'il donnerait un coup de patte, et il avait tout d'abord consenti à faire un effort. Mais le gris sale qui recouvrait sa fourrure vanille-fraise et l'empêchait de briller le faisait vriller. À chaque nouvelle touffe de poils qui s'aglutinaient, il poussait un soupir plus fort que le précédent. Bientôt, rien n'allait le distinguer un vulgaire tas de boue. Ou d'un Zigzaton normal. Même niveau de classe.
En arrivant plus près d'Oren et de l'autre homme qui l'avaient repérée et la regardaient arriver, Ketsia regretta de ne pas avoir davantage entraîné ses Pokémon. Ses acolytes du jour avaient des compagnons puissants, quand le seul Pokémon développé de la jeune femme était encore convalescent. Elle allait devoir faire à l'ancienne : la seule force de ses bras lui permettrait d'aider sur le chantier.
"Bonjour Oren !", lança-t-elle entre deux coups d'oeil à son Zigzaton au comble du désespoir. Apparemment, le jeune homme avait encore des problèmes avec le Chevroum fourni par les Rangers. Heureusement qu'il avait un peu de répondant pour gérer le quadrupède.
"Bonjour. Ketsia.", se présenta-t-elle au second homme en lui tendant une main salie par les cendres caractéristiques du lieu.
Vici n’avait guère l’esprit de Noël. C’était la cendre, leur parfum de soufre qui emplissait ses narines, moins que la tombée de neige, qui lui paraissait nostalgique, sans qu’il puisse mettre le doigt sur ce souvenir. Il était là uniquement pour la récompense, et parce qu’il était déjà mobilisé, en tant que jeune Ranger, sur cette zone, à Vallévie. Il ne croyait guère non plus en l’altruisme de ses partenaires de mission.
Il les regardait arriver avec son silence coutumier, un mélange d’appréhension et de résignation dessiné sur son visage. Il n’avait jamais réalisé une mission avec autant de personnes auparavant ; et il se disait à les regarder, l’un qui galérait à remonter le chargement vers eux, l’autre qui traînait dans son ombre une vieille serviette sale qui avait dû ressembler, autrefois, à un Zigzaton, que ça n’allait pas être réglé de sitôt. Ceci dit, vu le gabarit des deux hommes – l’un avait le corps sabré de cicatrices, lui aussi, et il ne pouvait qu’imaginer ce qu’il avait traversé et survécu, et l’autre avait la voix qui portait déjà tout aussi fort –, il jugea dans son meilleur intérêt de ne pas exprimer ce sentiment à voix haute.
Il s’accompagnait de Dumbo. Le Phanpy n’en avait peut-être pas l’air, mais sa force dépassait à présent de loin celle de son Dresseur, tel que la Ranger des Primeterres le lui avait prédit. L’éléphanteau s’était approché timidement de l’Hippopotas qui semblait bouder dans un coin et du Toxizap, loin de l’agitation des premières rencontres ; il avait envie de le réconforter, même si Pià, la Nanméouïe, aurait sans doute été plus douée dans cet art. Il ne savait pas pourquoi, exactement, peut-être était-ce leur âge commun, mais l’autre Pokémon Sol lui apparaissait immédiatement comme sympathique.
Il n’avait pas attendu qu’ils finissent les présentations pour s’approcher de la charrette de matériaux du dénommé Oren, sous le regard attentif du Crabaraque censé superviser la construction des terriers. « On doit faire des terriers, » expliqua-t-il, parcourant tout le matériel qu’on leur avait confié. « Ensuite les recouvrir. Pour les protéger du temps, » ajouta-t-il en pensant aux pluies de neige et de cendre qui avaient déjà démarrées. Le rouquin avait ramené des poutres de métal, des pelles et des pierres dont il aimait la familiarité des textures sous ses doigts.
Il évita aussi ainsi la terrible corvée des poignées de main. Tout juste leur concéda-t-il, lorsque les trois eurent fini leurs présentations, un « Vici » puis, après une courte pause, un « bonjour » aussi enjoué qu’un signe de ponctuation. Le rabat-joie Scrooge était là, et il était là pour le travail.
En arrivant, Solid était content de voir que les lieux étaient déjà bien vivants, l’arrivée d’Oren étant difficile à manquer avec ce terrible raffut du matériel qui s’entrechoquait dans la charrette. Outre la gêne acoustique, cet apport de matériel était le bienvenu, le Shield étant arrivé les mains dans les poches. Enfin, pas totalement grâce à Steelix, sa rencontre avec Ambroise lui ayant montré à quel point les Pokémon Sol et Roche pouvaient être utiles dans la confection de structure. Toutefois le Shield n’allait pas cracher sur du matériel en plus pour venir l’aider. Avec le petit dragon qui n’avait d’yeux que pour Steelix, celui-ci se sentit presque obligé de venir faire sa technique Poliroche, sans doute afin de frimer un peu. Le coquin. Il avait l’air plus vivant depuis son évolution au moins, c’était bien. De l’autre côté, le Toxizap semblait tourner autour du petit Pokémon Sol qui avait l’air triste. Potipas fût d’abord surpris, avant d’être intrigué par ce que faisait le Pokémon violet. Est-ce que cela aiderait Potipas pour chasser ses mauvaises pensées… ? Avec le Phampy qui venait les rejoindre, le Pokémon de Solid commençait a aller mieux, ce que remarquait le Shield.
Plus loin, c’était une dresseuse qui semblait avoir douillé pour arrivé jusqu’ici, le Zigzaton qui la suivait ayant l’air prêt a tout moment de se mettre en PLS vu la tête qu’il tirait. Bien que l’Eoko tenait l’œuf, il se permet d’approcher le Pokémon au bout de sa vie, venant utiliser alors Vœu pour le Zigzaton, une étoile filante apparaissant peu après, la poussière de l’Astre retombant sur le Pokémon pour lui donner de l’énergie bienfaisante… bien qu’il préférerait sans doute une Attaque Pistolet à O ou Tourniquet pour se débarbouiller.
Enfin, le dernier a se présenter était Vici, qui semblait a peu près aussi enjoué que le Zigzaton de Ketsia, autant dire bien peu. Il est vrai que le temps n’était pas des plus plaisant, le simple fait de braver les montagnes pour atteindre cette zone était déjà épuisant si vous n’avez pas de monture, souci que Solid avait résolu depuis fort longtemps avec la présence de Titan, le Steelix parcourant les montagnes comme si de rien n’était. Lorsqu’il saura utiliser Vol Magnetik, le Shield pourrait alors avoir un Steelix qui n’aurait même plus a se trainer au sol pour peu qu’il ait pris un peu d’élan. Grâce à Vici, Solid pu rapidement voir les Crabaraque qu’ils devaient aider, expliquant rapidement la méthode. Plutôt simple en fait. Suivant la question d’Oren pour savoir comment procéder, le Shield était impatient de voir comment les choses allaient se passer/
-Très bien, faisons comme ça ! Ketsia, pensez-vous que l’on devrait rassembler les terrier assez proches les uns des autres, ou bien devrions-nous nous disperser au contraire ?
Le Shield attendait la réponse pour savoir quel ordre donner a son Rattata et son Steelix. Oui, le rattata ayant appris Tunnel, le petit Rat violet avait hâte de s’exercer pour de bon !
Tout en voyant que le Toxizap avait l’air de bien réussir a distraire Potipas, le Shield profita d’un instant de calme pour s’approcher d’Oren.
-J’ai l’impression que ton Pokémon s’entend bien avec le mien, non ?
Rapidement, un petit homme en uniforme de Ranger donna les instructions aux groupes. Il avait quelques doutes sur l’utilité de creuser des trous pour les recouvrir ensuite, mais il n’allait pas discuter des directives aussi claires. Et si Oren répondit presque militairement à la prise d’ordres, ravi que quelqu’un ait pris les commandes pour leur mission, il se tourna néanmoins rapidement vers la seule femme du groupe pour un sujet beaucoup moins sérieux.
« Salut Ketsia ! Tu vas bien d’puis l’temps ? demanda le garçon, ravi de retrouver la femme dont il avait admiré le savoir-faire et le professionnalisme. Ton Pokémon volant, Sau-co-ri j’crois, il t’accompagne pas ? »
Ruqa, de son côté, descendit du dos du Chevroum pour rejoindre le Pokémon en détresse qu’il avait repéré dans un des reflets de sa bulle. Filant sur ses pattes sans s’enfoncer dans le sol, il se précipita près du petit Pokémon à moitié enseveli. A défaut de pouvoir le régénérer, il pouvait lui permettre de se mettre à l’abri de ce bain de boue géant. Lui-même n’appréciait pas être sale : son eau devenait rapidement crasseuse et sa visibilité se réduisait. L’Araqua entreprit alors de sécréter une sorte de maille, qu’il serra comme il put. Il n’avait pas l’habitude du tressage, mais il avait une idée en tête : fabriquer une sorte de tapis à poser sur la boue pour que le raton puisse s’y percher. Une clochette volante vola jusqu’à eux, et aida le Zizagon à s’extirper de la boue une fois l’ouvrage achevé.
Cialba, quant à elle, braillait sa joie devant les mouvements du Pokémon gigantesque face à elle. Il devenait brillant ! Il était beau ! Elle l’encourageait comme elle pouvait, utilisant son Coaching à l’envi, ravie de voir les coups de queue sur le sol soulever toujours plus d’éclaboussures et le corps du serpent scintillant s’épaissir. A un moment, elle sauta même sur lui, s’accrocha fermement et se laissa porter par les puissantes ondulations du Pokémon géant.
