Le café était tout juste bâtit. Encore personne n'y avait réellement mit les pieds et pour tout dire, il n'avait rien à servir pour le moment, si ce n'est du thé et quelques sucreries ! La pâtisserie, ce n'était pas encore ça. Pour dire la vérité, ce n'était même pas ça du tout. Entre ses gâteaux qui prenaient trois fois le volume indiqué comme si un Grodrive sortait du four, et ceux qu'il aurait probablement pu utilisé comme brique, il n'était pas très bien lotit ! Pour autant, il avait quelques connaissances de base, presque nécessaires au titre de 'Frère trop cool' que lui attribuait sa superbe sœur.
C'était donc cela, sa stratégie ? Après avoir manqué de la terrorisé plus tôt dans la journée en construisant un chemin ? Oui. Après avoir presque terrifié Bleuenn à cause de la présence de son Exagide, il espérait rassurer sa petite âme paniquée avec la puissance unique et maîtrisée de la pâtisserie de maison : des gaufres. Il avait quelques fruits et quelques produits dans les frigos, de quoi tenter de rendre le tout gourmand, sans être trop complexe. De quoi éviter toute catastrophe !... Et peut-être même tenter de charmer la jeune femme à lui donner un coup de main. Il avait des choses à planter, et plus de main voulait dire moins de soucis~ !
C'est loin devant eux, afin de ne pas effrayer la peureuse des spectres -bien que Yorick déduisait une raison bien plus profonde à une telle panique et un armement d'exorciste- qu'Oziljak lévitait. Gardant ainsi son poste de protecteur, il restait assez loin pour ne pas être pénible pour elle. Et une fois arrivés à Yarilo, il filerait faire une ronde dans l'intégralité de la ville, afin de s'assurer que tout soit sûr. La ville n'était ni habitée, ni réellement protégée pour le moment. L'absence d'humains encouragerait les pokémons du coin à prendre du terrain. Ainsi, libérée de la menace, Bleuenn pourrait peut-être enfin se détendre et reprendre des couleurs !
Quand ils s'approchèrent de l'établissement du géant, il poussa la porte en sifflant un instant, claquant des doigts trois fois. Immédiatement, certains pokémons filèrent alors que d'autres restaient présents. Vu l'autorité du sifflement, plusieurs comprirent qu'ils ne devaient pas être là, comme Earl ou Uzhastik qui ne savaient pas qu'ainsi, ils éviteraient la crise cardiaque à leur invitée ! Venant tranquillement pousser les quelques tabourets, il appuya une main sur le comptoir et bondit par dessus pour passer en cuisine, souriant
« J'vais t'offrir un truc à boire, au moins, avant la visite ! T'as faim, au fait ? »
Il ne savait pas combien de temps elle avait passé dehors, et c'était l'excuse parfaite pour tenter de nouer quelque chose autour d'une boisson chaude et d'un truc à grignoter ! Son Scorplane bondissait de poutres en poutre, Kafé venant pour sa part descendre les escaliers de l'étage pour venir saluer son dresseur, et regarder l'inconnu. L'endroit avait l'air... très vivant ! Et le destin allait le rendre plus vivant encore, tout en donnant de la main d’œuvre au géant~ !
Le trajet jusqu’à Yarilo ne fut pas bien long. Cela me confirmait que j’avais dû tourner autour plusieurs fois sans avoir une seule fois remarqué l’emplacement du village. Enfin, s’il était possible d’appeler ça village. Il s’agissait avant tout de bâtiments vides, pour certains inachevés, que la végétation commençait à coloniser. Cela avait quelque chose l’allure de quelque chose de vieux, mais je comprenais ce que Yorick avait pu ressentir en voyant ce lieu : un potentiel inexploité, une atmosphère triste et douce, une localisation idéale pour une illustration en peinture…
« Yorick, des gens pourront-ils s’installer et vivre ici ? »
Ma question était innocente. Pour l’heure, la plupart des bâtiments semblait accueillir plus de faunes que d’humains. Mais au prix de nombreux efforts, il serait possible de faire de cet endroit un endroit un plein de vie.
