Vous voilà à l’entrée des égouts de la ville, ou d’une des très nombreuses galeries tout du moins. En plus du ranger aux cheveux poivre et sel que vous avez rencontré durant la réunion précédente, trois rangers plus jeunes vous accompagnent avec leurs partenaires respectifs. Le premier est une vraie pile électrique avec son magnéti, qu’il vous explique tout guilleret avoir rencontré dans cette ville aux abords de la tour de la radio locale. C’est ce qui explique son attachement à Bourg-Asque et le fait qu’il se porte toujours volontaire pour les missions visant à régler les problèmes des habitants. Sa collègue est bien plus mesurée à côté, remontant sans cesse ses lunettes sur son nez tandis qu’elle consulte le plan qui ne quitte pas ses mains. Avec son nidorino partenaire vous comprenez qu’on l’envoie régulièrement explorer les égouts remplis de pokémons poisons en plus des rats, et qu’elle a fini par devenir spécialiste des lieux si complexes pour les novices. Enfin, la dernière ranger avec son lewsor est peut-être la plus silencieuse, la dernière arrivée au sein de l’équipe aussi d’après ce que vous entendez des conversations. Elle a été choisie à la fois pour les pouvoirs de soin et de type psy de son partenaire, vous explique le chef de l’expédition en vérifiant que le matériel adéquat a été emporté avant de se lancer dans les souterrains.
Chacun a une lampe à disposition, avec une autonomie suffisante pour une journée entière vous assure le jeune enthousiaste aux cheveux hérissés au-dessus de son crâne. Pour le reste la ranger dévolue aux cartes est si à l’aise dans les galeries qu’elle s’y avance sans même décoller les yeux de son papier, et que sa collègue au lewsor doit souvent la prévenir ou la détourner avant qu’elle ne tombe dans un canal traître. Vous constatez sans peine qu’il est impossible de s’y repérer efficacement sans un guide expérimenté, le nombre de croisements est tout simplement effrayant : et si certains embranchements comportent des sortes de panneaux indicateurs avec des flèches partant dans plusieurs directions, la plupart sont dépourvus de toute indication à part des symboles obscurs dédiés au personnel d’entretien des égouts.
- Certains participants du projet descendent parfois aider à entretenir les égouts, poursuivre les cartes ce genre de choses, explique le gradé à voix basse. Mais c’est un travail très long et peu de gens s’en occupent, j’imagine que ce n’est pas la mission la plus intéressante.

Si les rangers comprennent que les dresseurs préfèrent travailler à l’air libre et dans des endroits plus excitants, il est clair effectivement qu’il manque pas mal de main d’oeuvre pour achever une sécurisation convenable des égouts.
Aucun autre ranger n’a le temps d’ajouter quoi que ce soit, avant que les deux femmes en tête ne se stoppent de concert le regard fixé au niveau du sol. Chose rare, même la ranger avec sa carte lève les yeux du plan pour observer quelque chose qui gémit derrière un tas d’ordures.
Si vous vous approchez suffisamment, vous pouvez voir que le nidorino du groupe est en train de sympathiser avec un tadmorv d’Alola qui a l’air relativement mal en point. En tout cas la présence soudaine d’autant d’humains ne le rassure guère, mais il est utopique de penser qu’il va pouvoir rentrer tranquillement chez lui par ses propres moyens.
- Encore un tadmorv blessé, soupire la ranger au lewsor.
- Notre travail se résume souvent à ça quand on descend ici, vous explique le chef de l’expédition. Ramener les tadmorvs d’Alola dans leur colonie en passant à travers les groupes de rattatas. On va escorter celui-là s’il veut bien, ça vous aidera peut-être dans vos recherches de voir l’organisation par ici.
- Pour les colonies poison il faut descendre d’un niveau, et on sera tout près, résume la seconde jeune femme déjà replongée dans ses papiers.

Ce qui ne s’annonce pas si évident, vous avez à peine fait quelques mètres une fois le tadmorv suffisamment rassuré pour vous suivre, que le petit espace au sec à côté d’un canal en contrebas est littéralement engorgé de rattatas qui paraissent vouloir emporter un gros bout de nourriture indéfinissable. En vous voyant les rongeurs, tous violets d’après ce que vous pouvez voir, arrêtent leur manège et vous observent avec suspicion. Vous en comptez une bonne dizaine, peut-être quinze, dans un espace qui ne doit pas faire plus de deux mètres. Entre eux et le tas peu ragoûtant qui les occupe, la voie est totalement bouchée.
- C’est par là qu’il faut passer, indique la fille à la carte avec un flegme remarquable.

HRP:

Dernière édition par Le Conseil le Dim 10 Jan - 0:37, édité 1 fois

Avant de s’enfoncer dans les profondeurs insondables et pleines de microbes des égouts, Darell avait préféré faire rentrer sa petite chipie dans sa capsule -non sans mal, elle avait tout fait pour essayer d’échapper au rayon carmin. Il réussit tout de même à l’atteindre au bout de plusieurs essais, l’oursonne disparaissant en poussant un couinement de protestation, et activa la sécurité de la sphère. Ainsi, elle ne pourrait pas s’en échapper comme elle en avait l’habitude tant qu’il n’aurait pas décidé qu’elle pouvait remettre le nez dehors. C’était tant pour sa sécurité -et éviter qu’elle aille se jeter dans toutes les flaques croupies et canaux malodorants venus- que pour la leur. Il ne manquerait plus qu’elle aggrave la situation en décidant de pourchasser quelque chose…
Griotte et Switch n’eurent pas droit à cette punition, eux. Il fallait dire qu’ils étaient bien plus sages que la Nounourson capricieuse… Et puis, ils avaient leur utilité, présentement.
Ainsi, le petit fruit toujours calé dans le col du manteau émit une douce odeur sucrée pour protéger les narines de son maître de l’intense puanteur des lieux. Quant à Switch, il flottait toujours doucement à côté de l’épaule du scientifique et semblait enregistrer tous les éléments caractérisant l’endroit, de l’analyse des effluves nauséabondes dégagées à des photos des déchets rencontrés, en passant par un mappage de leur itinéraire. Il ne perdait pas non plus la moindre miette des informations dispensées par les Rangers, au plus grand soulagement du Rhodésien qui, entre le manque de lumière et la marche rapide, ne pouvait se permettre d’écrire des notes dans son carnet sans risquer de ralentir tout le groupe.