Zoïap fut rejoint par un Pokémon avec une trompe. Son groove l’avait séduit lui-aussi ? Héhé… Son assurance n’en fut que plus grande. Son simple mouvement du postérieur se mua en un gigotement avec tout son corps. Il fredonnait un air rythmé, regardant tour à tour les deux membres de son public, cherchant à les inviter à entrer dans son groove. Il se dressa sur ses pattes arrières, et avança maladroitement jusqu’à l’Hippopotas, sur le postérieur duquel il apposa ses deux pattes avant. Il le poussa alors en rythme, pour qu’il rejoigne son ballotement régulier. Il en fit de même avec le Phanpy.
Oren finit par réellement mettre la main à la pâte : il prit une pelle et se posta face à Vici, prêt à creuser. Mais à son désarroi, ce ne fut pas l’humain mais le Pokémon derrière, un crabe à l’air autoritaire, qui lui désigna un emplacement. L’adolescent n’espérait pas d’aide provenant de ses Pokémons, pour cette partie de la mission : aucun de savait creuser, et presque tous étaient trop patauds pour avoir une réelle utilité.
Il planta le premier coup de pelle, puis déposa l’amas visqueux derrière lui. En reprenant sa position de départ, il réalisa que les choses n’allaient pas être si simples : la gadoue de cendres avait coulé pour reboucher le trou qu’il avait créé.
« Ça va pas êt’ d’la tarte ! »
Il se tourna vers le petit homme, Vici, en quête d’un conseil pour gérer cette caractéristique à laquelle il ne s’était pas attendu. Mais c’est l’autre homme, celui qui était à moitié nu et qui ressemblait à un vétéran de guérilla, qui l’approcha pour lui parler de son Toxizap.
« Zoïap ? Carrément ! Il sait rend’ le sourire. Il allait pas fort, vot’ Pokémon, M’sieur Shield ? Il a l’nez pour sentir ça, le p’tit gars ! » expliqua l’adolescent en posant un doigt d’une main recouverte de quelques éclaboussures de boue cendrée sur le bout de son nez, y apposant quelques traces grisâtres.
Et ce n’était rien de le dire. Toujours agité par un rythme d’une musique qu’il inventait ou recopiait, il animait l’équipe dans les temps morts, répandant à travers l’action l’énergie et la bonne humeur. Il changeait les idées, favorisait la collaboration. Le Toxizap était comme Ruqa, mais à sa façon, un ciment de leur groupe.
La petite troupe fut bientôt rejointe par un quatrième larron. Vici, apparemment. A moins que cela n’ait été une instruction que Ketsia n’avait pas comprise, ça devait être le prénom du jeune homme. Efficace, il s’était déjà mis à l’ouvrage, découvrant ce qu’Oren avait apporté. Pas de blabla, et de l’action ; voilà un collègue de travail précieux.
Le vouvoiement de Solid surprit la dresseuse, qui leva les sourcils un instant, avant de se rappeler que, oui, c’étaient sont des choses qui se faisaient, entre personnes élevées.
Profitant à la fois de la question du plus grand des hommes qui l’accompagnaient, et de la prise d’initiative du plus petit, la jeune femme proposa une suite au plan d’action :
« Selon le Pokédex dressé par les Rangers, les Pokémon de la zone sont Malosse, Laporeille, Apitrini et Coconfort. Faisons des abris pour chacune des espèces, pour qu’elles n’entrent pas en conflit. Nous sommes quatre, il y a quatre espèces. Séparons-nous. Je prendrai en charge la création des abris pour les… » elle réfléchit quelques instants à la meilleure manière de répartir les troupes. « Les Malosses. Je me charge des abris pour les Malosses. » Inutile de proposer ce à quoi elle avait pensé pour les autres membres de l’équipe, ils semblaient tous suffisamment grands pour choisir eux-mêmes le plus judicieux. Mais s’ils avaient du mal à se décider, elle le ferait pour eux.
De son côté, Cersin pestait toujours. C’est bon, il avait fait sa B.A., il pouvait retourner dans sa Pokéball, non ? Pourquoi Ketsia n’imposait-elle pas ces souffrances à Ophyla, plutôt ? Elle n’en fichait jamais une, cette Grenousse ! En plus, les autres Pokémon présents étaient tous plus forts les uns que les autres. Le petit Zigzaton pensa qu’il ne serait d’aucune utilité, son seul atout (sa beauté réconfortante) ayant été indécemment souillé. Il s’allongea dans une flaque, abattu. Le temps qu’il repose ses yeux, il sentit une présence bienfaisante. L’Eoko du dresseur aux cheveux verts se penchait sur lui, et le couvrait d’une poussière régénératrice. Le jeune raton sentit petit à petit ses forces le regagner. Déjà plus vif, il dressa sa tête hors de la boue et poussa un cri, son air combattif à nouveau fixé sur le visage. Un Araqua débrouillard avait également tressé un tapis aux mailles suffisamment bien faites pour qu’un petit Pokémon puisse s’y tenir sans s’enfoncer. Cersin grimpa dessus fièrement, tel un monarque qui regagne sa place. Alors comme ça, ces Pokémon dressés faisaient ça pour lui ? Bénévolement ? C’est qu’ils avaient dû reconnaitre en lui quelqu’un d’important. Sa fourrure brillait toujours peut-être un petit peu, finalement ! Le Zigzaton, flatté, prit alors la décision de ne pas décevoir son peuple : il donnerait le meilleur de lui-même dans les constructions du jour ! Pour Ketsia, et pour ces nouveaux sujets aux petits soins, qu’il remercia d’un regard déterminé.
Déjà occupée à se saisir des matériaux à l’air le plus ignifugé pour construit des abris résistants pour les Malosses, Ketsia ne s’arrêta pas pour regarder son interlocuteur le plus jeune quand Oren commença à lui faire la conversation. Rien de très professionnel. Des paroles… oui, au bord de l’inutilité. Néanmoins, on lui avait appris qu’il fallait répondre, quand on vous parlait.
« Saucori est convalescent. Il loge au Centre Hospitalier. », répondit-elle sobrement. L’autre question n’avait pas grand intérêt.
Au bout de plusieurs minutes de silence, et en voyant son compagnon de travail avoir du mal avec sa tâche, la jeune femme prit à son tour des nouvelles des Pokémon d’Oren, à sa manière, du mieux qu’elle pouvait.
« Cib’ sait creuser ? » La dragonne, bien que toujours aussi remuante, semblait encore plus forte que la dernière fois.
Au moins, la dénommée Ketsia ne tarda pas à imposer le rythme, elle aussi, bien informée sur la faune locale, et il l’en remercia mentalement. Il n’aimait pas vraiment avoir la posture de meneur, de contrôleur, il en connaissait les dérives marquées dans son gène ; et il appréciait encore moins cette position précaire dans un plus grand groupe, dont deux hommes avec des arguments un peu plus … épais, dirons-nous, que les siens. Il n’aurait pas voulu se bagarrer avec eux, si l’un n’était pas d’accord avec le plan. Ketsia, elle, avait l’air en tout cas plus compétente que le Zigzaton qu’elle se trimballait ; ils durent s’y mettre à trois Pokémon pour l’extirper de la boue, et il ne put s’empêcher de penser à Parangada, son Goupix. Il commençait à se dire que la vanité devait simplement être un trait de caractère commun aux chromatiques.
Dumbo, un peu plus loin, était encore en plein conciliabules avec Hippopotas et Toxizap, quand ce dernier commença un balancier avec son postérieur, à droite, à gauche … Le Phanpy, souleva son oreille du bon côté pour mieux entendre les cris. Qu’est-ce qu’il faisait ? Une danse régénératrice, comme celle de ses matriarches ? Ou un rituel d’évolution, comme l’avait fait le Bras d’Acier ? En tout cas, ça avait l’air amusant ! Il n’avait pas vraiment le sens du rythme, du fait de son handicap, mais il se plia de bon gré à l’exercice, collant son arrière-train à côté de l’autre et suivant le mouvement. Droite, gauche …
« J’m’occupe des Laporeille. » Vici n’attendit guère de contestation pour s’y mettre, soutirant à la charrette des pierres calcaires ; faciles à découper, elles serviraient d’abord à consolider les fonds de terrier pour éviter qu’ils ne s’effondrent sous le poids de la boue humide. Il avait vu assez de nids de Sapereau pendant ses explorations des Givralpages pour comprendre comment ces derniers étaient connectés et fonctionnaient ; les terriers de Laporeille devaient avoir un fonctionnement similaire.
De quelques mouvements de pied, il frappa le sol pour interpeller Dumbo. Le geste pouvait paraître un peu rudoyant, mais c’était un bon moyen pour que l’éléphanteau sourd puisse l’« entendre » : aussitôt qu’il sentit la vibration du sol, il quitta ses joyeux lurons pour revenir vers son Dresseur. Pendant que ce dernier creuserait les trous, assez rapprochés les uns des autres, le Phanpy briserait la pierre calcaire en petites roches plus légères à manipuler.
Pendant ce temps, ses partenaires de mission semblaient faire connaissance les uns avec les autres. De ce qu’il avait compris, Oren et Ketsia se connaissaient déjà. Ça ne le dérangeait pas.
… Vraiment.
… Sûr de sûr.
… Bon, d’accord, un tout petit chouïa. Le silence ne dérangeait que quand il en sentait ses limites, comme une bulle autour de lui, et que le reste du monde continuait de tourner, en ignorant son existence. Il pensait qu’il s’y était habitué, avec le temps, mais les quelques moments passés en compagnie de Jīnguó – et de Pyrus, même s’il se refusait à y repenser – avaient réveillé cette envie primaire, et naïve, de se coller au groupe. Mais, et c’était embarrassant, il ne savait pas vraiment comment s’y prendre.