Le vétéran captivant me conduisit jusqu’à une bâtisse qui respirait la nouveauté. J’en déduisis qu’il sortait fraîchement de terre. Yorick claqua des doigts avant de m’inviter à entrer et m’asseoir. Il annonçait sa présence avec panache. Il me proposa gracieusement à boire et à manger. Et depuis le temps que j’avais passé à vagabonder, j’avais effectivement besoin de me restaurer un peu. J’acceptai donc volontiers.
« Cet endroit ressemble à un café. Est-ce que c’est vous qui l’avez construit ? On ne s’attend pas à en trouver un ici ! »
Un Galifeu descendit de marches qui semblaient monter à l’étage. A son air étonné, je compris qu’il n’avait pas l’habitude de croiser de nouvelles têtes dans le coin. C’était un vrai plaisir de faire partie de l’inauguration d’un lieu aussi prometteur.
Patience avait trouvé assez facilement cet endroit au milieu de la montagne, au point d’en être surprise. Bien sûr elle se doutait, depuis sa dernière rencontre avec cette connaissance qui la dépassait de plusieurs têtes, qu’il avait fait son travail consciencieusement et que les différents sentiers qu’elle avait pu croiser dans le secteur étaient bien pensés, mais sans doute pas à ce point. Ou la jeune femme avait déjà eu de la chance de tomber sur l’un d’eux, ce qui rendait tout plus facile par la suite. Ou encore, et c’était peut-être le plus probable quand on y réfléchissait, elle devait sa bonne fortune aux yeux perçants de son tropius qui repérait aisément ce genre de choses depuis les airs. Maintenant qu’ils étaient tous les deux à terre, son mastodonte dans son dos pendant qu’elle cheminait sur le chemin construit artificiellement en plein massif montagneux, Patience comprenait mieux comment son pokémon avait pu trouver leur destination si facilement. Yorick lui avait parlé de l’endroit où il s’était installé, elle pensait à une grande maison sur le modèle de la cabane dans les bois, d’un domaine pour profiter des vastes étendues à l’abri de tout au maximum. Pas d’un village, ou de ce qui y ressemblait farouchement à cette distance. La championne d’arène était vraiment perplexe, le dresseur borgne lui avait parlé d’une ancienne installation des rangers qu’il aurait repris pour ses projets. Elle avait dû mal comprendre ses explications, car en quoi des professionnels du sauvetage et de la sauvegarde de la nature auraient eu besoin d’une construction si humaine et urbaine ? Cela lui rappelait même une partie des paysages de Johto, parmi les plus peuplés, ce qui ne l'enchantait pas pour tout un tas de raisons.
Arrivée aux abords des premières habitations, qui paraissaient toutes vides d’ailleurs, Patience comprit que les allées étroites comme celles dont on avait l’habitude dans les villes de ce style ne pourraient pas convenir à son tropius, au point qu’il serait tout bonnement incapable de la suivre plus loin. Ce n’était pas de gaieté de coeur, mais elle dut se retourner pour caresser le large poitrail texture d’écorce avec un regard désolé. - Il va falloir que j’y aille toute seule mon grand, on se retrouve après d’accord ?