Ils progressèrent le long du dédale des canaux pendant plusieurs minutes… Jusqu’à se retrouver face à un étrange Tadmorv. Etrange, du moins, aux yeux de Darell, qui n’avait eu que peu d’occasions de voir la variante régionale de l’amas de pollution auparavant. Il réajusta ses lunettes sur son nez, mais se garda de s’approcher de la créature qui, avec sa blessure, ne devait pas être très rassurée par autant de gens qui s’affairaient autour de lui d’un coup.

« Vous savez si les blessures sont le fait des Rattata ? »

Pendant que les Rangers s’occupaient du Tadmorv vert, il prit enfin le temps de sortir son fidèle carnet pour vérifier la faune recensée dans les égouts. Étrangement, peu de créatures venimeuses s’y étaient installées… Peut-être que la prolifération des rats avait empêché leur développement ?

« Corrigez-moi si je me trompe, mais de ce que vous dites je comprends que les Rattata ont plutôt tendance à rester dans les niveaux proches de la surface, n’est-ce pas ? Ce qui leur permet de se servir les premiers dans les déchets en tout genre, et de ne laisser que des miettes aux Tadmorv d’Alola et aux Miamiasme… »

Mais il fut interrompu dans ses théories par l’arrêt brusque du groupe. Et pour cause : devant eux le sol grouillait de rats parmes, qui levèrent vers eux leurs museaux poisseux de leur repas interrompu pour les fixer de leurs petits yeux inquisiteurs.
Darell se mit en retrait. Il n’avait jamais été un très bon Dresseur lorsqu’il s’agissait de se battre, mais il savait qu’envoyer Griotte dans ce panier de rats était un coup à ce qu’il se fasse croquer rapidement. Surtout que la délicate odeur sucrée qui se dégageait de son corps n’avait pas dû échapper à l’excellent odorat de ces morfales... Le Porygon aurait pu être un bon atout, si il avait eu le temps de le configurer pour lui ajouter quelques modules défensifs et offensifs. La seule qui pouvait potentiellement s’en sortir serait Pimprenelle… Mais rien ne lui assurait qu’elle ne prendrait pas peur en voyant que les rats, ragaillardis par l’effet de masse, ne la fuiraient pas mais la placeraient elle en position de proie… Non, clairement, c’était une mauvaise idée.

Dans un geste qui se voulait aussi lent que possible pour ne pas déclencher une catastrophe, l’analyste environnemental attrapa doucement le Ceribou pour le mettre à l’abri dans la poche intérieur de son manteau.

Si la ranger au nidorino n’était pas si concentrée sur sa carte, elle aurait sans doute en tant que spécialiste du type poison pris en charge le tadmorv, sauf qu’elle est justement trop fixée sur son premier objectif. C’est donc son partenaire nidorino qui sympathise avec le blessé, en même temps que le ranger en chef qui essaie d’évaluer les dégâts pour répondre à Darell.
- Je ne vois pas ce que ça pourrait être d’autre, les pokémons poisons ne sont pas agressifs entre eux. Au pire ils se contentent de s’éviter. Les rattatas par contre manquent de place, et se savent en supériorité numérique, ça encourage les comportements violents surtout ici. Restez groupés surtout.

Il a manifestement dit ça plutôt pour vous deux dresseurs civils, que pour son équipe qui reste collée ou presque. Même le ranger pile électrique avec son magnéti ne s’écarte pas trop, bien que tout semble être un jeu pour lui.
Une fois le tadmorv assez en confiance pour les suivre, encadré des pokémons partenaires et des humains, la troupe reprend sa marche tandis que la guide improvisée avec son amie guide d’aveugle essaie de répondre aux questions de l’environnementaliste aux cheveux roses.
- Oui et non, les rattatas sont partout ou presque. Disons plutôt que ce sont les pokémons poison qui se sont réfugiés dans les niveaux inférieurs, ils sont plus forts qu’un rattata pris individuellement, mais le nombre ne joue pas pour les autres espèces. Alors les rattatas des deux formes tiennent la place, monopolisent la nourriture et les déchets dont se nourrissent aussi les autres pokémons des égouts, ce qui fait que toute colonie est désorganisée. En plus les espèces sont souvent isolées les unes des autres, quand ce ne sont pas carrément des pokémons qui vivent en solitaire.

Le lewsor approuve d’un curieux cri qui pourrait presque une fréquence radio tant il est étrange, pendant que la ranger qui l’a pris pour partenaire évite encore à la seconde de s’éclater le front contre une paroi solide. Il ne faut pas l’oublier mais toutes les espèces ne vivent pas en colonie, ce qui complique sans doute les choses pour résister à la marée à moustaches qui colonise la ville et surtout ses égouts.
C’est à ce moment que vous tombez tous ensemble sur les rattatas qui bloquent la route justement, et que le tadmorv d’Alola se colle à vos jambes d’ailleurs. C’est au tour d’Aloy d’avoir des questions pertinentes, auxquelles les rangers tentent de répondre d’une voix égale pour n’affoler personne.
- En général on préfère essayer de sympathiser, c’est plus facile après pour toutes nos missions avec les pokémons locaux… mais ce n’est pas toujours possible, encore qu’ils n’ont pas l’air agressifs pour l’instant on a peut-être une chance.

La ranger au lewsor s’approche déjà, ainsi que le ranger du magnéti qui lui semble presque prêt à leur tendre la main amicalement. Tant qu’on ne veut pas leur voler leur nourriture les rattatas ont effectivement l’air plutôt neutres, mais le chef de l’expédition semble garder en tête les suggestions d’Aloy en cas de besoin.
Les choses s’accélèrent d’ailleurs aux mouvements de Darell, qui sont lents mais n’ont pas suffit à masquer l’odeur sucrée et appétissante de son ceribou. Les rats se mettent à s’approcher encore avec de l’hésitation, ce qui suffit néanmoins à affoler le tadmorv blessé qui glapit de voir autant d’ennemis. Les visages des rangers se crispent, que vous choisissiez de sympathiser ou une autre méthode il va falloir réagir sans trop attendre !