Le mieux qu’il put faire, c’est regarder du coin de l’œil, un moment, les constructions de ses partenaires de mission. Et lorsqu’Oren se releva dans sa direction, en tenant entre ses bras un énorme tas de boue en essayant de la retenir de couler comme un Tadmorv à l’agonie, il se mit en mouvement. Pendant qu’ils conversaient, il chercha une bassine en plastique dans la charrette et lui tendit avec la rigidité gênée d’un soldat au garde à vous. « Tiens. » Et de retourner sans un autre mot vers ses terriers de Laporeille. Une étoile pour l’effort.
Il était temps de s’y mettre pour de bon ! Oren avait déjà attrapé une pelle et avait commencé a déblayé un endroit, mais, la neige et la cendre avaient passé un pacte diabolique ensemble pour gêner le dresseur, la cendre boueuse venant ensevelir en un rien de temps les efforts du jeune homme. A ce rythme, cela prendrait une éternité au groupe, il fallait trouver une solution. Vici venait de lui apporter une bassine pour vider plus loin la gadoue cendreuse plus loin, et espérer avoir une chance de ne pas travailler dans le vide. En voyant le Potipas qui retrouvait petit à petit la joie de vivre… oui, ça pouvait le faire, ça servirait de test.
-Oren, j’ai déjà mon Steelix et mon Rattata pour me donner un coup de patte. Je peux demander à mon Hyppopotas de t’aider si tu veux, avec Voile Sable, il devrait pouvoir soulever la cendre sans mal.. Avec ton Pokémon, on dirait qu’il peut garder la motivation, le Potipas !
Si l’Hyppopotas passait un bon moment avec Oren, peut-être qu’il serait sage de lui confier de manière définitive, plutôt que de voir le petit Pokémon Sol dépérir. Mais attendons voir comment se passe la chose avant tout. Et surtout, il fallait travailler ! Grâce aux bons conseils de Ketsia, l’idée paraissait bien plus adapté pour faire les abris aux Pokémons du coin. Vici et Ketsia ayant déjà choisi, il ne restait plus qu’Oren et Solid, avec pour choix Coconfort et Apitrini.
-Je prend celui qui arrange Oren, je devrais me débrouiller dans les deux cas.
Les Apitrini avait l’habitude de tourner autour d’une Apireine, et fabriquent eux-mêmes leur ruche (qui est assez grande pour abriter un humain !), toutefois un Apitrini égaré ne pouvait pas à lui seul faire une ruche, il faudrait donc en faire une immense pour que tous les Apitrini viennent s’y poser. Pour les Coconfort, le Shield se souvenait d’une fois ou il était tombé sur un arbre ou pendouillait au bout d’un fils des Coconfort, qui avaient l’air de juger en silence tout ceux qui passaient non loin de l’arbre. Ils pouvaient ajuster la longueur de leur fils de soie pour venir se cacher dans le feuillage bien au chaud ou alors descendre et attendre sagement son évolution. Le plus grave était qu’un Coconfort tombe de l’arbre et subissent les affres de l’Hiver sans pouvoir évoluer.
En attendant qu’Oren choisissent, Solid regardait le Zigzaton de Ketsia. Il est vrai que son pelage était des plus remarquable, se demandant ce qu’il ferait si lui-même venait à trouver un Pokémon chromatique. Bah, ça ne serait pas pour demain la veille.
-Comment as-tu réagit en trouvant ton Zigzaton ?
Ce n’était peut-être pas le sujet le plus passionant, mais au moins cela ouvrait un bout de conversation pendant que le Shield enfilait ses gants. Et qu’en était-il de Vici ? Il n’avait pas l’air de parler beaucoup, peut-être était-il timide. Il est important de savoir rassembler les gens !
-Est-ce que tu as besoin d’aide ? Je peux venir te donner un coup de pouce si tu veux !
Tout sourire, rien ne pouvait faire plus plaisir au Shield… que de faire plaisir aux autres !
Tout le monde se répartissait les Pokémons auxquels il fallait construire des abris, mais l’adolescent était bien embêté. Quoiqu’il n’éprouvait pas de véritable gêne : ses lacunes n’étaient pour lui pas un défaut tant qu’il avait le désir de les combler. Au fond de lui, il était un peu déçu. Il aurait largement préféré que tout le monde œuvre de concert pour construire les abris, au lieu de travailler de manière aussi individualiste. Mais facilement soumis à la pression du groupe et à fortiori à des injonctions, il se rangea rapidement aux propositions de Ketsia suivies immédiatement par celui qui avait pris les rênes. Ils devaient savoir ce qui était le mieux pour tout le monde. Fronçant légèrement les sourcils et passant son pouce sous son nez, prêt à enregistrer ce qui allait être dit, Oren étala son ignorance aux yeux de tous.
« J’les connais pas, M’sieur Shield. ‘Fin les Apitrinis, c’est le Pokémon qu’on voit sur les pots d’miel ? Ça vit dans l’sol, même si ça a des ailes ? »
N’ayant pas d’idée sur la nature de ce qu’était un « Coconfort », l’adolescent obtempéra logiquement pour les abeilles géométriques. De là à savoir ce qu’il fallait à ces Pokémons pour passer un abri, il y avait un monde. « P’t-êt’ un grand trou pour rentrer d’dans d’puis les airs ? » mais c’était bien la seule idée qui émergea dans son esprit. Et puis avant de s’y mettre, Oren avait un échange amical à poursuivre. Il n’avait pas de mal à s’intéresser aux autres : les histoires des gens qu’il rencontrait peuplaient ses rêves de récits fantasques, et il aimait partager un sentiment de convivialité auprès d’eux. Lorsque Ketsia annonça au gaillard que son Pokémon était mal au point de finir à l’hôpital, il posa une main fraternelle sur l’épaule de la haute femme.
« J’sais pas c’qui lui est arrivé, au p’tit bougre, mais il m’était bien sympa. J’lui souhaite de vite se r’mettre. J’suis sûr qu’il voudra pas rater c’te Foire ! »
Tout en terminant sa phrase, Oren rattrapa sa pelle à deux mains. Il avisa un coin dans la boue qui avait l’air… très commun, en fait, et se dit que c’était le bon endroit commencer à creuser. D’un geste vigoureux, il planta sa pelle, mais s’arrêta aussitôt. Ketsia lui posait une question qui l’aurait fait éclater de rire s’il n’avait pas commencé à se concentrer sur sa tâche. Il pivota de nouveau vers la femme solide et lâcha en pouffant :
« Faudrait déjà qu’Cib’ sache t’nir sur ses pattes ! »
D’un geste du pouce, il indiqua la petite dragonne. Il n’avait même pas besoin d’un regard en sa direction pour savoir ce qui se passait : soit elle chahutait avec un Pokémon et roulait au sol avec lui d’une façon ou d’une autre, soit elle prenait un bain de boue. Elle n’était jamais d’une grande aide, juste là pour divertir et redonner sourire et motivation ! En tournant la tête, l’adolescent eut confirmation : Cialba s’amusait à être éjectée dans les airs par la queue du Steelix renforcé, et retombait dans la voue de cendres. Elle n’était plus qu’un tas de gadoue vivant.
Ruqa, lui, continuait son sauvetage. A défaut de savoir creuser ou porter les lourds matériaux, il prenait soin des uns et des autres. Avec son entraînement aux Marécages, il avait pris l’habitude de veiller à la propreté de tout le groupe. Sitôt le tapis tissé, il laissa le raton s’y glisser, reprendre son souffle, avant de commencer à le décrasser. Avec surprise, l’Araqua découvrit que les cendres avaient teint sa fourrure en rouge par endroit ! Il recula subitement : la bulle autour de sa tête était déjà pleine de la boue récupérée sur le Zigzaton de Galar. Il ne voulait pas finir rouge lui aussi !
« Il s’appelle Potipas ? » s’étonna l’adolescent quand Solid poursuivit la conversation. Il n’aurait pas su dire pourquoi, ce nom résonnait pour lui. Il avait quelque chose qui lui paraissait profondément ancré dans la nature du Pokémon. « Ben p’t-êt’, tiens ! »
L’adolescent planta sa pelle dans le sol mou, formant par la même occasion le premier semblant de tas, puis se retourna pour se diriger vers le groupe des Pokémons dansants. Mais il tomba nez à nez avec Vici. Apparemment, le jeune homme avait lu et compris le regard de l’adolescent. Toutefois, la joie que ce geste produisit chez Oren laissa rapidement la place à la consternation : que devait-il faire de cette bassine ? La remplir de boue ? Mais pourquoi, parbleu !
Tout le monde semblait s’organiser. Les informations délivrées par Ketsia avaient donné une ligne directrice au groupe, et chacun choisissait de quel Pokémon il voulait s’occuper. Des cerveaux dirigés, des mains occupés, et des langues sages. Voilà qui rassurait Ketsia. Chacun pouvait se concentrer. Sans faire n’importe quoi. Dans le calme.
De son côté, la jeune femme avait sélectionné ses matériaux de construction, et en était à la structure générale. Les Malosses sont des Pokémon de meute, il leur faudrait donc des abris capables d’accueillir plusieurs individus. L’isolation thermique n’était pas un grand problème, cette espèce étant de type Feu. En revanche, il faudrait s’assurer que rien ne soit combustible, pour éviter de mettre le feu aux environs.