Un cri grave et doux, la signature de ce géant qui comprenait que la plupart du temps le monde humain n’était pas à sa mesure. Dès que le rayon rouge l’eut avalé Patience se sentit coupable malgré tout, et quand elle remit la sphère avec les autres à sa ceinture elle se sentit pratiquement nue. La championne n’avait plus du tout l’habitude de se promener sans ses pokémons. Ce qui tombait bien c’était qu’elle en possédait d’autres plus à même de la suivre dans ce village fantôme. La jeune femme pensa en premier à Amétrine, sauf que c’était toujours celle qui la suivait dans ses aventures et il serait sans doute bon de changer un peu. Une autre créature serpentine n’avait pas eu droit à assez d’attention de sa part, sans compter un être qui ne payait pas de mine mais avait déjà prouvé sa valeur en combat. Il faudrait le porter, mais il ne pesait presque rien pour quelqu’un habitué à travailler au nom du projet Ankora. Ce fut donc en compagnie de sa minidraco, enroulée autour de sa taille, collée à son dos et tournant sa petite tête nerveuse partout, sans oublier son ramoloss dans ses bras qui paraissait déjà sur le point de se rendormir, que Patience commença à découvrir le village endormi. Tout ou presque lui évoquait Johto, moins la foule qui se pressait partout et s’échangeait banalités ou hurlait sur les marchés pour vendre. Elle crut même retrouver son vieil accent rien qu’en voyant les façades d’une rue à l’autre. Mais il fallait se rendre à l’évidence, l’endroit était désert. Patience finit par s’arrêter devant ce qui ressemblait à un café ou un bar, qui paraissait plus entretenu que le reste. Elle ne savait pas de quoi, ou de qui lui venait cette soudaine impression qui déferlait comme le conseil avisé d’un ami, mais elle était persuadée qu’il y avait quelqu’un dans les parages. - Yorick, est-ce que tu es par ici ?
Les paroles de la jeune Bleuenn semblaient pleine de candeur, sincères, éprises de cette curiosité qui l'amenait à observer chaque recoin de cette ville encore déserte pour le moment, mais dont les diverses cases préparées de-ci de là laissaient penser à une possibilité d'installer plusieurs habitants. Dans un soupir profond, mais fier, le géant ne pu s'empêcher de bomber un rien le torse pour répondre
« Bien sûr. Il y a plusieurs endroits qui pourraient servir de lieux de première nécessité, et d'autres qui pourraient être convertis selon le besoin. Par exemple, j'ai une base de bâtiment à côté d'un simili de rizière. Je sais à quoi ça peut servir, du coup, mais je suis persuadé que d'autres esprits trouveraient d'autre idées !... C'est là l'esprit de Yarilo~ »
Un esprit de partage, d'apprentissage, de découverte. L'union de toutes personnes seules ne souhaitant plus l'être. Yarilo avait l'objectif d'être un tout, une unité, une famille reconstituée. Sitôt arrivé dans le café, il vint alors ouvrir le frigo pour sortir un saladier qui avait eut le temps de reposer. Parfait. Il sortit alors un appareil de l'un des tiroirs d'outillage, branchant l'outil pour le laisser chauffer... Et en profita pour sortir du frigo confitures et fruits, qu'il devait passer. C'était bien, d'avoir quelques trucs à cuisiner, mais vivement ses plantations pour quelque chose de plus correct, régulier et diversifié !
« De mes mains ! C'était pas facile, et j'ai dû demandé des plans à des connaissances pour tenter de faire un truc qui tient debout. Mais j'suis content du rendu !.. Et, ehm, c'est compliqué ? J'ai fais quelques chambres à l'étage, mais je... j'aimerai bien avoir une 'tite place à moi. Je pense utiliser le cube pré-fait que t'as vu dans la rue parallèle, pour me faire une petite maison avec un étage. Mais me faut du matos à nouveau. »
En effet, avec tout le travail déjà abattu, il en avait encore des masses malgré cela ! Du travail qu'il ne rechignait pourtant pas à faire, auquel il s'adonnait avec plaisir, même ! Tandis que se préparait le repas, on entendait chauffer la machine qui faisait cuire la pâte, alors que le couteau du colosse claquait à la planche à découper. C'est à cela que s'ajouta une voix, celle d'une femme, qu'il connaissait, et qu'il avait même invité à venir quelques jours plus tôt ! Très agréablement surprit, il l'observa alors depuis derrière son comptoir, souriant gaiement en sortant une autre assiette
« Patience !? P'tin, c'est cool de te voir ! Installe toi ! J'te présente une des nouvelles têtes de l'île, Bleuenn ! Mh, faites pas trop gaffe au bazar ambiant, c'est... c'est encore pas mal vivant, dans les parages. »
Sifflant Jokket, il lui fit un signe de main avec un air à l'aise. Une aise qui se dissipa un instant, quand il sembla se crisper. Bougeant une main, celle tenant le couteau, il sembla articuler quelques chose en langage des signes. On pu alors entendre... un petit peu de mouvement, puis beaucoup plus dans les escaliers. Avaient-elles eut le temps de voir ? Plusieurs pokémons venaient de tracer à l'étage. Oziljak avait comprit, d'après les pensées et les mouvements de son maître, qu'il devait vite escorter les spectres à l'étage. Ce n'était pas le moment de faire faire une crise de panique à la rouquine ! Enfin, le colosse vint poser deux assiettes sur le comptoir, avec deux tasses qui ne tarderaient pas à se remplir d'un thé au parfum d'agrumes.