Dernière édition par Le Conseil le Dim 17 Jan - 2:45, édité 2 fois

Le tadmorv a dû être salement amoché par les rongeurs pour en avoir si peur tandis qu’ils se rapprochent de votre groupe. Leur assurance à se tenir si près d’inconnus, en tel nombre avec des humains qui doivent être des géants à leurs yeux, suffit à vous prouver comme les rattatas sont à l’aise. Au point que ça en soit anormal. En constatant que l’odeur sucrée qui émane de Darell attire les pokémons, les rangers au magnéti et au lewsor se tendent comme prêts à les prendre en tenaille, alors que la jeune femme à la carte lève finalement les yeux et que son nidorino partenaire vient se placer devant Aloy ou plutôt le tadmorv qui est collé à cette dernière.

L’idée de la dresseuse ne paraît d’ailleurs pas mauvaise, en tout cas la perspective d’aliments frais et sucrés suffit à reporter totalement l’attention des rattatas. Heureusement que les baies sont vite lâchées, autrement ils auraient sans doute été prêts à vous escalader pour les obtenir. Vos lancers conduisent la plupart des fruits dans une galerie perpendiculaire, qui devient le nouveau terrain de jeu des rattatas et vous libère enfin une partie de l’obstacle. Les professionnels en tenue rouge se détendent tous visiblement quand ils constatent que l’appât a fonctionné, et le tadmorv ose sortir un peu de vos pieds quand il ne voit plus une seule moustache à l’horizon.
Il ne reste que l’amas abandonné qui avait commencé par attirer ce groupe, et qui paraît être un mets de choix pour le pokémon poison sauvage vu la manière dont il se précipite dessus. La ranger à la carte et au nidorino, manifestement habituée de ce type, est celle qui le regarde manger avec le plus de tendresse. La raison pour laquelle cette espèce avait été originellement choisie pour la gestion des déchets de Bourg-Asque paraît d’un seul coup évidente.
- Bon travail, félicite le ranger en chef en observant aussi le festin. Je ne sais pas si ça marchera à chaque fois, mais c’est un bon début.

Le sous-entendu est assez évident, vous n’aurez de toute façon pas une réserve de baies illimitée. Mais cela dresse un constat clair et en même temps d’une simplicité enfantine, nourrir les rattatas règle souvent le problème. C’est aussi le cas pour le tadmorv d’Alola d’ailleurs, qui semble reprendre des forces au fur et à mesure qu’il vous débarrasse du dernier obstacle. Lorsque l’amas inidentifiable n’est plus que miettes sur le sol humide, le pokémon paraît de nouveau en pleine forme. Et bien plus enthousiaste à vous suivre.
- Si la colonie n’a pas bougé depuis la dernière fois, il faut qu’on descende après deux croisements et on sera presque arrivés, résume la ranger qui a replongé le nez dans ses papiers.

Le troupe en rouge repart de plus belle avec vous, éclairant des lampes torches les galeries moins larges ou les coins sombres où pourraient se cacher d’autres pokémons sauvages.

Dernière édition par Le Conseil le Dim 17 Jan - 19:11, édité 1 fois

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#1 'Shiny' :


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#2 'Shiny' :

Si la stratégie d’Aloy avait fonctionné et même plutôt bien, ces rattatas n’ayant sans doute pas l’habitude de tomber sur des baies aussi fraîches, les rangers enregistrèrent avec une certaine inquiétude que ses réserves diminuaient ainsi que la remarque du dresseur aux cheveux roses. Il avait bien sûr raison en théorie, mais il y avait aussi la réalité du terrain et toutes les situations ne se prêtaient pas aux considérations de ce genre.
- Malheureusement nous soupçonnons qu’ils sont déjà nourris ailleurs que chez nous, et surtout qu’ils trouvent très bien seuls ce qu’il leur faut dans la ville. En tout cas jusqu’à récemment, mais c’est leur surpopulation le principal problème. Enfin vous vous en êtes rendus compte seuls maintenant.

Les autres rangers semblaient déjà bien contents que le ceribou ait disparu des radars, voilà qui pourrait éviter un nouvel incident diplomatique s’ils croisaient un nouveau groupe de rongeurs. Une chose qui risquait d’arriver d’une seconde à l’autre dans ces égouts. Tant que rien n’était visible les filles continuaient d’avancer devant, et le plus détendu de la bande qui semblait aussi le plus énergique faisait la conversation à Aloy en ponctuant chaque phrase ou presque d’un léger rire.
- Oh déguerpir c’est un bien grand mot, sinon on ne serait pas là ! Et on ne descend plus trop tout seul par ici depuis quelques jours, trop de rattatas justement. Mais on reste des rangers après tout, nous lier d’amitié avec les pokémons sauvages c’est notre boulot, même quand ils sont aussi nombreux !
- Tu seras gentil de ne pas faire ami-ami avec tous les rattatas de la ville, réclame une de ses collègues. L’idée c’est qu’ils aillent un peu ailleurs aussi.

De son côté le gradé de l’expédition, tout en vérifiant que le pokémon odorant ne soit plus à portée, réfléchissait à la situation d’un air assez morose. D’un côté comme de l’autre, peu de solutions se dégageaient.
- Je suppose que l’idée de Prune n’était pas mauvaise en fin de compte. Ma collègue que vous avez vu à la réunion, précise-t-il à votre intention. Il faudra que j’en reparle avec elle à notre retour.