Creusant à même le sol, et gardant la boue neigeuse loin de ses travaux avec ses pieds, puis avec des cales en brique, la dresseuse constituait plusieurs îlots de grandes superficies. Il allait s’agir en suite de les recouvrir d’une structure solide et sèche, garantissant un lieu abrité du vent, de l’humidité et des prédateurs aux Pokémon.
Elle avait beau se concentrer sur son travail, Ketsia entendit la tentative de discussion de l’homme aux cheveux verts. Il la questionnait sur Cersin.
« Quand je l’ai vu, j’ai su que… » Ketsia jeta un coup d’œil à son Pokémon. Elle avait beau être franche, elle n’avait pas envie de le blesser s’il entendait ce qu’elle allait dire de lui, même s’il le savait probablement déjà. C'était bon, il avait l'air suffisamment loin pour ne pas prêter attention à elle. « J’ai su qu’il serait parfaitement inutile. »
Le regard interloqué du Shield poussa Ketsia à poursuivre, au moins un peu. Sinon, son camarade serait peut-être trop étonné pour travailler correctement.
« Je l’ai attrapé pour que Saucori, mon Lewsor, se sente plus utile, en comparaison. »
La dresseuse savait que c’était idiot. Elle savait qu’elle avait pris la mauvaise décision, ce jour-là, en attrapant ce Zigzaton. Même si elle avait voulu aider Saucori à se sentir mieux, elle s’y était foncièrement mal pris.
« Je n’étais pas encore une bonne dresseuse. »
Malgré son erreur, Ketsia ne regrettait pas la capture de Cersin. Le Zigzaton au mauvais caractère avait quelque chose d’attachant.
D’ailleurs, le petit chef en herbe avait trouvé un carrossier royal. L’Araqua qui lui avait construit un promontoire poussait la gentillesse jusqu’à nettoyer la fourrure du petit Pokémon rayé. Ouiii, sa beauté revenait peu à peu ! Sa brillance, son éclat ! Encore un peu, sujet aquatique ! Tu réjouis ton souverain ! Mais soudainement, Ruqa s’arrêta de le nettoyer, provoquant un petit cri surpris et triste de la part du Zigzaton. Pourquoi cette créature à bulles cessait donc son œuvre ? Elle était pourtant douée ! Tant pis, Cersin continuerait le nettoyage en revenant au camp de base. Il avait un personnel à impressionner, maintenant. Glissant sur la neige en donnant des à-coups à son tapis, il s’approchait des travaux des uns et des autres pour les aider. Avec Jet de Sable, il creusait les trous de soubassement, et consolidait des tas neigeux qui croulaient sous leurs propres poids. Bientôt, il aurait été faire preuve de mauvaise volonté que de ne pas parvenir à maintenir les trous ouverts, prêts à recevoir les premières constructions, pensait-il.
Après ses efforts de conversation avec Solid, qui ne lui pesèrent pas tant qu’elle l’aurait cru (en fait, cette petite discussion sur son échec en tant que dresseuse l’aidait plutôt), Ketsia répondit à Oren.
« Tu as raison, Oren. Saucori aimerait beaucoup l’ambiance festive. »
Si elle développait quant à la blessure de son Pokémon, elle allait encore aborder un de ses ratés… Elle les collectionnait, il fallait croire.
« J’irai le voir à l’hôpital dès que possible. Si tu veux, tu pourras lui rendre visite aussi. »
Dire « avec moi » aurait été trop lui en demander. Mais cela n’aurait pas déplu à la grande femme de croiser le jeune homme dans le Centre de Soin.
« Ça lui fera plaisir de vous revoir, tes Pokémon et toi. Du moment que Cib’ ne lui tombe pas dessus. »
Le second degré, l’humour, ce n’était pas encore son truc… Mais déjà, elle avait répondu plus que trois mots. C’était un grand pas.
Oh, pas pour les trous pour les Laporeille. Pour ça, ça se passait très bien. Il prévoyait de construire des terriers assez profonds, de la profondeur d’une demi-jambe – oui, il avait malencontreusement pris cette mesure sur sa première construction –, et d’un diamètre étroit, pour protéger les locataires des prédateurs qu’on relocalisait dans le voisinage ; et d’en consolider la structure avec de la pierre pour que le poids de la cendre et de la neige combinées ne les fassent pas s’effondrer. Et Dumbo s’occupait de briser des morceaux de calcaire avec de puissantes pressions de pattes, fier de montrer sa force grandissante, même si son Dresseur était avare en compliments. Évidemment, il attendait avec impatience le moment de son évolution.
Ils allaient sans doute créer des terriers assez rapprochés des uns des autres, en faisant bien attention à la friabilité de la terre humide qui était le plus gros problème dans leurs constructions respectives, pour qu’ils puissent communiquer entre eux. Vici se disait qu’il allait sans doute devoir varier les profondeurs, en retirant une épaisse pellicule de poussière de son pantalon. Il pensa aussi à Pià, et si, dans son environnement naturel, la lièvre aurait aimé avoir un terrier dans lequel passer l’hiver. C’était le genre de choses qu’un bon Dresseur aurait dû se demander, non ?
Non, sur ce plan-là, tout se passait bien. C’était au niveau du social que ça coinçait.
Il regretta d’avoir donné la bassine à Oren sitôt que ce dernier se retourna, la retendant comme un miséricordieux attend la soupe, sans deviner quoi en faire. Enfin, c’était évident, n’avait-il jamais construit de châteaux de sable, ce genre de choses ? « Tu … mets ton surplus dedans ? » La question lui paraissait tellement con qu’il aurait commencé à douter lui-même de son utilité. « Pour éviter de mettre trop de poids sur le trou. » Il jeta un regard aux alentours et se rassura en voyant que Ketsia faisait la même chose, même sans bassine, contenant les excédents de boue derrière avec ses cales. Au moins une personne ici était efficace.
Puis c’était au tour de Solid de l’interpeller pour lui proposer son aide. « Ça va. » Heureusement, l’homme n’insista pas, et s’en retourna vers la seule femme du groupe. Il n’en dit rien – il connaissait des types comme lui, large d’épaules et recouvert d’autant de cicatrices, et malgré ce sourire il jugea bon de ne pas le mettre de son mauvais côté – mais il aurait préféré qu’il travaille sur ses constructions, plutôt que de papillonner à droite et à gauche chez chacun comme l’inspecteur des travaux finis. Le Crabaraque du propriétaire était là pour ça.
Cependant, il ne put s’empêcher d’attraper au vol quelques mots de la conversation entre Solid et Ketsia. Notamment lorsque cette dernière parlait de la capture de son Zigzaton de Galar. Ce dernier était justement près de lui, en train de s’attirer les bonnes grâces de Dumbo – ce qui n’était pas exactement une tâche difficile, le Phanpy s’émerveillant de tout, et oubliant en un instant la mission que son Dresseur lui avait confié pour jouer dans le nuage de sable projeté par Cersin. Pendant que la femme reprit sa discussion avec Oren, il s’approcha.
« Tu as dit que ton Zigzaton est inutile. » Il ne prit pas la peine de baisser la voix pour ne pas offenser le rongeur. Mais sa voix restait égale, sans la moindre once de reproche ou d’accusation, et pour cause : il avait eu les mêmes problèmes avec son Goupix aloléen. « Mais il continue à t’obéir. Comment t’as fait ? »
De toute façon, il le savait – et c’était une des raisons pour lesquelles, en général, il s’évitait ce douloureux exercice de la conversation –, il avait la fâcheuse tendance à mettre immédiatement les pieds dans le plat. Alors autant y aller franchement. Taïaut !
Alors qu’il fallait choisir un type d’abri, Solid se retrouva par dépit avec les Coconfort, vu qu’Oren venait de choisir les Apitrini, mais à voir comment il parlait de comment il allait s’y prendre pour la construction du nid des petites abeilles, Solid se gratta un instant la tête. Il n’y avait pas de sourire moqueur ou autres qui apparaissaient sur son visage, un abri n’est pas nécessairement adapté à 100%, donc pourquoi un trou ? Mais est-ce que cela suffisant ? Prenant le premier bout de bois qu’il trouva, venant dessiner de manière grossière dans la cendre comme s’il était sur la plage.
-Pour les Apitrini, elles vivent dans des ruches très grande dans des grottes, elles rassemblent le miel et le garde précieusement. Faut prévoir pas mal de place, parce qu’avec leur forme, les Apitrini se regroupe et forme comme un mur en s’emboitant les uns au dessus des autres. Pour juste quelques-uns, je pense qu’il y ait besoin d’un truc immense, mais mieux vaut leur laisser un peu de hauteur je pense. Après, j’avoue ne pas être le plus calé dans la matière… quoi qu’il en soit, Potipas pourra t’aider je pense pour ce que tu tente de faire. Et toi aussi tu pourras l’aider, plus que moi à mon avis.
Encore une fois, Solid venait de lâcher un copieux laius, on sait souvent quand il commence à parler, mais beaucoup moins quand il va s’arrêter hélas. Cela ne l’empêcha pas après s’être enfin interrompu de venir sortir son application Pokédex, et de venir retirer l’ID de la Pokéball de Potipas, avant de la tendre a Oren. Il pourrait facilement la mettre à son nom au camp de base ou n’importe où ailleurs.
Lorsque Ketsia vint parler de son Pokémon, elle semblait gênée de voir que son Pokémon n’avait pas d’utilité à ses yeux. Solid regarda un instant le Zigzaton qui savourait son retour à la propreté, réfléchissant un instant.
