« Bonjour ! J’viens pour l’rendez-vous qu’on m’a donné avec Melba, une Zorua. »
Le grand gaillard se tenait devant le comptoir de l’accueil, pas très confiant. Sa stature n’avait jamais rien fait d’autre que lui ajouter un peu d’assurance, mais aussi peu confiant qu’il était, c’était rarement suffisant. D’autant plus qu’il s’aventurait dans une démarche administrative bénévole, c’est-à-dire quelque chose qu’il ne connaissait que très mal. Si on y prêtait vraiment attention, on pouvait voir son bras trembler. Entre son angoisse et l’énergie que lui drainait Avir, enroulé autour de son biceps, ses forces le quittaient. Il avait 18 ans, n’avait jamais vécu si longtemps seul, n’avait fait qu’une seule démarche administrative de toute sa vie. Et voilà que cette fois-ci encore, c’était pour prendre des responsabilités.
Mais… adopter un Pokémon au caractère si difficile, c’était un défi qu’il voulait relever. Son rapport aux Pokémons était l’une des rares caractéristiques qui le différenciait de ses frères, il voyait donc dans la Zorua un moyen de montrer qu’il s’en sortait vraiment mieux qu’eux. Il s’agissait autant d’une bataille d’ego qu’un besoin profond de trouver sa place, de trouver ce qui le rendait unique et digne d’intérêt, de s’émanciper de l’ombre de ses frères et de vivre libre. Ce Zorua représentait beaucoup pour lui.
Ce jour-là, je faisais du rangement au niveau du comptoir en classant les différentes fiches des pensionnaires dans des classeurs. Je m’étais très rapidement retrouvée débordée par les demandes et le manque de temps ce qui avait eu pour conséquence l’arrivée d’un amoncellement de papier. Concentrée j’alignais consciencieusement les papiers pour faire de belles piles soignées lorsqu’une voix retentie à l’entrée du Refuge.
« Bonjour ! J’viens pour l’rendez-vous qu’on m’a donné avec Melba, une Zorua. »
Déstabilisée dans ma concentration, une partie des feuilles s’échappèrent de mes mains pour venir glisser à mes pieds derrière le comptoir.
« Euh.. oui ! B-bonjour ! Vous devez être Oren, je me souviens ! Euh… excusez-moi.. »
Je me baissais pour ramasser les feuilles qui s’était rependues à terre… mélangées… Oh… je poussais un soupire, avant de me relever et d’essayer de conserver un sourire accueillant. Ce n’était pas le moment de le faire fuir, surtout qu’il venait pour la tornade de ce Refuge. Je me retrouvais donc face à cet homme que je n’avais jusqu’ici jamais vu. C’était un grand roux, si grand et musclé que je me sentais ridiculement petite et frêle à côté. Une chose est sûre, si je l’avais déjà croisé je m’en souviendrais.
« Je vous souhaite tout d’abord la bienvenue au Refuge, merci beaucoup pour l’intérêt que vous portez à Melba, j’espère que vous vous entendrez bien tous les deux ! Je vais vous mener à elle, pour que vous fassiez connaissance ! »
Maladroitement, je fis le tour du comptoir pour prendre la tête de notre groupe, si un groupe de 2 pouvais être appelé un groupe, pour l’emmener dans les jardins. Là, je réalisais quelque chose. Il fallait trouver Melba. Et si Melba ne voulait pas qu’on la trouve, ça risquait de prendre plus de temps que prévu ! D’un sifflement, j’appelais Marquis et Comtesse et leur demandais de nous aider à chercher la petite Zorua. Quelque soit l’apparence qu’elle avait décidée de revêtir, nous trouverons bien quelque chose qui nous paraitra suspect. En attendant, mon regard se dirigea vers la boule violette qui semblait presque fusionner avec le bras de cet Oren.