Chemin faisant les rangers vous firent emprunter un tunnel descendant en pente assez dure, puis une échelle, en s’assurant que les pokémons de tout le monde pouvaient suivre y compris le tadmorv sauvage qu’il s’agissait d’escorter. Si vous croisez évidemment des rattatas sur le chemin ce ne fut qu’en plus petit nombre, et la taille de votre groupe suffit à les dissuader de tenter quelque chose. Quant au tadmorv d’Alola, ragaillardi par son festin, il semblait bien moins craintif.
La ranger à la carte et au nidorino savait visiblement où elle allait, n’hésitant pas une seule fois dans des galeries qui pourtant se ressemblaient toutes. Il n’était pas dur de comprendre pourquoi un guide était vivement recommandé dans les parties qui n’avaient pas encore été fléchées correctement. En tout cas la ranger s’arrêta d’un coup au début d’un couloir faiblement éclairé qui avait l’air de n’importe quel autre, un canal au cours tranquille à votre gauche, d’autres ouvertures le long du passage à droite.
- Voilà, on est arrivés chez toi.

La remarque s’adressait au tadmorv d’Alola en priorité, mais elle faisait bien de le préciser pour tout le monde sans doute tant ça ne paraissait pas évident. Si ce n’était ses collègues qui restaient là parfaitement confiants eux aussi, vous auriez sincèrement pu douter du plan.
Lorsque le pokémon poison s’avança un peu, puis reconnut les lieux et en fut manifestement ravi, le couloir s’anima cependant. L’eau auparavant si calme se rida de milliers d’ondulations, pendant que d’autres tadmorvs de la même espèce émergeaient. D’autres, cachés dans les recoins sombres des galeries, montrèrent leur tête avant de venir entourer leur congénère avec des cris gutturaux. S’ils n’étaient pas tous très rassurés de voir tant d’humains d’un coup dans leur repère, ils semblaient connaître au moins un peu les professionnels en rouge et personne ne paraissait agressif envers vous. Le ranger en chef se tourna vers vous deux, apparemment un peu rassuré d’avoir pu ramener ce tadmorv chez lui sans plus d’incident.
- Voilà une bonne chose de faite, je ne sais pas si vous voulez observer quelque chose en particulier maintenant ? Si vous aviez prévu de faire quelque chose de précis dans les égouts tant que nous y sommes ?

De leur côté les trois autres rangers s’étaient penchés ensemble sur la carte des environs, et chose rare paraissaient soucieux de manière égale.
- Tu as vu ? Ils sont encore plus nombreux que les autres fois…
- Ou plus rapprochés surtout. Leur territoire a encore dû se réduire.

La remarque sur la densité de population des Tadmorv aloliens sur ce territoire ne manqua pas d'interpeller Darell. Maintenant qu’il y pensait, ils n’avaient pas non plus croisé le moindre déchet depuis leur rencontre avec leur escorte et leur arrivée dans les bas-fonds… Pas étonnant que celui-ci se soit retrouvé aussi mal en point, si chaque individu devait non seulement parcourir une distance conséquente pour trouver de quoi se nourrir, mais en plus s’ils devaient alors disputer leur pitance à une nuée de rats affamés.

« Il faudrait trouver un moyen de leur faire accéder plus facilement à la nourriture, marmonna-t-il en se tenant le menton. Le souci, c’est que peu importe les aménagements ou stratagèmes qu’on essaierait de mettre en place, les Rattata auront tôt fait de se servir à leur tour, et ce sera retour à la case départ… Le plus simple serait encore de les accueillir à la surface, directement à la source des déchets mais... »

... Mais la population ne risquerait pas de l’entendre de cette oreille. Il fallait dire que les Tadmorv avaient leur réputation, et que tout le monde n’était pas familier avec cette variante-là… Et même s’ils lançaient une campagne de sensibilisation comme il l’avait suggéré plus tôt, cela prendrait du temps avant de changer l’opinion publique.

Le Rhodésien réajusta ses lunettes sur son nez en entendant la question du Ranger.

« Idéalement, j’aurais aimé m’approcher d’une colonie pour tenter d’avoir une estimation de la population et des dégâts potentiels. Simplement… Je suis parfaitement conscient des risques qu’une telle opération demanderait, vu qu’ils risquent d’être de plus en plus agressifs à mesure qu’on va vers leur nid et de nous submerger par le nombre. Je suis loin d’être équipé pour ça, en particulier en termes de compétences de combat, et je ne voudrais pas faire courir des risques inutiles à votre équipe. En revanche… Peut-être serait-il possible d’installer des caméras infra-rouges ou à détection de mouvement, afin de monitorer plus facilement les égouts ? On pourrait en placer à des endroits stratégiques, comme à des points de passage ou à des spots connus de repas. »

Dernière édition par Le Conseil le Mar 16 Fév - 22:48, édité 1 fois

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#1 'Shiny' :


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#2 'Shiny' :

Si la première dresseuse blonde ne semblait pas avoir d’idée particulière, ce qui était compréhensible vu la complexité du problème sur lequel tout le monde se penchait depuis des jours, les rangers n’eurent aucun mal à adhérer aux analyses du second dresseur qui ressemblait de plus en plus à un chercheur. La blouse blanche en moins. Bien sûr les gens en rouge avaient pensé à laisser plus d’accès à la nourriture aux pokémons poison des égouts, quitte à les nourrir eux-mêmes, sauf que cela reviendrait sans doute à sustenter les colonies de rongeurs plutôt que les espèces visées. Le chef de l’expédition secoua la tête d’un air désabusé quand on arriva à la conclusion de les inviter à la surface.
- Cette fois ça rejoint l’idée d’aller parler aux restaurateurs en priorité, ce sont eux qui pourraient avoir le plus d’impact avec leurs déchets et ils sont les plus touchés évidemment… J’irais peut-être les voir avec les autres escouades quand on sera remontés.