-Il n’y pas l’air bien belliqueux et il préfère rester propre…hm… je ne pense pas qu’il soit inutile, simplement qu’il n’a pas trouvé l’occasion de briller encore. Mais j’avais à peu près le même souci avec mon Rattata, il voulait se rende utile mais avait peu de corde à son arc, toutefois avec une ou deux attaques à distance, il a vite été très utile à l’équipe. Avec son incroyable pelage, peut-être une capacité comme Météore ou Laser Glace lui permettrait de s’illustrer, surtout a un concours de coordinateur. Enfin, ce n’est peut-être pas ce que vous avez envie de faire, mais je pense qu’il peut trouver sa place de votre équipe tout de même.
Solid souriait aimablement, connaissant la peine qu’avait eu son Rattata, il se disait que Cersin pouvait se sentir un peu seul également, pelage brillant ou pas brillant. Voyant que Vici semblait plutôt concentré sur sa tâche, Solid ne l’enquiquina pas davantage, remarquant que tout le monde avait déjà bien commencé, mais que lui n’avait même pas commencé. Faire un terrier pour des Coconfort ne l’emballait pas tellement, les Coconfort allait se nicher dans un arbre pour être à l’abri des Pokémons au sol qui pouvait en profiter pour les abimer alors qu’ils seraient sans défense. Du coup… il ne restait qu’une solution.
-Bien… Titan, c’est à toi de jouer ! Lame de Roc vers le ciel ! Puis Lance-Boue sur la structure !
Le Pokémon arrêta un instant de jouer avec le petit dragon, s’assurant qu’il ne risquait rien avant de se lancer, un énorme pic de pierre sortit du sol, avant de s’ouvrir a son sommet comme une explosion figé dans la roche. Contre un adversaire, cela n’était pas très agréable en générale, mais ici, le but était de refaire de manière assez grossière un arbre. La boue permis d’ensevelir la roche pour s’assurer qu’elle ne s’effrite pas par la suite.
-Parfait ! On a le tronc, faut les branche ! Eoko, utilise tes pouvoir psychique pour soulever les barre métalique et venir les enfoncer dans ce pseudo-arbre ! Puis Titan, tu les fixe en recouvrant les barres avec de boue !
Scarf l’Eoko s’exécuta, soulevant les barres d’acier les unes après les autres, bombardant l’arbre comme si c’était un jeu de flèchette géant, Titan ne tardant guère à la gixer pour de bon avec la boue qu’il crachait en abondance, évitant tout de même de le Cersin. Il ne faudrait pas que le pauvre finisse ENCORE sale !
L’abri de Solid fut enfin terminé, le faux arbre étant…euh… assez effrayant en fait. Toutefois, les Coconfort aller pouvoir venir s’y pendre sans soucis, évitant les Pokémons au sol. Il aurait fallut du feuillage, mais en plein hiver, c’était peine perdue. Au moins, ils seraient à l’abri des Pokémons sauvages.
En parlant de Pokémon sauvage, certains commencèrent à se montrer, une meute de Malosse qui étaient assez bruyante. Que se passaient-ils, ils étaient contents d’avoir un abri ? AH, pas tout à fait, ils poursuivaient un malheureux Malosse dont la couleur était inhabituelle, le Pokémon avait l’air à bout de souffle.
-Eh bien, deux Pokémons chromatique dans la même journée… mais celui-ci n’a pas autant de chance que Cersin.
Voyant que le Malosse allait subir un mauvais quart d’heure, Solid se dit qu’il fallait intervenir. Les autres Malosse étaient presque sur lui, le souci allait se répéter à l’infini pour lui. Venant décocher une Pokéball, il la jeta en direction du Malosse chromatique, le faisant disparaitre à l’intérieur de cette dernière.
-Tu seras à l’abri ici. Je vais tâcher de te trouver un endroit ou tu ne souffriras pas d’intolérance !
Le Pokéball ne bougea pas, le Pokémon étant déjà bien trop épuisé pour lutter, ou peut-être avait-il compris qu’il avait tout intérêt a rester ici. Le Shield était persuadé que cela calmerait les autres Malosse, mais l’un d’eux, leur chef, semblait ne pas apprécier ce que Solid venait de faire, approchant du dresseur en grognant. Il n’en fallait pas plus au petit Rattata pour bondir de l’épaule de son dresseur, près à défendre son maitre adoré. Mieux valait mater les Pokémons trop agressifs le plus tôt possible, avant que cela ne devient de redoutable Alpha.
-Vas-y Tiny, montre-lui de quoi tu es capable ! Utilise Dust Strike !
Le Malosse avait l’air nullement impressionné par un Rattata, mais cela ne découragea pas le petit Pokémon violet, qui utilisa d’abord Roue de feu sur place, générant un important nuage de cendre. Le Malosse se précipita vers lui pour tenter de le mordre, mais… plus rien… seulement de la poussière ? Avant qu’il n’ait le temps de réagir, il n’eut pas le temps de comprendre que le Rattata avait immédiatement enchainé avec Tunnel avec la cendre pour se cacher. Sitôt que le Malosse était au-dessus de lui, le petit rat violet fnit d’utiliser Tunnel, venant frapper violemment le Malosse sous son ventre, mal protéger. Le canidé n’était pas KO mais avait pris un vilain coup, suffisamment pour que Solid sorte une Hyper Ball et la lance vers le Pokémon pour le capturer. Voilà qui devrait le calmer un temps.
En écoutant M’sieur Shield, Oren commença à se représenter la tâche qu’il allait devoir accomplir. Un grand trou plein de tunnels. Comme la Grotte Dédalique, en somme. Il frissonna en se rappelant l’angoisse qu’étaient ces cavernes. Les tunnels exigus, la lumière irrégulière, l’air immobile… Voilà que c’était à son tour d’être le créateur d’un lieu aussi hostile à un mode de vie serein.
Franchement peu motivé à l’idée de construire ce qui ressemblait pour lui d’un peu trop près à un gigantesque piège pour les malheureux insectes, mais pourtant bien résolu à suivre les conseils qu’on lui prodiguait, le gaillard se mit au travail, résigné à l’idée de creuser un immense trou. Il constata rapidement qu’il allait avoir du mal à traiter avec la matière visqueuse qui composait le sol, mais Vici vint à sa rescousse en lui proposant une bassine. Dont l’utilité échappa à Oren malgré ses explications.
« Vaudrait pas mieux qu’j’entasse tout ça dans un coin où on creuse pas ? J’pense pas si la bassine va pouvoir cont’nir toute la boue. »
La tête de l’adolescent tournait à plein régime pour tenter de déceler l’utilité de cette bassine, mais rien de pertinent ne vint le sortir de ce mauvais pas. Sous les yeux du petit homme pleins de jugement, Oren vida lentement le contenu de sa pelle dans la bassine, qui fut remplie de moitié. Il guetta du regard une approbation chez ce type qui s’était improvisé chef pour le bien du groupe, mais M’sieur Shield lui remit une Pokéball. Celle de l’Hippopotas qui dansait avec Zoïap et le Phanpy.
« Mince alors ! Vous êtes sûr, M’sieur Shield ? Vous avez tant confiance qu’ça à Zoïap ? C’est cool d’vot’ part ! J’vais aller l’voir. »
L’adolescent prit sa pelle et laissa soigneusement la bassine où elle était pour rejoindre le petit groupe. Il n’eut pas fait un pas qu’il entama la conversation avec Ketsia, la grande dame de l’efficacité. Il apprit rapidement que son Lewsor était mal en point. Evidemment qu’il serait de la partie pour aller lui rendre visite !
« Un peu qu’je veux ! J’veillerai à c’que Cib ne le malaxe pas d’ses pattes pas adroites ! »
Mais comme Ketsia commençait à accaparer l’attention des deux autres hommes, Oren y vit l’occasion de commencer ses travaux sans gêner les autres. Il franchit la distance qui le séparait du groupe de Pokémon d’un bon pas, et enchaîna sans transition en s’accroupissant à hauteur de la joyeuse troupe. Zoïap ouvrit grand ses pattes pour réclamer les bras de son Dresseur, qui le percha sur son épaule, laissant les deux autres Pokémons seuls au sol. Le Toxizap continuait à produire ses sons réguliers pour donner le tempo, mais sans présence auprès de ses deux nouveaux amis, l’ambiance n’était pas la même.
« Salut p’tit gars ! Moi c’est Oren, j’suis l’dresseur de Zoïap, et aussi l’tien, maint’nant. Ça t’chahute pas trop ? »
Pour Oren, la rencontre passait par le contact. Il posa une main sur le dos de l’Hippopotas et le poussa gentiment jusqu’à le retourner sur le dos. C’est qu’il pesait son poids, le petit boudin ! De sa paume, il se mit à frotter son ventre de sorte à agiter tout son corps et le décontracter, avant de l’attraper par les flancs et le soulever (non sans effort).
« On jouera t’à l’heure, Potipas, j’te présenterai les aut’ d’la bande. M’sieur Shield m’a dit qu’tu pouvais enlever les cendres avec ton Sable Volant. Tu penses qu’tu pourrais nous faire ça ? »
Remis sur ses pattes, le Pokémon secoua son dos et commença à émettre des particules de sable un peu partout. Elles semblaient animées de leur propre volonté, soufflant dans tous les sens malgré l’absence de vent. A défaut de libérer les cendres prises dans la mélasse qui recouvrait le sol, c’était une nouvelle couche qui venait se déposer dessus.