« Oh c’est le Baudrive dont vous m’aviez parlé dans votre mail ! Il à l’air très attaché à vous, enfin… je veux dire… pas uniquement littéralement attaché »
Un frisson parcourra mon dos au souvenir de l’automne dernier et des migrations de ces créatures… ou plutôt de ce qu’ils trainaient avec eux… Depuis cette époque j’avais quelque peu de mal à regarder de la même manière ces ballons aux premiers abords inoffensifs.
La jeune femme qui était derrière le comptoir sursauta en entendant Oren. L’adolescent écarquilla les yeux, se demandant s’il ne venait pas déjà de faire sa première bourde. Il savait qu’il parlait naturellement fort, mais il avait tendance à l’oublier. Il ne savait même pas à qui il s’adressait et ne pouvait donc pas s’excuser en bonne et due forme.
« J’voulais pas vous effrayer, m’dame. »
La femme devant le gaillard ne lui paraissait pas beaucoup plus vieille que lui, ça le dérangeait de l’appeler « Madame ». La situation s’annonçait déjà difficile pour lui. L’adolescent s’avança pour l’aider avant de s’arrêter : avait-il le droit de passer derrière le comptoir ? Sur son bateau, il n’y avait aucune règle du genre, mais à Ankora, tout était plus codifié.
Avant qu’il ait eu le temps de prendre une décision, la jeune femme se releva pour continuer les salutations formelles. Elle sortit et le guida jusqu’à la porte menant sur le refuge. Elle demanda à deux Pokémon de l’aider avant de poursuivre son chemin. Oren ne savait pas où il allait, mais il suivait, en observant ce nouvel environnement. Finalement, pour qu’un silence trop pesant ne s’installe pas entre l’adolescent et elle, la responsable du refuge interrogea Oren sur le Pokémon accroché à son bras.
« Oui, m’dame ! Un peu craintif, mais doux comme pas deux ! Il s’accroche à mon bras pour pomper d’l’énergie en continu. Ça accélère sa guérison. Il fait ça doucement pour pas qu’j’le sente. Hein, Avir ? »
Enfin, d’habitude, il s’y prenait avec douceur. A l’instant présent, Oren commençait à avoir des fourmis dans les doigts. Les pattes du Baudrive enserrait trop fort son biceps, agissant comme un garrot. Et au lieu de se dégonfler pour diminuer son altitude et se cacher derrière le large dos d’Oren, le Baudrive resta figé dans les airs, l’air ailleurs. L’adolescent mit son attitude sur le fait qu’il devait peut-être sentir la présence d’autres Pokémons blessés, que de mauvais souvenirs pouvaient l’assaillir. En se contorsionnant pour ramener le visage d’Avir à sa hauteur, le gaillard remarqua quelque chose qui confirma ce qu’il soupçonnait : un Baudrive flottait dans les airs, porté par un courant, en direction d’une bâtisse.
« Oh, j’savais pas qu’vous preniez soin de Baudrives ici aussi, m’dame ! Si vous avez b’soin d’un coup de pouce pour les soigner d’temps en temps, j’peux p’t-êt’ vous aider. J’sais comment faut s’y prendre maint’nant. »
Oren adressa un sourire bienveillant à son hôte, tout en tentant du bout des doigts de desserrer les pattes d’Avir. S’occuper des Pokémon, c’étaient l’une des rares compétences dont il pouvait se targuer. Pas tous, car son expérience était limitée, mais certaines connaissances étaient valables pour toutes les espèces ou presque.