Le reste de l’escouade sentait le moment de rentrer approcher à grands pas, et ils s’apprêtaient déjà à quitter les lieux pour laisser ces tadmorvs colorés tranquilles maintenant qu’ils avaient ramené l’un des leurs, la fille à la carte notant tout de même frénétiquement les changements ce qui n’était pas chose aisée sans vrai support rigide.
La dresseuse au lewsor trouva un peu curieux cette idée de s’approcher d’une colonie alors qu’ils étaient littéralement au milieu de l’une d’entre elles, mais ne dit rien, quand leur commandant supposait qu’il s’agissait des rattatas qu’aurait aimé observer Darell qu’il écoutait en gardant un visage concentré. Les risques n’étaient pas à négliger, au moins ce duo ne semblait pas être des têtes brûlées ce qui arrangeait toujours les professionnels. Ils recevaient déjà assez d’appels de dresseurs perdus après s’être aventurés trop loin, ou mal en point après avoir titillé le mauvais pokémon agressif, autant ne pas en rajouter même en leur présence. Il se gratta la tête en réfléchissant à cette dernière idée, les égouts étaient encore si peu aménagés même au niveau de la signalisation que personne n’avait sans doute pensé à ça.
- Pour des caméras, j’imagine qu’il faudrait plutôt aller voir à la Radio, des fois ils enregistrent aussi l’image ils doivent être équipés. Ou au moins ils sauraient sans doute comment faire.

L’homme tirait un peu la langue métaphoriquement face à tout ce qu’il y avait à faire encore, mais au moins c’était des idées neuves et cela pouvait fonctionner avec l’aide d’autres travailleurs de la ville. Leur championne ne faisait peut-être pas grand-chose personnellement, mais ses envoyés avaient une influence tangible.
- Chef…

La petite voix de la ranger, plaintive et mal assurée tout à coup, fit se retourner le ranger d’un seul coup. Il n’était pas difficile de comprendre ce qui clochait, de l’autre côté du canal venaient d’apparaître des tadmorvs non plus vert et jaune mais violet foncé. Plus inquiétant, beaucoup étaient occupés à nourrir un grotadmorv autrement plus imposant, qui fit monter d’un cran la tension aussi bien chez les rangers que parmi les pokémons poisons à leurs pieds. En voyant cette invasion en règle du petit bout de galerie qui leur restait véritablement, les tadmorvs d’Alola se mirent à gronder et agiter l’eau d’autant plus furieusement, ce qui ne s’arrangea pas quand déboucha d’un tuyau latéral un petit miamiasme. En lui-même il n’était pas très imposant, et hésita d’ailleurs beaucoup à s’engager davantage entre ces deux groupes antagonistes, mais il pouvait très bien annoncer l’arrivée de congénères supplémentaires derrière lui.
- Personne ne panique et aucun geste brusque, édicta le commandant d’une voix tendue. Pas d’agressivité sauf en cas d’urgence absolue…

Il eut à peine le temps de finir sa phrase que la ranger possédant le lewsor, la plus proche des tadmorvs violets, se fit prendre à parti par le grotadmorv qui paraissait furieux pour une raison inconnue et qui lui fit bêtement un croche-pied. A peine la femme en rouge avait-elle touché le sol avec un glapissement d’angoisse qu’elle se faisait presque engloutir sous la masse gluante, et que son lewsor réagissant de ses pouvoirs psychiques expédiait quelques assaillants au loin ! Certains retombèrent un peu trop près des tadmorvs d’Alola, et ce fut le signal.
En un instant ce qui était une scène de retrouvailles assez touchante tourna au pugilat, les tadmorvs des deux variétés s’écharpant sans retenue dans des grognements et autres borborygmes inquiétants, les miamiasmes regroupés au seuil d’un autre tunnel pour l’instant spectateurs de la mêlée mais rien n’indiquant qu’ils n’allaient pas y prendre part, et les rangers essayant tant bien que mal de récupérer leur collègue tout en apaisant des pokémons sauvages dans cet état de nerfs. Vous voilà au milieu d’un affrontement entre non pas deux, mais trois colonies de pokémons poison !

Darell hocha la tête devant les réponses du chef de groupe. Mine de rien, cela faisait un moment qu’il n’avait pas ainsi discuté avec des Rangers, à échanger des idées et solutions à une situation donnée. Autant dire qu’il était complètement dans son élément, à défaut d’avoir les pieds au sec.

Et puis… Une exécrable puanteur se déversa dans l’alcôve souterraines, qui s’intensifiait à vue de nez, si bien qu’une fois encore Darell fut pris d’une violente quinte de toux. Les larmes aux yeux, il put constater l’apparition d’un Grotadmorv et de sa clique, dont il s’éloigna doucement à reculons par réflexe. Cependant… La situation tourna rapidement au pugilat entre les différents amas de pollution, non sans impliquer malencontreusement les Rangers à leur rixe.

Le Rhodésien se garda bien de s’approcher, alors que l’eau croupie écumait sous les corps qui se lançaient les uns contre les autres, les éclaboussant de toute leur saleté.

« Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée d’essayer de capturer leurs leaders, grimaça-t-il devant le combat. Je ne suis pas un spécialiste des Tadmorv, mais de ce que j’en sais ce ne sont pas des espèces avec un fort instinct grégaire ou une hiérarchie importante, comme ce qu’on pourrait retrouver chez des Medhyèna par exemple. Nous n’avons donc aucune vraie garantie que capturer les individus les plus puissants les obligera à s’arrêter. De plus… Cela pourrait avoir des conséquences malheureuses pour la suite. Si ces Tadmorv nourrissent en priorité ce Grotadmorv, c’est probablement parce qu’il les protège des Rattata. Si nous leur enlevons, nous risquons également de fortement diminuer leurs chances de survie. Il réajusta nerveusement ses lunettes, les dents légèrement serrées. Personnellement, je serais normalement d’avis de les laisser se battre -ce sont des choses qui arrivent souvent parmi les Pokémon sauvages, et nous n’avons pas à intervenir en imposant nos mœurs humaines. Mais étant donné que les Rangers se retrouvent au beau milieu de l’action, nous ne pouvons pas les laisser là. Ce serait un coup à ce qu’ils se fassent noyer ou salement empoisonner... »

La situation était pour le moins épineuse, et la grande perche rose avait du mal à voir ce qu’il pouvait bien faire pour aider, vu ses faibles capacités au combat. … A moins que…

« Si on ne peut pas les attaquer, on peut au moins essayer de les surprendre. Ça pourrait nous donner quelques secondes de répit pour fuir ou au moins calmer le jeu. »

Tout en disant cela, il sortit une capsule de sa ceinture, qu’il ouvrit au niveau de son épaule. L’instant d’après, Griotte se perchait dessus, s’ébrouant en dispersant ses effluves sucrées qui furent bien accueillies par les narines assaillies de son maître.