« Stop ! Arrête ça, ça va pas du tout ! »
Surpris, le Pokémon cessa son invocation ou ce qui y ressemblait et se roula en boule. Le gaillard s’accroupit de nouveau pour renouer le contact et le rassurer. Et même si les mots de réconfort lui venaient tous seuls, Oren se voyait dans une impasse : ce ne serait pas avec du sable en plus qu’il creuserait sa riche souterraine. Il fallait jeter un œil à la façon dont les autres s’y prenaient. Le garçon attrapa donc dans ses bras son nouveau Pokémon, et s’assura que le Phanpy ne reste pas seul, pour retourner auprès du groupe. Enfin, s’il y avait encore un groupe : il y avait de l’agitation, et ce n’était pas que pour cette histoire de trous !
Le travail de Ketsia avançait bien. Les fondations étaient consolidées par le sable que projetait Cersin, et la dresseuse avait aussi mis des pierres pour légèrement surélever le sol des huttes qu’elle construisait. Ainsi, même s’il neigeait davantage, l’abri ne serait pas facilement inondé. Quant aux « plafonds » des simili-grottes, la dresseuse n’avait pas de capacité Pokémon à utiliser pour ça. Alors, armée de briques, de poutres et de matériaux isolants, elle couvrit les niches sauvages à l’ancienne. Ce n’était pas bien beau, mais ça tenait debout. Les Malosses se sentiraient bien, là-dedans. En les imaginant se blottir les uns contre les autres, Ketsia esquissa un sourire. La Vie lui importait.
Malgré sa concentration, la jeune femme continuait d’être sollicitée par ses compagnons de travail. Ce fut au tour de Vici de lui poser une question :
« Cersin aime bien montrer qu’il est le plus fort. Qu’il mérite l’attention qu’il désire. Je n’ai pas besoin de le forcer beaucoup, si je ne tire pas sur la corde. C’est un brave Pokémon, au final. Je l’ai mal jugé, en le capturant. »
En fait, Ketsia n’avait même pas pensé à forcer ses Pokémon à obéir. Elle avait juste eu de la chance de tomber sur de bonnes pâtes. Seule Ophyla, sa Grenousse, résistait, préférant largement se la couler la plus douce possible plutôt que de prouver quoi que ce soit. Sa dresseuse ne la forçait pas, mais pensait sérieusement à la relâcher si elle continuait à ne rien faire… Il allait falloir que son batracien et elle discutent.
Solid avait l’air, quant à lui, de vouloir aider Ketsia à mieux considérer Cersin. C’est vrai que formulé comme elle l’avait fait, on pouvait croire que la jeune femme n’appréciait pas beaucoup son Pokémon.
« Cersin est encore petit. C’est pour ça que je le fais sortir de sa Pokéball. Il ne sera pas protégé parce qu’il est différent, il faut qu’il progresse. Seulement comme ça, il pourra trouver sa place dans l’équipe. Il a un défi à relever, et je sais qu’il peut y arriver. Je suis fière de lui. »
Ketsia se surprit elle-même à prononcer ces dernières paroles. Mais depuis que Saucori avait quitté l’équipe, elle avait accordé beaucoup plus d’attention à Cersin. Et il lui rendait au centuple. Le Pokémon râlait souvent, c’est vrai, mais il cherchait toujours à repousser ses limites. Il faisait toujours de son mieux pour prouver à sa dresseuse qu’il avait un rôle à jouer. Combatif, il apprenait peu à peu que sa beauté seule ne suffisait pas à obtenir des louanges, surtout de la part d’une femme de terrain et d’efficacité comme Ketsia.
Si l’originaire d’Hoenn avait su comment s’y prendre dans les relations sociales, elle aurait sûrement remercié Solid pour le partage de son expérience, et pour ses conseils. Il lui avait permis d’avancer dans sa compréhension de son Pokémon, elle qui réfléchissait d’habitude très peu à ce qu’elle ressentait.
Solid faisait d’ailleurs preuve de beaucoup de talent, dans la maitrise de ses propres Pokémon. Voilà un dresseur compétent, qui savait ce qu’il faisait faire à ses compagnons. Le faux arbre qu’il avait fait construire à ses créatures était tout à fait adapté, selon ce que Ketsia connaissait. Et le Shield l’avait construit en si peu de temps… la jeune dresseuse était impressionnée.
« Tu maîtrises tes Pokémon. » , dit-elle simplement.
Tandis qu’elle observait le travail de son collègue aux cheveux verts avec attention pour en prendre de la graine, une meute fort bruyante de Malosses pointa le bout de son museau. Encore une fois, le grand homme fit montre de qualités de dresseur Pokémon, et calma les Sombres, à l’aide de son Rattata. Un coup de maître. Une fois la situation apaisée, Ketsia se permit une question.
« Tu es Top-Dresseur ? »
Les seuls dresseurs aussi talentueux dont on lui avait parlé étaient de cette catégorie, voire des champions d’arène. Elle, n’avait jamais pensé à utiliser les Pokémon de manière stratégique pour se battre.
Pendant ce temps, son raton dont elle parlait depuis tout à l’heure s’était trouvé un nouveau –sujet-- copain. Près de l’éléphanteau qui jouait dans son sable, il grimpa sur le dos du Phanpy pour dominer la situation comme un souverain surveille son peuple pour mieux le gouverner. Être en hauteur était fort agréable !
Agréable aussi fut la réponse d’Oren à la proposition de la grande femme. L’adolescent acceptait d’aller rendre visite à Saucori ! Le Lewsor ne se sentirait pas abandonné pendant sa convalescence.
« Voici ses coordonnées médicales confidentielles, pour que tu puisses le voir sous surveillance. »
La grande femme gribouilla des notes sur un des papiers qu’elle avait toujours sur elle, avant de le tendre à son camarade.
« C’est indispensable pour aller voir certains Pokémon qui sont victimes de trafic. Garde-les pour toi. »
La journée touchait à sa fin, et le Crabarraque du propriétaire le rappelait en venant vérifier l’avancée des travaux avec de plus en plus d’insistance. Il allait falloir songer à finir les abris et à plier bagages.
Oui, il commençait à avoir des remords, d’être allé auprès d’Oren. La bassine en plastique, sujet de la discorde, continuait de pendre aux bras du rouquin, Vici le gratifiant d’un haussement de sourcil circonspect. Évidemment que la bassine n’allait pas contenir toute la boue de la Serramana ! C’était pour la déplacer plus facilement qu’il n’était en train de le faire, essayant d’enfermer la mélasse grise de cendre mouillée comme on essaie d’attraper un Tadmorv paresseux ; ce n’était pas différent de construire un piège ou un puits plus profond dans le sable. Il avait ce vilain défaut de croire que tout le monde devait connaître ce qu’il avait appris de son enfance à Rhode, mais en même temps, un enfant de cinq ans aurait pu le comprendre, c’était de la physique la plus simple. Il n’y avait qu’à voir comment Ketsia – et il la remercia intérieurement d’avoir, inconsciemment ou non, dispatché leur tâche respective, car il devint rapidement évident qu’il n’y avait rien à tirer d’Oren – gérait ses propres pertes.
Il aurait pu lui réexpliquer ; mais à ce stade, certain de sa solution, qui considérait avoir déjà fait un effort surhumain pour simplement l’approcher le premier, avait déjà classé le rouquin dans la catégorie des cas désespérés, et se contenta de hausser les épaules et un dédain à peine dissimulé. « A toi de voir. »
Un coup d’œil ultérieur lui fit voir que, malgré ses protestations initiales, le rouquin s’était employé à ramasser la boue dans la bassine. Vici le gratifia d’un silence, qui signifiait qu’il était sur la bonne voie. Ce serait, bien sûr, bien avant qu’il invoque une micro-tempête de sable. Mais avant ça, revenons à la discussion avec Ketsia.
Discussion était un bien grand mot, mais au moins la jeune femme ne sembla pas s’offenser de sa franchise. Elle lui répondit d’ailleurs avec la même honnêteté, ce qui lui attira sa sympathie immédiate – en même temps, pas très difficile, car les deux autres hommes ne pouvaient guère entrer dans cette compétition. Il encaissa les mots sans rien dire, alors qu’elle décrivait toute la personnalité de son dénommé Cersin. Le Zigzaton de Galar n’avait effectivement pas perdu de temps à se donner de la hauteur, en essayant de monter sur le dos de Dumbo. Le Phanpy n’était pas beaucoup plus grand, mais il était fort, et il encaissa bravement. Il se permit même de frimer, de se soulever sur ses pattes arrières en barrissant, battant des oreilles pour garder l’équilibre … Et risquant au passage de faire basculer sa charge par terre. Oups ! Ce n’était pas aujourd’hui qu’il serait honorable kumki, la perle du maharadjah.
« … Je vois. » Il était vrai que, dans son cas, il n’avait pas beaucoup cherché à comprendre la personnalité de Parangada. Il se rendait même compte que, lorsqu’elle reprit la parole auprès de Solid, elle décrivait son Zigzaton galarois autrement. Elle était fière de son Pokémon, malgré son apparente faiblesse et son caractère … particulier ; il ne pouvait pas dire que, même avec tous les efforts qu’il y avait mis, il pouvait susciter la même fierté pour son propre Pokémon chromatique. Il lui avait semblé – à tort, il savait maintenant – que l’obéissance du Goupix lui était due. Après tout, cela semblait si facile avec Valor. Il avait son propre tempérament, moins docile que Dumbo ou même que Pià … Et, depuis leur mission à Vallévie, il croyait que le mal était déjà fait.
Là-dessus, il retourna sans un mot continuer à creuser ses terriers ; il avait eu la réponse qu’il voulait de Ketsia, donc inutile de s’éterniser.