« Oui, m’dame ! Un peu craintif, mais doux comme pas deux ! Il s’accroche à mon bras pour pomper d’l’énergie en continu. Ça accélère sa guérison. Il fait ça doucement pour pas qu’j’le sente. Hein, Avir ? »
« C’est… généreux de votre part ! »
C’était incroyable d’accepter de cette manière la nature si particulière de son Pokémon. C’était quelque chose qui me faisait un peu peur si je devais un jour récupérer au Refuge un Pokémon de type Spectre. Ils avaient tous leur particularité mais… un gout prononcé pour l’énergie vitale des gens… Est-ce que je devrais faire comme Oren et me laisser vider de mon énergie comme ça ? Je ne devais pas avoir la même endurance que lui, c’était sûr…
« Oh, j’savais pas qu’vous preniez soin de Baudrives ici aussi, m’dame ! Si vous avez b’soin d’un coup de pouce pour les soigner d’temps en temps, j’peux p’t-êt’ vous aider. J’sais comment faut s’y prendre maint’nant. »
Je ne compris pas immédiatement ce dont il me parlait, mais en suivant son doigt je vis un autre Baudrive se laisser porter par le vent au-dessus de nous. Je regardais à l’épaule d’Oren mais le siens était toujours bien accroché à son bras, c’était comme s’il avait fusionné avec lui.
« Des Baudrives… ? C’est gentil mais… je n’en ai pas accueillis ici…, celui-ci s’est peut-être perdu ? On approche de l’automne, l’année dernière les baudrives étaient arrivés à cette époque là de l’année, peut être qu’ils ont décidés de migrer à nouveau au-dessus d’Ankora ? »
Oh non… La perspective d’une nouvelle saison avec ces Pokémons transportant leurs funestes présents me glaçaient le sang. Et s’ils lâchaient leurs os dans le Refuge ? Si je tombais dessus en faisant mon jardinage ? Et si pire encore ils lâchaient d’autre chose que des os… Des trucs plus… frais ? Oh bon sang il ne faut pas que je pense à ça… Il s’est surement égaré et retrouvera son chemin grâce au vent ! Partons sur une note plus positive !
« Oh d’ailleurs vous pouvez m’appeler Gaëlle ! D’ailleurs on peut se tutoyer si vous… euh… tu ? le voulez ? Je ne suis pas très à l’aise avec les formalités ! »
Vu sa taille et sa musculature, il était difficile de deviner l’âge de cet homme mais il ne devait pas être plus vieille que lui non ? Quoi qu’il en soit, je me disais que la relation serait beaucoup plus cordiale si nous discutions d’égal à égal tous les deux. Après tout, je ne vouvoyais presque jamais mes partenaires de mission, pourquoi cela serait différent ici ? J’espère juste que ça ne le dérangerait pas, sinon ça pourrait très certainement jeter un froid… Mais en attendant une réponse, je ne pus lâcher du regard le Baudrive qui dérivait toujours. Il s’agitait bizarrement…
« Mince, il va rentrer dans le bâtiment ! Il doit y avoir pleins d’échardes là-dedans… Je ferrais mieux de le descendre et de l’amener au Sanctuaire ! »
Avec l’aide d’Alty, le petit Tylton que j’avais recueillis récemment, je réussis à récupérer le ballon et m’apprêtais à le capturer pour pouvoir l’emmener sans encombre au Sanctuaire ou il serait plus à sa place avec ses congénères perdus. Le tenant par l’une de ses ficelles d’une main, et tenant la Pokeball de l’entre, j’entrepris donc capturer le petit spectre mais… sans succès. La Pokéball refusait de le capturer, comme si…
« Tiens… bizarre, il appartiendrait déjà à quelqu’un… ? »
Je rejoignais donc Oren pour lui expliquer la situation, le baudrive toujours à la main. Il allait falloir que je trouve son dresseur du coup, il s’était surement fait surprendre par le vent… Avoir peur de ses Pokémon ne m’empêchait pas d’éprouver une grande empathie pour cette créature, elle devait être terrifiée… Heureusement qu’Oren l’avais vu, sinon je ne sais pas ce qu’il serait devenue.
L’adolescent était loin de se douter que son Baudrive refroidissait son hôte. La jeune femme devant lui avait eu un mouvement de recul, bien que discret. Ce genre de futilité gestuelles échappait presque toujours au regard manquant de vigilance d’Oren. Occupé comme il était tenter de desserrer l’emprise du Baudrive autour de son bras, il était loin d’être concentré sur les sentiments de la responsable qui l’accompagnait, trop occupé à tenter de desserrer l’emprise des pattes du Baudrive autour de son bras.