« Switch, prends Griotte sur ton dos et mettez-vous au milieu de la salle, en restant bien hors de portée des autres ! »

L’assistant virtuel ne se fit pas prier, s’exécutant en battant ses pattes en cadence. Et, lorsqu’ils furent en place…

« Aurore ! »

Un manteau doré enveloppa le Ceribou, qui se mit à briller comme un tout petit soleil. Oh, bien sûr, Darell n’était pas dupe : l’attaque était loin d’avoir l’éclat d’un Zénith ou d’un Flash. Mais dans une telle obscurité, même la plus petite lueur pouvait être aveuglante, et les Tadmorv du coin ne devaient pas être habitués à autant de lumière d’un coup. Restait maintenant à espérer que cela aurait l'effet escompté par l'analyste environnemental...

Même les rangers n’étaient plus rassurés dans cette situation, et depuis la disparition de leur collègue sous les tadmorvs vindicatifs ça tourne=ait franchement à la panique dans cette empoignade générale. Le lewsor de la victime infortunée n’avait pas spécialement prévu de se retenir, et avec ses pouvoirs psychiques les créatures empoisonnées volaient bien dans tous les sens. La ranger au nidorino et leur chef parvinrent enfin à attraper la troisième sous les bras et la tirer en arrière, pendant que le ranger et son magnéti essayaient de couvrir la troupe tant bien que mal. Il se souvint soudainement de la raison pour laquelle il avait préféré explorer la radio à l’époque, et y trouver son partenaire, plutôt que les égouts de la ville. La ranger qui se relevait difficilement gémit encore un peu, mais devrait s’en sortir avec quelques contusions.
Vous voilà au milieu d’un combat aussi malodorant qu’angoissant, chaque colonie de tadmorv se jetant sur l’autre dans une mêlée confuse à suivre même pour des professionnels. Les miamiasmes étaient les seuls à peu près calmes pour le moment encore agglutinés à la sortie d’une galerie, mais la férocité des tadmorvs violets était surprenante. Ceux originaires d’Alola eux, ne laissaient évidemment pas la place, cela restait leur territoire après tout ou en tout cas c’était ce que les rangers savaient.

L’idée de capturer ce qui pourrait être des dominants, en plus des objections formulées par Darell, n’était pas venu à l’esprit des rangers peu adeptes des captures de toute manière. Après son exposé ce fut la ranger au nidorino, évidemment plus habituée aux pokémon poisons, qui reprit la parole toujours d’une voix tendue. Elle fixait en particulier le grotadmorv très efficace dans la mêlée.
- Ce n’est pas un leader, en tout cas pas leur dominant. J’ai étudié cette colonie, je crois que j’en reconnais quelques-uns, il faudrait que j’arrive à leur parler ! Mais tant qu’ils ne seront pas plus calmes ça va être compliqué. Il faudrait aller voir leur colonie, c’est bizarre qu’ils viennent s’en prendre aux autres chez eux.
- Au cas où tu n’aurais pas remarqué ils sont déjà bien assez agressifs, se mit à râler la ranger qui s’était fait marcher dessus. Comment tu veux qu’on aille jusque là-bas alors qu’on arrive déjà pas à les contrôler ici ?
- Qu’est-ce que vous faites ? demanda leur collègue en levant les yeux vers le porygon qui passait en lévitant au-dessus des têtes.

La lumière aveuglante de l’attaque du ceribou lui tint lieu de réponse, et força même les humains à se protéger les yeux pendant que les tadmorvs se percutaient soudain pour échapper à la clarté trop forte dans ces égouts. En quelque sorte ils avaient arrêté de se battre on ne pouvait le nier.
Dès que l’aurore se dissipa un peu, les professionnels en rouge se déployèrent sur une sorte de ligne afin de faire barrage entre les trois espèces et éviter que la bataille ne reprenne trop vite.
- Il faut séparer les colonies, qu’elles restent chacune de leur côté, expliqua le jeune homme à votre intention avant de reporter son attention sur les pokémons poison.

Beaucoup de tadmorvs se remettaient encore de la diversion, d’autres observaient leurs ennemis d’un air mauvais, mais les rangers devaient les avoir suffisamment observé pour qu’ils ne veuillent plus leur sauter dessus tout de suite. Après tout s’ils escortaient souvent des tadmorvs chez eux c’était compréhensible, ou qu’ils avaient pris le temps de découvrir les dirigeants de chaque colonie comme le laissait entendre la spécialiste poison de l’escouade. Quant aux miamiasmes, plusieurs avaient tout simplement fondu en larmes suite à l’agression lumineuse et le premier d’entre eux à être arrivé essayait de réconforter les plus jeunes. La ranger au lewsor, qui avait moins de soucis avec cette espèce qu’avec les tadmorvs qui l’avaient plaqué au sol, s’approcha aussi pour essayer de les calmer et tenter d’avoir des informations sur leur présence par la même occasion. Car elle n’était finalement pas plus normale que celle des tadmorvs agressifs.
- Les colonies poison s’ignorent mais ne sont pas agressives la plupart du temps, continuait la ranger à la carte. Il y a normalement assez de place pour tout le monde à cet étage même s’ils ont été repoussés plus bas qu’au début dans les égouts, mais si des tadmorvs commencent à essayer de prendre le territoire des autres….

Elle échangea un regard inquiet avec son chef, n’osant formuler l’hypothèse que des rattatas étaient maintenant descendus en assez grand nombre pour les inquiéter jusqu’ici. C’était pourtant une idée crédible, et les égouts n’avaient pas été construits sur des profondeurs absurdes. A force de devoir se rassembler dans des niveaux de plus en plus petits, la densité de population allait tout simplement exploser. Et comment obtenir des renseignements précis de la part de créatures incapables de leur parler, de communiquer vraiment avec eux ce qui leur arrivait ?