C’est donc à ce moment-là qu’Oren se rappela à eux, s’égosillant en soulevant du sable avec l’Hippopotas. Vici ne dit rien, mais regarda une poignée de secondes, avec la curiosité morbide inavouée de ceux qui regardent les trains dérailler. Oren était un vrai phénomène, et le peu d’indulgence qu’il lui accordait, du fait de sa stupidité encore inoffensive, disparut. Ça ne dérangea toutefois pas Dumbo, au contraire, qui en oublia son cornac improvisé. Un Jet de Sable, c’était bien, mais ça, c’était mieux ! Et même s’il était né dans les montagnes gelées, il avait encore la mémoire des déserts et des tempêtes de poussière dans lesquelles jouer.
Comme tous les autres, Vici fut enfin surpris et distrait par les appels de Malosse qui se dirigeaient vers eux en coursant l’un des leurs. Il n’eut pas le temps d’en voir la couleur que Solid intervint ; c’était juste naturel, pour certaines personnes, se reprocha-t-il. Mais le rhodien ne s’appesantit pas dessus car, de l’autre revers, un duo de Laporeille courait vers eux ; sans doute avaient-ils été chassés par la meute avant que l’un d’entre eux commette une bévue – jugement honnête, selon lui. Les lapins sauvages lui passèrent devant et, instinctivement, se réfugièrent dans un des trous.
Ça prouvait qu’il avait eu la bonne idée, au moins, en essayant de reproduire les observations sur Sapereau. Il n’avait plus qu’à continuer en variant les espacements et les profondeurs – question de stabilité – avant que le crépuscule hivernal ne mette fin à leur mission.
Après avoir transmis Potipas le petit Hyppopotas à Oren et façonné le faux arbre pour les Coconfort, il fut interrogé par Ketsia sur son métier. Etait-il un Top Dresseur ? Le Shield esquissa un petit sourire, satisfait d’être comparé à un de ses dresseurs connus pour leur puissance. Mais la vérité est tout autre…
-Eh bien, j’ai choisi une voix bien plus compliquée à vrai dire. Je suis avant tout un Coordinateur, et j’ai bien l’intention de gagner tous les Rubans de l’île avec mon Rattata. On pourrait croire que les Coordinateurs sont faibles, mais cela demande beaucoup de travail en vrai, presque autant qu’un Topdresseur ! Je ne regrette pas d’avoir choisi cette voie ! Et je débute aussi l’élevage vu que j’ai pas mal d’espace pour ça, mais c’est pas au point encore.
L’hôtel était un endroit parfait pour accueillir plusieurs Pokémons, et il avait encore la place non loin pour faire une possible extension, mettre en place une pension en complément de son hôtel serait absolument parfait. Il allait falloir qu’il s’y penche plus sérieusement, maintenant qu’il avait vu comment il pourrait faire en plus faire plaisir aux habitants d’Ankora.
En voyant que Vici observait Oren, Solid regarda ce qu’il se passait, Potipas soulevant le sable qui se mélangeait à la cendre, ce qui empêchait Oren de pouvoir travaillait correctement. Oren s’occupait bien de son nouveau Pokémon, pour le plus grand plaisir de Solid, mais il fallait encore qu’il puisse être utile. Ce sable avait toutefois une bonne utilité possible, et il était temps de démontrer que la coordination n’était pas juste là pour faire joli !
-Il y a un concours de coordinateur qui se déroule sur la plage, du coup je me suis renseigné sur ce que l’on pouvait faire avec le sable. Je pense que ton Toxizap et ton Hyppopotas peuvent travailler de concert.
Que voulait-il dire par là ? En guise de réponse, le petit Rattata vint utiliser son attaque Rayon chargé sur une partie de sable qui trainait désormais par terre, venant soudainement solidifier le tout en une espèce de roche.
-Il s’avère que la foudre, lorsqu’elle frappe la plage, solidifie ainsi le sable, formant ce qu’on appelle de la fulgurite. Après je ne suis pas un grand scientifique, mais je pense que cela pourrait permettre à tes Pokémons de solidifier ce que tu fais pour que ta structure ne s’affaisse pas. Ce n’est pas forcément la meilleure idée, mais j’espère qu’elle pourra t’aider.
Solid avait toujours peur que les informations qu’il délivrait pour les autres ressemble à des ordres ou qu’il se donne des airs supérieurs, alors que sa volonté première n’était que de donner les clés de la réussite aux autres.
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Une fois que tout le monde eut finit de faire son type d’abri pour les Pokémons vivants non loin de la Serramana, Solid repensait à la discussion à propos de Cersin. En un sens, il lui rappelait beaucoup son adorable petit Rattata, Un Pokémon qui n’avait facilement que bien peu de possibilité naturellement, mais qui pouvait toutefois avoir une myriade de Possibilité pour peu qu’on les aide un petit peu. En voyant également l’adorable Dumbo de Vici et le très enjoué Cialba d’Oren ainsi que son propre Rattata, une folle idée traversa alors l’esprit de Solid.
-Bien, on a tous travaillé bien dur, et j’ai passé un bon moment. Du coup, j’aimerai marquer le coup pour conclure cette mission. J’aimerai aider Cersin, mais aussi le jeune Bébécaille et le Phampy. Toi aussi mon adorable Rattata, tu vas pouvoir participer. Je me suis dit que ce serait l’occasion idéal que mon Steelix vous enseigne… Queue de Fer !
Titan le Steelix était juste derrière, semblant un peu surpris de se retrouver soudainement à avoir une casquette de professeur, mais la surprise laissa bien vite palce à un sentiment de fierté. Mieux valait qu’il ne prenne pas la grosse tête, déjà qu’elle était littéralement énorme… en tout cas, il ne se fit pas prier pour montrer sa capacité à plusieurs reprises aux Pokémons qui avaient accepté de s’entrainer, faisant la pratique de la capacité loin des abris fraichement construit, voulant éviter de gâcher la mission. Après plusieurs tentatives, le petit Rattata de Solid finit par réussir a rendre sa queue métellatique, détruisant d’un coup rotatif une petite pierre avec sa queue dorsale devenue métallique. Il y en avait au moins un qui avait réussi la leçon du professeur Steelix !
-J’ai été ravi de travailler avec vous trois en tout cas. Je travaillerai avec plaisir avec vous une prochaine fois encore !
(Merci du rp ! Vous pouvez apprendre ou non le Move-Tutor si vous voulez o7 Je l'aurai bien fait gratuit, mais c'est 25 ressources minimums, je vous laisse mettre ce que vous voulez si vous désirez apprendre Queue de fer o/)
M’sieur Shield arriva d’un pas déterminé à sa rencontre. Même s’il en cachait une bonne part, Oren vit dans son champ de vision les constructions de ses camarades de mission : elles avaient bien avancé, alors que la sienne en était toujours au point mort. Son trou s’était rebouché, et c’était à peu près tout ce qu’il avait produit jusqu’à présent. Rapidement, le grand homme lui fit une démonstration d’un tour de force : il transforma la couche de sable en une plaque dure et sombre avec son Rattata. Non seulement époustouflé par la prestation, Oren était aussi étonné qu’un Rattata maîtrise des pouvoirs électriques. Il connaissait ces Pokémons pouvoir avoir déjà dû les chasser des bateaux, mais jamais il n’avait été confronté à ce genre de capacité. Le Pokémon devait avoir un niveau surpuissant.
Cialba qui aimait jusqu’à la déraison le sable avait quitté son nouvel ami-attraction pour venir et se rouler dans ce mélange de boue et de sable. Mais dès lors qu’elle aperçut la transformation du sable en roche, elle vrilla complètement. Elle sauta sur sa la plaque et la frappa de ses pattes, de sa tête, de tout son corps pour retrouver l’aspect sablonneux. Oren déposa son nouvel Hippopotas pour attraper la petite dragonne qui se débattit en pleurant.
« Mais t’inquiète Cib, Potipas pourra t’faire du sable plus tard. Laisse-nous travailler un peu. Tu veux r’tourner avec le colosse tout en métal ? »
L’adolescent donna l’impulsion nécessaire à la Bébécaille pour qu’elle coure à toute vitesse vers le serpent d’acier. Il se retourna face au désastre causé par son Pokémon qui avait brisé la roche en plusieurs fragments. Il lui pardonna rapidement, mais quelque chose le chiffonnait :
« Ça fait une couche dure d’ssus, mais pas en-d’ssous. Ça va êt’ assez solide ? »
Oren attrapa son Toxizap sur l’épaule pour le reposer dans la gadoue ensablée. Ses pattes avaient laissé des traces sur sa veste mais il n’était plus à quelques salissures près. Sans s’attarder sur les détails, il demanda à son Pokémon de produire de l’électricité pour reproduire l’exploit du Rattata. Il n’avait jamais vu Zoïap faire autre chose que de petites étincelles depuis ses joues dodues, mais M’sieur Shield semblait croire qu’il était capable de plus. Oren n’était pas du genre à sous-estimer ses Pokémon alors il lui donna sa chance, mais il dut rapidement se rendre aux faits établis : même en frottant le sol de ses joues, le Toxizap ne parvenait pas à solidifier le sable.