« Gaufre aux fruits, confiture maison. Elle est un peu épaisse, mais ça me parais mangeable. Enjoy ! »
Souriant gaiement, le colosse croisa les bras en observant les réactions de ses invités. Il espérait que ce petit en-cas leur plairait ! Ce sourire s'illumina de plus belle quand il vit arriver le charmant canidé avec quelque chose en bouche, remuant fièrement la queue après avoir accomplit sa mission ! Prenant ce qu'il tenant, il le remplaça par une petite friandise et se redressa, pour poser l'objet à côté de l'assiette de sa toute première rencontre sur cette île. Une pokéball.
« Tiens, comme promis : il est pour toi. Dés que j'ai vu ce bestiau, je me suis dis que tu saurais gérer~ »
La spécialité de la championne ne lui était pas inconnue. La présence de Patience était une surprise agréable, et avoir à sa table deux personnes aussi charmante était un véritable plaisir ! Une fois qu'il serait plus expérimenté en cuisine, et qu'il aurait une foutue carte, peut-être pourrait-il envisager de faire payer les repas...
Yarilo était donc bien un village, en dépit des airs de ruine qu’il pouvait refléter. Un village en devenir, ne comptant qu’un seul habitant, qui n’avait pas encore sa propre maison. Il se construirait au fur et à mesure des inspirations des gens qui s’y installerait. Le projet était passionnant ! La volonté de Yorick pour lui faire voir le jour tout autant.
« Vous devez être diablement déterminé pour débuter ce projet tout seul… avez-vous déjà rencontré des personnes qui ont manifesté l’envie de vous rejoindre ? »
Pendant que je lui adressai ma question, le colosse prépara une collation à déguster. Une femme arriva sitôt ma phrase terminée. Je ne l’avais jamais vue, et pourtant, un sentiment de familiarité se dégageait d’elle. Comment pouvais-je la connaître ? Je la saluai timidement du bout des doigts avant de reprendre une position plus sage sur mon tabouret près du comptoir. J’étais persuadée de la connaître, mais même lorsque Yorick prononça son nom, cela ne me dit rien.
Le vétéran nous présenta deux gaufres surmontées d’une montagne de fruits et de confiture. Elle était… haute. Il confirmait qu’il avait le sens de la démesure, jusque dans les petits actes du quotidien. Mais tous ces fruits rouges, ces coulis réhaussant la couleur dorée de la pâte cuite… un vrai bonheur pour les yeux. Après m’être rapidement lavé les mains, je la pris un peu trop maladroitement à mon goût pour rester distinguée et tentai de prendre une première bouchée. L’absence de cuillère ou de fourchette se faisait ressentir, mais j’avais suffisamment paru gourdiche pour le moment. Yorick n’avait pas non plus l’air d’être l’homme à trop prendre à cœur les manières. Veillant à bien avoir avalé avant de répondre, je le félicitai :
« La gaufre est chaude, le reste est frais ! Ça du bien, après tout cette marche ! »
La texture croquante des fraises, les petites graines des framboises, et la tendresse de la pâte encore chaude était un vrai plaisir. Je poussai quelques fruits dans l’assiette pour conserver la balance des saveurs.