« Vous avez eu des Baudrives ? C’est vrai qu’Kris nous en avait parlés. »
Oren secoua la tête, se rendant compte que sa phrase ne devait pas avoir beaucoup de sens pour la jeune femme.
« Kris, c’est mon frère. Il est doué pour d’viner comment les Pokémons migrent. Et pis on a l’habitude des Baudrives au-d’ssus d’la mer. »
Le gaillard de reconcentra sur son bras. Sa main fourmillait jusqu’au poignet, l’engourdissant désagréablement. Il commença à tirer assez fort, voyant que le Baudrive ne réagissait pas du tout.
« Ouep… on peut… s’tutoyer… »
Ses mots étaient entrecoupés de râles sous l’effort des mouvements qu’il effectuait pour se débarrasser du garrot. Jamais Avir n’avait agi ainsi. Il était beaucoup trop doux pour s’arrimer aussi durement à son bras. Oren avait beau gonfler le biceps autant qu’il le pouvait, rien n’y faisait : l’emprise était trop forte.
« P’tit gars, serre moins, tu m’fais mal. D’puis cinq minutes, t’as l’air perturbé. T’aimes pas êt’ là ? J’peux t’rentrer dans ta Pokéball, t’y s’ras mieux. »
De sa main valide, Oren attrapa la capsule de son Pokémon et l’activa. Mais rien ne se passa. Troublé, l’adolescent recommença une nouvelle, pour aboutir sur le même résultat. Bien décidé à se débarrasser de l’étreinte qui commençait à lui faire perdre son sang-froid, Oren plongea une nouvelle fois sa main dans son sac pour piocher une Ball vierge. C’était une Copain Ball, achetée il y a quelques temps sur un arrivage venant de Johto. Mais elle ne s’ouvrit pas au contact du Pokémon. Elle ne frémit même pas.
« T’es pas Avir… »
La conclusion semblait logique, et pourtant l’adolescent en doutait encore. Ce n’était pas possible qu’il ne s’agisse pas d’Avir, parce qu’il n’avait pas quitté son bras depuis qu’il était sorti de sa Pokémon.
« Gaëlle !? »
Son appel, suffisamment puissant pour être entendu d’assez loin, compte tenu de sa voix déjà forte au naturel. Il beuglait plus qu’il ne parlait, en l’occurrence. Une note de crainte et de panique était audible dans son intonation. Il n’avait plus qu’une envie : attraper le Pokémon et tirer de toute sa force pour qu’il lâche enfin prise. Il ne voulait pas blesser de Pokémon, mais les fourmis dans ses mains l’inquiétaient de plus en plus.
« J’crois qu’c’est ton Pokémon ! T’es sûr qu’t’as pas d’Baudrive dans ton r’fuge ? »
« Mon Pokémon ? Euh… eh bien… pas à moi… personnellement mais… En revanche ce qui est plus inquiétant c’est… Si ce n’est pas le tiens… Alors ou est ton Baudrive… ? »
Je me tournais vers le Baudrive que je tenais toujours dans la main, par la petite ficelle comme un ballon de baudruche. Il n’avait pas bronché depuis tout à l’heure, il n’avait même pas essayé de s’échapper… Son visage, pour peu qu’on puisse appeler cela ainsi, semblait… livide… Si celui au bras d’Oren n’était pas le siens, le seul autre Baudrive dans les environs étais celui-là…
« Oh… Est-ce que je ça serait celui-ci ? Il n’a… pas l’air très en forme… »
Pourquoi n’avait-t-il pas cherché à attraper Oren lorsque je m’étais rapproché ? Mais je voyais le dresseur lutter sous l’effort en essayant de dégager son Baudrive… enfin le Baudrive inconnu qui était complètement enroulé autour de son bras. Son bras qui devenait par ailleurs complètement rouge. Je laissais s’échapper un hoquet de surprise, ne m’étant pas aperçut de la détresse du gaillard.