« C’est pas grave, mon gars, ça viendra avec le temps, rassura-t-il son Pokémon avant de s’adresser plus fort à M’sieur Shield. Bon, ben j’crois qu’on va faire ça à l’ancienne, avec de la bonne huile de coude. »
Une fois de plus, Oren se saisit de sa pelle et se remit à creuser. Energiquement, à un rythme plus rapide que celui de la boue remplissant le trou. Il s’enfonça jusqu’au genou, jusqu’à la taille, jusqu’au coude. A ce niveau-là, la terre était moins humide, plus facile à creuser. Elle restait en place. Avant de commencer à s’enfoncer sous terre, il jeta un œil à ce que les autres faisaient. Il semblait y avoir effervescence autour du Steelix. Il y repéra Cialba, Ruqa qui s’était perché sur la tête du serpent géant, Zoïap et même Potipas, qui restait collé à son nouvel ami. Tout ce petit monde voguait sur une bonne entente, il n’avait pas à s’en faire. Il pouvait creuser son trou-ruche (sans idée de ce à quoi ça pouvait ressembler) en toute sérénité. Ou presque : il ne voulait pas faire attendre les autres outre mesure, mais ne savait pas quelles précautions prendre pour éviter que tout ne s’effondre. Alors à renforts de poutres tranchées à la va-vite, il consolidait ses tunnels. Son rythme ne faiblissait pas, mais l’ouvrage était long. Il aurait préféré agir de concert avec un binôme, mais force était de constater que ça n’avait été ni programmé ni souhaité. Tant pis, il achèverait un peu ronchon son ouvrage.
La fin de la journée se profilait. Déjà, diraient certains, le soleil de décembre paresseux couché avant l’heure derrière les massifs. Enfin, dirait Vici, qui trouvait que sociabiliser bien plus éreintant que l’effort physique auquel il s’attelait depuis le matin. Une fois les Laporeille chassés des terriers en construction – les deux lapins sauvages, peu téméraires, ne firent que vérifier la disparition des Malosse pour filer, bien contents d’échapper à la capture, ils étaient trop mignooons pour ça ! –, il put reprendre le travail avec la même précision mécanique que l’habitude forgeait dans le corps. Juste une fois, son regard retomba sur Oren, et vit Solid se diriger à son tour vers le rouquin. Il s’abstint de lui confier que ce dernier était une cause perdue.
Dumbo, resté près de ce groupe, continuait à se rouler dans les sables de l’Hippopotas sans sembler se lasser, lorsque le Rayon Chargé le frôla pour soulever le limon. L’attaque avait formé une longue protubérance en forme de branche, comme fossilisée ; mais le Phanpy n’attendit pas de la voir pour s’enfuir dans les jambes de son Dresseur, terrifié par la démonstration. Il ne reçut de ce dernier qu’un regard suffisant, l’air de dire qu’il l’avait bien mérité, à traîner, avant une petite caresse maladroite pour le réconforter. Le rhodien, à l’évidence, était plus à l’aise avec le travail de la roche qu’avec les marques d’affection.
C’est d’ailleurs Solid qui décida, unilatéralement, de mettre un terme à leur mission. Vici le reprochait sur le principe seulement – il n’aurait de toute façon rien osé dire à voix haute, et se jugeait plus sévèrement pour ne pas être capable d’avoir la même aisance – car, du fait, ses terriers de Laporeille étaient terminés. Ils avaient fait avec Dumbo, qui piétinait avec lui entre les ouvertures d’un pas peu téméraire, en garantissant ainsi qu’elles ne s’effondrent pas sous des poids trop lourds ; ils avaient fait une dizaine de trous espacés de deux pas les uns des autres, comblés de petites pierres au fond. Il n’en était pas peu fier, malgré la sueur, la poussière qui barraient son front et le creux de ses mains. Un regard cursif lui suffit pour voir que ses partenaires de mission avaient également, plus ou moins pour certains, terminés leurs constructions. Donc, pour marquer l’occasion, l’homme aux cheveux verts voulait apprendre quelque chose à tous leurs Pokémon.
Queue de Fer, hein ? Bon, ça ne coûtait rien d’aller voir.
Dumbo, de son mauvais côté, n’avait pas entendu, mais il suivit malgré tout docilement son Dresseur auprès du groupe pour ne pas rester isolé. Et lorsqu’il comprit de quoi il en retournait, en voyant le Steelix se cabrer puis projeter tout son corps dans un mouvement de coupe, comme appelé par son instinct ; il se gonfla jusqu’au bout des oreilles pour barrir d’enthousiasme. On n’aurait pas pu rêver meilleur élève.
Le Phanpy n’avait pas vraiment de queue à proprement parler, tout juste un petit moignon de graisse piqué sur son arrière-train, mais il s’employa avec énergie à agiter le postérieur avec la même rigueur et le même entrain. Il lançait des petits coups de bassin vers le côté au rythme de son tuteur et de son Dresseur, qui avait encore assez de dignité pour ne pas imiter ce mouvement, mais s’appuyait d’abord d’un coup de pied bien ancré avant de déplacer son bras ; conscient qu’il n’aurait pas le Steelix en face de lui pour lui montrer quoi faire en combat. Il faudrait, bien sûr, encore de l’entraînement, mais au bout de ces essais, l’éléphanteau reproduisait le mouvement à la perfection, coupant l’air d’un membre fantôme comme une barre de fer.
Ce fût là-dessus que Solid les salua tous trois ; avec une solennité qui mériterait d’être étudiée, il n’aurait pas réussi à la répliquer même s’il avait essayé.
« Ouais … Bon boulot. » C’était sa phrase fétiche, celle qui semblait toujours satisfaire. Il accorda toutefois un léger signe de tête à l’homme, qui aurait pu s’apparenter à de la reconnaissance pour son enseignement – encore fallait-il savoir déchiffrer le Vici.
HRP:
J'inverse mon tour avec celui de Ketsia, avec son autorisation. Merci pour le RP (et pour le Move Tutor) !
La question de Ketsia eut l’air de flatter son interlocuteur aux cheveux verts. Néanmoins, ce dernier détrompa immédiatement la dresseuse, exposant ses ambitions professionnelles avec force de détails. Être Coordinateur devait effectivement être plutôt compliqué, surtout avec une contrainte comme celle que s’imposait Solid. Cela dit, s’il ne comptait que sur son Rattata pour gager des Concours, c’est que les deux êtres devaient avoir une confiance aveugle l’un dans l’autre. Quant à l’élevage, voilà bien quelque chose que Ketsia se savait incapable de faire. L’idée d’avoir à s’occuper de tas de petits bébés fragiles et incapables la faisait angoisser rien que d’y penser.
Sa propre réflexion quant aux informations qu’elle venait de recevoir n’était même pas terminée, que sous ses yeux, le Shield faisait à nouveau montre de ses capacités. Décidément… il serait intéressant d’aller voir ce dresseur aguerri à l’œuvre, que ce soit en combat ou lors d’un concours.
Comme pour encourager ses cadets, le Coordinateur proposa une leçon fort intéressante : il chargea son Steelix d’apprendre Queue de Fer aux Pokémon présents qui le pouvaient.
« Cersin, viens par là. Tu vas pouvoir briller. »
Ketsia commençait à savoir comment motiver son Pokémon. Et même si Cersin n’avait aucune raison de se démarquer plus que ça par rapport à la dynamique Cialba ou au courageux Phampy, sa dresseuse ne lui mentait pas tout à fait… S’il réussissait, sa queue allait scintiller !
Après quelques exécutions du fameux tournoiement, le Zigzaton vanille-fraise avait la tête vrillée, et les pattes en compote. Mais, en lissant les poils, habituellement hirsutes, de son membre caudal, il réussissait à obtenir quelque chose. Hors de question pour lui de se plaindre devant sa monture officielle, ni même devant la dragonne surexcitée. Il devait montrer qu’il était un souverain au-dessus du lot. Alors, avec toute la force de sa conviction, il démontra à son gigantesque professeur métallique qu’il était (forcément) le meilleur élève. Comme recouverte d’un métal inconnu, sa queue brillait en effet d’un éclat rose profond, et un seul coup aurait suffit à pousser au loin tout ce qui se serait trouvé sur son passage. Cersin avait appris l’attaque ! Allez-y, vénérez-le.
Sa dresseuse, qui observait de loin la leçon, avait fini son œuvre. Les petits abris construits allaient bientôt se remplir de vie. Fermant les yeux un instant, Ketsia fut obligée de les rouvrir quasiment instantanément : un Pokémon tirait sur son pantalon.
« Qu’est-ce que tu veux ? »
Aimable comme à son habitude, la jeune femme accueillit le Crabicoque qui la sollicitait avec un air interrogatif. Une espèce comme celle-là n’avait pas besoin de contact, normalement. En s’accroupissant pour se mettre au niveau de la bête, la dresseuse constata que celle-ci grelottait. Sa coquille, une pierre mal taillée, était pleine de trous.
« T’as pas trouvé mieux ? »
Et allez, elle allait encore écoper d’un Pokémon à ré-insérer. A croire qu’ils avaient fini par le savoir, et tous venir vers elle au moindre problème. Après une courte fouille dans ses poches, la dresseuse sortit une Copain Ball, et fit entrer le Crabicoque à l’intérieur. Elle allait avoir besoin de sa coopération pour le convaincre de changer sa coquille pour plus étanche.
« Merci, Titan, pour le cours. Solid Shield, je viendrai assister à ta prochaine représentation. »
Le travail achevé, les outils rangés, la troupe n’avait plus qu’à rentrer, chacun de son côté. Sur le départ, Ketsia jeta un regard circulaire à ses nouvelles connaissances en guise de salutations, et soutenu plus particulièrement celui adressé à Oren. Le tout jeune homme n’avait pas réagi à la réception des coordonnées médicales de Saucori. Est-ce que Ketsia avait fait une bêtise, en les lui transmettant ? Heureusement qu’elle allait voir son Lewsor tous les jours, elle ne laisserait rien de grave arriver.
HRP:
Avec l'accord de Solid et Vici, je capture l'un des Crabicoques qu'ils ont rencontrés. Merci pour le MT, Cersin l'apprend effectivement.