« Vous les cueillez dans le coin, tous ces fruits ? Comment vous approvisionnez-vous ? »
Yorick s’adressa d’abord à Patience pour conclure ce que son Caninos venait de commencer. Un don de Pokémon. Mais de là où j’étais, je pus voir une scène très étrange qui échappa aux deux autres. Un Crèmy s’approchait de la tasse encore vide Patience pour s’y jeter. Je posai précipitamment ma gaufre dans l’assiette pour essayer de l’en empêcher mais… mes doigts passèrent au travers de son corps liquide. Surprise, je restai figée, la main dans le vide, tentant de comprendre ce qui venait de se passer. Le Pokémon était-il liquide ?! J’attrapai alors la tasse et la remuai quelques instants. Le Crèmy se déforma en effet sous la force centrifuge… Je versai alors le contenu de la tasse sur le comptoir, près de moi.
« Yorick, est-ce que c’est votre Pokémon ? Je ne savais pas qu’ils étaient… si liquides. »
L’intuition de la jeune femme avait été la bonne, ou simplement l’observation de l’entretien dont bénéficiait ce lieu parmi tous les autres. Les odeurs qui s’en dégageaient, qui firent lever le nez de la minidraco et presque maintenir éveillé le ramoloss, ne laissaient pas beaucoup de doutes sur la nature de l’établissement non plus. Et surtout, la voix masculine qui s’éleva en réponse à sa question était exactement celle qu’elle pensait entendre ici. Patience se retrouva donc propulsée dans cet endroit inconnu mais qui avait des aspects si familiers, débarquant apparemment en pleine réunion et de manière un peu gauche avec ses deux pokémons suspendus à elle ou dans ses bras selon le cas. Il était certain que son ramoloss ne risquait pas de s’agripper dans son dos comme pouvait le faire Dolomite, encore timide sous la cascade de cheveux noirs. - Navrée si je vous dérange, ce n’était pas mon intention…
Elle n’eut pas l’occasion d’ajouter quoi que ce soit avant que Yorick ne l’invite en bonne et dûe forme dans son flot de paroles habituel, ayant pour lui en exubérance ce que la jeune femme avait en retenue apprise au forceps bien trop longtemps. Ce fut donc avec un sourire poli qu’elle s’installa à la place désignée, laissant son ramoloss prendre le soleil près de la porte à côté d’un petit pokémon plante fort joli. Patience ne l’avait pas spécifiquement étudié et il ne venait pas de sa région, aussi elle n’en était pas certaine mais pensait que c’était un mimantis. Elle ne savait pas non plus si le pokémon appartenait à Yorick ou non, dans tous les cas il ne paraissait pas agressif et elle pouvait bien laisser Quartz faire sa sieste rituelle où bon lui semblait. Elle eut son sourire habituel pour la personne qu’on lui présentait, et dont elle n’avait effectivement aucun souvenir. En réalité elles s’étaient croisées ou plutôt auraient pu dans une certaine forêt en plein hiver, mais leurs groupes ne s’étaient pas rencontrés durant leur course d’orientation finalement. Patience composa donc son visage aimable de circonstance pour la dénommée Bleuenn, que sa minidraco observait aussi de ses grands yeux noirs. - Enchantée. Je suis Patience, la championne actuelle de Bourg-Asque. Et cette jeune dame dans mon dos s’appelle Dolomite.