« A-attend je vais essayer de t’aider ! »
J’accrochait le Baudrive que je tenais à mon poignet pour ne pas le perdre et je me rapprochais pour étudier l’entremêlement de fil qui entourait le bras d’Oren. Bon sang ça semblait si séré ! J’essaierais d’agripper l’extrémité d’un des fils pour le démêler mais… rien à faire. Je réussissais à peine à faire vibrer les fils. Comment… comment un Pokémon pouvais avoir autant de force dans un truc qui n’était qu’un bout de ficelle ? Enfin… il n’y a pas de muscle ! Ou alors il connait une capacité qui le colle à sa victime… ?
« Aoutch ! »
Je… je rêve ou… ce Baudrive viens réellement de me griffer… ? A-avec… quoi… ? La légère douleur que je ressentais sur mon bras raviva immédiatement un souvenir dans mon esprit. Le souvenir d’un certain Minisange qui m’avais griffé de la même manière il y a quelques jours de cela… Oh... C’est pas vrai…
« Oren… je crois que tu viens de rencontrer ton futur Pokémon… »
Ayant entendu la détresse du garçon, Gaëlle revint à lui, un Baudrive entre les mains. Complètement mou, à la limite de l’évanouissement dès qu’il quittait Oren… pas de doute possible, c’était bien Avir. Ce qui confirmait que le Pokémon autour de son bras n’était pas Avir.
L’adolescent sentit à peine les doigts frais de la gérante sur sa peau, tant son bras fourmillait. En revanche, il remarqua son mouvement de recul brusque. Il lut dans ses yeux quelque chose d’inidentifiable. Elle avait l’air grave, solennel, et… triste ?
« Oren… je crois que tu viens de rencontrer ton futur Pokémon… »
Le gaillard plissa les yeux, essayant de savoir si Gaëlle disait la vérité. Il était jeune, mais pas beaucoup moins que la dame devant lui. Elle était un peu arrogante de le prendre pour un idiot. Et puis si c’était vraiment le cas, elle aurait sorti sa Pokéball pour rappeler le Pokémon, parce qu’il souffrait le martyr.
« J’sais qu’j’ai pas une grande culture, mais quand même, j’sais à quoi r’ssemble un Zorua et à quoi r’ssemble un Baudrive. C’est pas les mêmes espè… outch ! Lâche-moi ! »
C’en fut trop pour l’adolescent : il attrapa les deux pattes du Pokémon sous sa tête et la plaqua au sol. Il fit mine de s’asseoir. C’était ce qu’il avait trouvé de mieux pour se sortir de cette situation douloureuse.
« J’te préviens : tu m’lâches ou… aïe ! ou j’m’assois ! »
Le Pokémon ne broncha pas. Il eut même un rire étrange, ce qui fit sursauter Oren : il ne savait pas que les Baudrives pouvaient prononcer des sons aussi proches de ceux de cordes vocales.
« Et j’suis pas léger ! Un… deux… »
Là où le manque d’assurance du garçon l’avait conduit à beaucoup d’hésitations depuis son arrivée, il n’y avait désormais plus que détresse et colère sous-jacente. Il n’avait rien fait pour mériter une blague si cruelle.
« Et trois ! »
Oren abaissa graduellement son postérieur vers la tête du Baudrive. Au contact, la pression ne se relâcha pas autour de son bras. Il décida d’y aller plus franchement. Et lorsqu’enfin il allait y mettre tout son poids, des cris stridents retentirent, presque… canins ? Les liens autour de son bras se désintégrèrent, et quelque chose lui gratta l’arrière-train.