Dernière édition par Le Conseil le Dim 28 Mar - 15:07, édité 3 fois

Même s’il avait été celui qui avait donné l’ordre et malgré sa main en visière éviter d’être entièrement aveuglé, Darell fut tout de même obligé de cligner plusieurs fois des yeux une fois l’éclat soudain de Griotte achevé. Une fois sa vision retrouvée, le Rhodesien poussa un petit soupir de soulagement en constatant que son initiative avait eu plus ou moins l’effet escompté. La rixe avait cessé, et bien qu’il ait provoqué les pleurs craintifs des Miamiasme, le danger semblait définitivement passé.

Pendant que les Rangers reprenaient le contrôle de la situation, Switch revint à la hauteur de son maître sur un signe de ce dernier. Lequel accueillit l’assistant virtuel et son passager d’un sourire aussi éphémère que sincère.

« Beau travail, tous les deux, les félicita-t-il en caressant doucement le crâne du fruit conscient. Par contre, je pense qu’il vaut mieux que je te fasse rerentrer dans ta Pokébal, Griotte. Histoire d’éviter d’autres accidents. »

Un petit cri surgit des lèvres du Ceribou enthousiaste et visiblement content d’avoir pu être utile. Il disparut quelques instants plus tard, avalé par le rayon incandescent le ramenant dans la sécurité de sa capsule.
Mais comme la grande perche rose s’approchait de leurs guides occupés à maintenir les deux formes de Tadmorv séparées, une idée germa dans son esprit. Il se saisit le menton, les yeux plissés le temps de faire mûrir sa pensée.

« Dites-moi, commença-t-il à l’attention du chef de leur troupe. J’ai bien compris que vous cherchiez à protéger les Pokémon poison des Égouts, et en particulier les Tadmorv, mais… Est-ce que cela vous dérangerait que je capture deux spécimens ? Voyez-vous, je me spécialise dans les recherches sur l’influence de l’activité humaine sur les Pokémon. Et au vu des circonstances de la formation de Tadmorv, j’aimerais les étudier de plus près sans avoir forcément besoin de descendre ici à chaque fois -surtout que ma simple présence pourrait fausser mes prélèvements de données. De plus, si je parviens à en apprendre davantage sur eux, je pourrai vous transmettre mes travaux pour améliorer la situation d’Ankora sur le long terme. Après tout, avec le développement de nouvelles villes, je pense que nous allons vite être confrontés à des scénarios similaires dans un futur relativement proche… Ah, par contre, si vous acceptez il vaudrait peut-être mieux que vous m’indiquiez les individus que je peux prendre avec moi. Vu l’état fragile de leurs effectifs, je ne voudrais pas les priver de membres essentiels. »

L’autorisation obtenue, le Rhodesien remercia à peine l’agent d’un hochement de tête avant de suivre les indications de la Ranger experte dans le type Poison. Par politesse, il se présenta brièvement devant les deux Tadmorv parme et jade respectivement, exposant pourquoi il voulait les prendre avec lui. L’idée sembla les séduire, surtout la perspective de nourriture abondante et régulière, si bien qu’ils se précipitèrent d’eux-mêmes dans les deux sphères bicolores que l’analyste environnemental leur tendit. Entre ces nouveaux sujets d’étude et ses travaux en cours avec Baudruche, il allait être pas mal occupé dans les temps à venir… Même s’il allait certainement devoir aménager une salle spéciale pour le Tadmorv kantonais, s’il ne voulait pas que l’odeur imprègne sa maison…

Satisfait, Darell se redressa pour retourner vers le groupe.

« Peut-être devrions-nous rebrousser chemin ? Si nous ne pouvons pas nous approcher des nids des Rattata, ce serait le plus prudent. Surtout que notre présence n’a pas dû passer inaperçue, » suggéra-t-il.

C’est qu’ils n’avaient pas forcément été les plus discrets. De plus… Même s’il avait fait attention à ne pas laisser Griotte dehors plus que nécessaire, son parfum sucré n’avait pas dû échapper au flair légendaire des rongeurs affamés. C’était un coup à ce qu’une marée grouillante les rattrape pour essayer de les dépouiller de ce trésor savoureux…

Les humains de l’escouade semblaient avoir ressenti les effets de l’attaque lumineuse presque autant que les pokémons sauvages, mais au moins le champ de bataille n’était plus un chaos généralisé désormais. Soit les rangers étaient vraiment respectés de la faune locale, et le fait qu’une spécialiste des poisons qui les avait donc sans doute étudiés soit présente devait sans doute y contribuer, soit il y avait trop d’humains pour que les pokémons osent s’attaquer à cet adversaire de plus. Ou c’était une combinaison des deux, ce qui était presque probable. La ranger au lewsor arrivait presque à apaiser les miamiasmes qui étaient les moins vindicatifs dans cette histoire depuis le début, pendant que l’apparition de nouveaux pokémons appelés par Aloy tendait un peu certains des tadmorvs de part et d’autre de la ligne. Les créatures poisseuses grommelaient entre elles en observant d’un mauvais oeil autant de pokémons dressés chez eux, surtout que vous ne permettiez plus l’accès de chaque camp pour se ruer vers l’autre. Les curieux reflets de la tylton finirent de faire grogner tout bas les tadmorvs, encore de la lumière inconnue dans ces profondeurs, même si le ranger au magnéti trouvait ça assez joli. Quant au reste de l’escouade, elle paraissait se demander pourquoi on n’avait pas lancé avant une attaque si utile.
Personne ne fit cependant le moindre commentaire à qui que ce soit tant tout s’était déroulé vite, et il y avait encore trois colonies ou en tout cas trois groupes différents à apaiser. Puisque Aloy semblait plutôt rejoindre le côté des miamiasmes qui ne risquait pas de sauter sur qui que ce soit, les rangers restants avec Darell purent poursuivre leur conversation sans lâcher des yeux les colonies de chaque côté.
La suggestion du scientifique aux cheveux roses, car tous les rangers avaient fini par l’associer à un chercheur même s’il ne l’était peut-être pas après tout, d’étudier les tadmorvs sembla intéresser le chef d’escouade même s’il était comme toujours avare de commentaires. L’idée qu’il aurait accès aux résultats surtout, devait aider à lui faire apprécier la démarche. Sauf qu’il fallait encore faire adhérer les tadmorvs à la suggestion, ce qui fut naturellement le travail de la spécialiste des pokémons empoisonnés et surtout de son nidorino. Ce fut le pokémon partenaire qui essaya de finir d’apaiser tout le monde en leur parlant du chercheur aux cheveux curieux, plus clairs que ceux des tadmorvs de Kanto mais bon c’est presque pareil finalement. Ce furent des pokémons assez gloutons et peu élevés dans la hiérarchie de chaque colonie qui furent choisis, pour des raisons évidentes, et ils acceptèrent sans rechigner suivant la même logique.