« Bah tu vois quand tu v… »
Après avoir sauté sur ses jambes, l’adolescent se retourna et s’interrompit en voyant un Zorua essoufflé à terre. Il porta une main à son bras, dont il sentait le délice du sang qui reprend ses droits et réchauffe ses doigts, cherchant à comprendre ce qui venait de se passer. C’était un Baudrive qui l’avait enserré, pas un Zorua. Il l’avait même pris pour Avir au départ !
« J’vais pas bien, j’crois… »
Dernière édition par Oren Eytelkoph le Mer 22 Déc - 9:56, édité 2 fois
« J’sais qu’j’ai pas une grande culture, mais quand même, j’sais à quoi r’ssemble un Zorua et à quoi r’ssemble un Baudrive. C’est pas les mêmes espè… outch ! Lâche-moi ! »
« En fait euh… »
Oren ne semblait pas être au courant du talent unique de ce Pokémon au combien particulier. Moi-même je l’avais appris à mes dépends et la petite créature s’était bien amusée de moi. Et elle avait bien compris pourquoi le dresseur était venu aujourd’hui. Depuis quand est ce qu’elle était accrochée là ? Depuis quand avait-elle… pris la place du pauvre Baudrive d’Oren que je tenais toujours dans la main… ? Qu’est ce qui serait arrivé s’il s’était envolé hors de vue ? S’il s’était blessé… ? Oh bon sang…
Mais pendant que je me perdais dans mes pensées, Oren lui se débattait avec ce Baudrive factice qui lui entourait le bras. En entendant un grognement de douleur, je sortais de ma stupeur pour voir un Oren en venir presque aux mains avant avec le Pokémon. Incapable de réfléchir, je restais plantée là, en agitant simplement les bras tout en cherchant ou je pourrais avoir une prise sur les fils qui encerclait les bras du dresseur. Des bras devenus complètement écarlates par le garrot de Melba. Oh non non non ! Finalement, mes bras frêles ne servirent à rien comparé à la force d’Oren, qui décida finalement de… s’assoir que le Pokémon pour le faire lâcher prise. Oh Arceus… Jusqu’ou va aller cette blague Melba ?
Finalement, la pression qu’Oren servait à la vile créature la fis lâcher prise, et Melba perdis son apparence de ballon pour redevenir la petite créature au pelage sombre que je connaissais bien. Elle semblait essoufflée, presque désorienté après cette lutte acharnée qu’elle venait d’échanger avec Oren et… sa masse musculaire impressionnante. Ou bien c’était le fait qu’il s’était assis sur elle… ? Comment on en est arrivé là ?
« J’vais pas bien, j’crois… »
Toujours planté comme un piquet, sous le choc de ce qui venait d’arriver, je regardais Oren fixer Melba avec toute la perplexité dont était capable son visage. J’avais la bouche entrouverte, la gorge sèche, je… finalement mes pensées recommencèrent à former des phrases dans mon esprit et, complètement paniquée, j’accourrais vers Oren.
« O-Oren, est ce que ça va ? Je… je suis sincèrement désolé je… j’aurais dû m’en rendre compte plus tôt, elle… »
Je me stoppais dans ma phrase, incapable de mettre des mots sur le comportement irrationnel de la Zorua. Que cherchait-elle en faisant cela ? Dégouter Oren pour rester ici ? Dans quel but ? Elle n’avait jamais eu l’air de beaucoup m’apprécier non plus !
« J’aurais dû m’en douter qu’elle tenterait quelque chose… Je pensais qu’elle irait se cacher pour qu’on ne la trouve pas mais… ça… »
Je ne savais pas quoi dire. Je n’avais servi à rien, j’étais restée plantée là tout du long et… je me rappelais soudain le Baudrive inerte qui flottait toujours à côté de moi, retenue par la petite ficelle que j’avais attaché à mon bras. Délicatement, je défie le nœud pour tendre le Baudrive, le bon cette fois, à Oren.
« Oh euh… je te rend ton Pokémon il… n’a pas l’air très bien… aucun mot ne pourrais excuser ce qu’elle a fait et… je comprendrais… si… tu changeais d’avis pour… son adoption… »
En portant mon attention à Melba, je la vis discrètement s’écarter des lieux sur la plante des pattes, comme pour fuir les lieux de son crime pour mieux y revenir ensuite. Certainement pas ! Une bouffée de colère m’envahit et je l’attrapais fermement, formant un étau autour de son petit corps frêle. La Zorua poussa un cri de surprise pour me regarder ensuite d’un air de défis. Je lui renvoyais son regard.
« Oh ne t’enfuis pas toi ! Essaie donc de me griffer, je ne te lâcherais pas, il va falloir que tu assumes tes actes et que tu t’excuses ! »
Elle pouvait me faire des mauvaises blagues, me blesser mais… elle avait aujourd’hui mis en danger la vie du Pokémon d’Oren, en plus de la douleur qu’elle a pu lui infliger. C’était bien plus que je ne pouvais le supporter. Mais son avenir était maintenant dans les mains d’Oren. Avait-elle réussi à tout gâcher ou le dresseur était-t-il capable de pardonner même à des blagues d’aussi mauvais gouts ?
Toujours aussi circonspect, l’adolescent ne savait pas non plus quoi répondre à Gaëlle. Il retrouvait l’usage normal de son bras, il n’y avait pas de blessure à déplorer. Sa peau hâlée marquait encore de traits rouges l’empreinte du Baudrive qui avait tenté de lui sectionner le membre, et une légère douleur le tançait, mais au-delà de ces réminiscences de l’incident, il se portait plutôt bien. Son cœur pompait toujours son sang à toute allure sous le coup de la colère, mais il était en bonne voie pour se calmer.
Ce qui l’empêchait de clairement répondre, c’était parce qu’il avait l’impression d’avoir reçu un coup sur la caboche : c’était un Baudrive sur lequel il s’était assis, pas un Zorua. Pardi, rien n’allait dans cette affaire ! Et pourquoi Gaëlle tenait-elle le Baudrive dans sa main ? Par quel tour de passe-passe…
« J’aurais dû m’en douter qu’elle tenterait quelque chose… Je pensais qu’elle irait se cacher pour qu’on ne la trouve pas mais… ça… »
La lumière sembla se faire sur la situation… mais se rééteignit aussitôt. Oren ne parvenait pas à emboiter les pièces du puzzle. Il produisit un râle de colère, incapable de comprendre ce qui se passait.
« C’est elle, qui… Melba c’est… tenta d’exprimer malgré sa perplexité le gaillard. J’ai halluciné ou c’est un Baudrive qui m’a attrapé le bras ? »
Gaëlle lui tendit Avir, qui s’enroula délicatement autour de son biceps encore strié. Ses pattes firent preuve de sa timidité habituelle, ce qui rassura l’adolescent : son mouvement de recul n’était pas justifié, c’était bien le bon Pokémon. Mais alors qu’il fraternisait avec son Pokémon, le sentant à nouveau drainer avec parcimonie son énergie, les mots de la responsable du refuge allumèrent à nouveau une étincelle dans l’esprit du garçon : enfin, il commençait à rattacher les wagons.
« Tu veux dire qu’c’est elle, Melba, et qu’elle a pris la forme d’un Baudrive ? Ça fait ça, un Zorua ? »
La compréhension de la situation allait attendre un peu. La femme devant lui partit en courant chercher la bougresse qui se carapatait. La renarde brune se débattit mais la maîtresse des lieux sut imposer sa volonté. L’adolescent ne pensa pas grand-chose de l’attitude de la gérante, mais commençait à cerner la façon dont il fallait canaliser la Zorua. Sans autre forme de procédure, il plongea sa main dans l’étau de Gaëlle pour attraper le Pokémon. Il disposa ses doigts de sorte à immobiliser ses pattes avant, puis disposa sa paume pour envelopper un maximum, avant d’extraire le Pokémon de l’emprise de la femme. C’est qu’elle pesait poids, mine de rien !