Une fois l’humain en possession de deux pokémons locaux, la tension qui pouvait rester se relâcha franchement. On ne pouvait pas taper les copains tout de même, et les tadmorvs violets qui avaient débarqué à l’improviste dans la galerie de leurs congénères d’Alola paraissaient désormais plus désemparés que féroces. Les miamiasmes de leur côté, rassurés à la fois par le fait qu’Aloy et la ranger piétinée n’étaient pas agressives, regardaient plutôt la galerie par laquelle ils étaient arrivés et n’étaient pas tranquilles du tout en scrutant les profondeurs. Le seul qui avait encore un peu de détermination était le premier du groupe, qui essayait d’exhorter les jeunes à se reprendre et d’aborder les tadmorvs. Apparemment chacun avait des choses à dire à l’autre, et la ranger au nidorino était penchée absolument fascinée vers son pokémon qui poursuivait une conversation intense avec la faune locale. Qu’il y avait un problème était une évidence, mais il y avait désormais un bon espoir de réussir à en savoir plus.
C’était sans doute les signes positifs que la femme en rouge voyait dans l’échange qui la firent relever la tête rapidement à la suggestion de rebrousser chemin.
- Maintenant ? Mais ces pokémons ont besoin de nous ! On ne peut pas juste les laisser s’entre-tuer pour un territoire trop petit, il faut aller voir ce qui se passe chez eux !

Le chef ranger ne répondit pas immédiatement, manifestement tiraillé entre la remarque sur la prudence de Darell, considérant le nombre d’humains présents, et l’envie légitime de sa collègue en voyant l’état d’énervement des différents poisons aux alentours.

Alors que Darell laissait sortir les deux nouvelles additions de son équipe afin que chacune puisse profiter de la présence de leur colonie respective, il hocha la tête devant les commentaires de la Ranger et d’Aloy.

« Je crains que nous n’ayons pas le choix, malheureusement. Nous sommes clairement en sous-nombre, et nous n’avons pas l’équipement pour faire face à un affrontement dans ces conditions. Le mieux est donc de… »

Le Rhodesien s’interrompit brusquement dans son argumentation. A mesure qu’il avait déroulé sa pensée, il avait senti comme un malaise. Comme s’il avait pressenti une contradiction entre ses propos et la situation.
Clignant ses yeux dorés, il regarda autour de lui. Aurait-il ignoré un élément que son subconscient essayait de lui mettre en évidence…? Pourtant, rien n’avait changé depuis l’instant où la rixe entre les amas de pollution avait cessé. Alors pourquoi…

Soudain, une pensée furtive traversa son esprit. Parvenant à l’attraper au vol pour la retenir, la grande perche rose saisit son menton en plissant les yeux en élaborant sur cette idée. Il balaya à nouveau l’endroit du regard. Leur groupe. Les hordes de Pokémon poison. Et si…

« …  Non, je crois qu’on peut continuer d’explorer davantage, » fit-il en ajustant ses lunettes sur son nez.

Sentant les regards braqués sur lui, il toussota pour dissimuler son inconfort avant de reprendre :

« Il est vrai que nous sommes loin d’être suffisamment nombreux pour affronter les nuées de Rattata qui grouillent. Mais ça, ça n’est vrai que parce que nous nous sommes uniquement pris en compte. Il désigna l’assemblée de Tadmorv et Miamiasme devant eux. A vue d’œil, il y a au minimum une douzaine, voire quinzaine d’individus par groupe. Ce qui fait une cinquantaine de Pokémon qui sont a priori de notre côté, ou qui du moins peuvent nous considérer comme leurs alliés, en particulier grâce à votre travail d’escorte régulier. De plus, leur objectif rejoint le nôtre : ils ont besoin de davantage de territoire, nous cherchons un moyen de régler le problème de la population de Rattata. De ce que nous avons pu voir et de ce que vous nous avez raconté, la principale raison pour laquelle ces Pokémon sont victimes des Rattata est qu’ils se retrouvent souvent isolés, là où les Rattata agissent et bougent en groupes. Mais si nous réussissons à les convaincre de mettre leurs différends de côté pour se regrouper et nous escorter comme vous l’avez fait pour eux jusqu’à présent, je pense que les Rattata y réfléchiraient à deux fois avant de s’en prendre à nous, et encore moins à eux. Surtout qu’il y a au moins un Grotadmorv parmi eux, et je ne pense pas me tromper en avançant que d’autres habitent les Égouts. »

Il s’interrompit enfin… En omettant volontairement le défaut principal de sa proposition. Ce plan reposait sur la confiance tissée par les Rangers avec les créatures empoisonnées. Mais ce lien était-il suffisamment solide pour demander à autant de créatures d’accepter de tels risques et d’aller au devant de leurs assaillants…? Lui-même ne pourrait pas demander à Cyanide et Happiness d’intervenir en sa personne, puisque non seulement venait-il tout juste de les capturer, mais en plus avait-il pris soin de prélever des individus peu influents...