« T’inquiète, ‘y a pas b’soin de s’excuser. On s’connaît pas, et si elle est dans c’refuge, c’est qu’elle a pas dû avoir une vie jolie jolie. Tu vois, elle s’tient tranquille maint’nant ! »
La Zorua, pattes coincées et à moitié immobilisée dans la main d’Oren, ne payait pas de mine. Elle ne souffrait pas de cette position. Elle était juste… bloquée. Avir, sur l’autre bras, tentait de mettre le plus de distance possible entre elle et lui, tirant sur le bras de son dresseur pour qu’il l’écarte. L’adolescent résista, ce qui donnait lieu à une lutte discrète mais un peu ridicule.
« J’reviens pas sur ma décision. Ça va être folklo, j’le sens bien, mais faut bien lui offrir une seconde vie. C’est un challenge que j’veux bien relever ! »
Alors que je me débâtais avec la sombre petite créature, je voyais Oren en prise avec un profonde perplexité sur ce qui venait de se passer. Note à moi-même, j’allais devoir être beaucoup plus transparente sur les annonces d’adoption…
« Tu veux dire qu’c’est elle, Melba, et qu’elle a pris la forme d’un Baudrive ? Ça fait ça, un Zorua ? »
« Eh bien… je l’ai appris aussi… brutalement que toi lorsqu’on m’a confié sa garde. Je n’étais au courant de rien, je ne connaissais pas cette espèce de Pokémon, ils ne vivent pas à Johto enfin… on n’en trouve pas d’où je viens. Et… le résultat est qu’elle est capable de choses aussi incroyable que… déstabilisantes. Et surtout elle n’hésite pas à s’en servir pour se moquer de nous… »
Finalement, il sorti de sa torpeur pour récupérer la Zorua que je tenais toujours fermement dans les mains. D’un geste habile, il bloqua le moindre de ses gestes en empoignant ses pattes efficacement sans que la position soit douloureuse pour elle.
« T’inquiète, ‘y a pas b’soin de s’excuser. On s’connaît pas, et si elle est dans c’refuge, c’est qu’elle a pas dû avoir une vie jolie jolie. Tu vois, elle s’tient tranquille maint’nant ! »
Je me retiens de demander : Jusqu’à quand ? Mais je ne voulais pas que le dresseur fasse demi-tours sur son adoption à cause d’un abus de franchise de ma part. Il avait l’air de savoir ce qu’il faisait et il aurait certainement plus de réussite que moi dans le dressage de ce petit monstre.
« Eh bien… je ne sais pas grand-chose, ce sont des Ranger affectés aux arrivées et sortie de l’île qui me l’ont apporté. Il semblerait que sa dresseuse d’origine ait quitté l’île en la laissant là mais… je n’en sait pas plus. »
Tendue, j’attendais une réponse de sa part. Il avait raison, Melba semblait étonnamment calme bloquée ainsi dans ses bras. Est-ce qu’elle prévoyait son prochain coup ?
« J’reviens pas sur ma décision. Ça va être folklo, j’le sens bien, mais faut bien lui offrir une seconde vie. C’est un challenge que j’veux bien relever ! »
Rassurée, je poussais un soupire de soulagement. Mes épaules s’affaissèrent et c’est avec un sourire désolé que je lui montrais le chemin vers l’accueil ou nous pourrions trouver tous les papiers à remplir pour finaliser l’adoption.
« Merci pour ce que tu fait, j’espère qu’elle ne vous causera pas trop de… soucis. Si tu es sûr de ton choix, nous pouvons terminer les dossiers administratifs et surtout, je peux te donner la Pokeball de Melba avant qu’elle ne s’échappe une fois de plus. »
![Défi d'élevage accepté [PV Gaëlle] Pokeball](https://serebii.net/itemdex/sprites/pokeball.png)
![Défi d'élevage accepté [PV Gaëlle] Dommag12](https://servimg.com/r/8220050526/dommag12.png)