La minidraco émit un léger cri de sa voix claire en entendant son surnom, pendant que la jeune femme revenait à son assiette. Elle avait cru noter le regard qu’on lui lançait souvent, de la part de gens qui avaient entendu parler d’elle ou vu son image dans l’exercice de ses fonctions et ne parvenaient pas à la remettre en chair et en os. De fait son titre était évoqué de plus en plus souvent, au point qu’elle craignait de développer bientôt une forme d’orgueil néfaste. Ces considérations furent mises de côté lorsque la collation arriva, demandée par personne et pourtant apparue comme dans n’importe quelle auberge avec un soin certain sur la présentation. Inspirée par l’exemple des sites internet qu’elle découvrait depuis que l’équipement adéquat avait été installé à l’arène, Patience s’empara de son appareil photo pour prendre un cliché de la gaufre avant de l’entamer. Ce fut par petites touches, un fruit à la fois sur la pile, qu’elle commença la dégustation en trouvant la question de Bleuenn sur l’approvisionnement très pertinente. Avec autant d’espace aux alentours Yorick s’était peut-être mis à l’agriculture également après tout.
La jeune femme avait un peu oublié cette histoire de pokémon supplémentaire, mais ses yeux brillèrent d’intérêt quand on posa sur le comptoir une autre sphère bicolore. Ce n’était pas très poli de se jeter immédiatement dessus, et pour n’importe qui connaissant sa spécialité un cadeau à lui faire ne se libérait pas forcément en intérieur. Mais rien ne l’empêchait de manifester sa joie ou son intérêt, tout comme Dolomite qui allongeait le cou pour mieux voir. - Oh Yorick c’est trop gentil, il ne fallait pas ! Qui m’as-tu trouvé ?
Elle se nota mentalement de lui rendre la pareille dès qu’elle mettrait la main sur un pokémon ayant de l’intérêt pour lui, il n’était d’ailleurs pas le seul sur la liste d’amis généreux auprès desquels Patience se sentait redevable. Yorick avait vraiment réussi à se construire un bel endroit d’ailleurs, il avait peut-être toutes les espèces à portée là où il était. La jeune femme avait aperçu des plantes danseuses donc, un pandespiègle bagarreur qui lui rappelait celui confié par son amie Sarah avant son départ, des insectes communs partout où ils pouvaient se nourrir. Les chenipottes n’étaient pas de Johto mais on en voyait tellement en forêt qu’elle avait fini par les connaître, à force de rendre visite à son frère dans sa pension au bord de l’eau. Enfin, un dernier spécimen occupa l’attention de tous, ou plutôt la jeune femme commença par se demander ce que Bleuenn fabriquait avec son thé. Occupée par son nouveau pokémon Patience n’avait rien vu de l’action qui venait de se dérouler, et se demanda vraiment pourquoi la seconde dresseuse tenait à arroser le comptoire en retournant le récipient. Jusqu’à voir ce qui en sortait, et qui ne ressemblait pas du tout à un liquide il fallait en convenir. La championne se pencha à son tour vers le pokémon, intrigué de sa forme apparemment malléable. Il ne venait pas non plus de sa région et ne correspondait pas du tout à ses goûts, aussi elle garda le silence à son sujet et préféra laisser le propriétaire des lieux répondre.
Patience était toujours aussi polie. Bien qu'elle n'interrompe rien, si ce n'est déconcentrer Bleuenn pendant qu'elle mangeait avec grand plaisir la gaufre offerte par le colosse, elle semblait essayer de se faire un rien discrète, avec cet air... assez sage. C'était quelque chose qu'il avait toujours trouvé fou chez Patience. Littéralement, sa... patience ? C'était le bon mot ? Cette capacité qu'elle avait à rester droite, mesurée, polie, en toute circonstance et toute condition. Pour quelqu'un d'aussi désorganisé que le colosse, sachez que cela révélait du miracle ! Pendant qu'elle entrait et s'installait, tout en profitant de ce moment de battement pour prendre en photo son repas mais aussi profiter de ce dernier, il répondit aux premières questions, avec un sourire
« Les fruits ? C'des restes d'un coup de main que j'ai donné pour des récoltes. Le gros jardin où on peut accueillir des clients, il y a des plantations mais j'attends encore que le tout pousse. Je pense qu'à la fin du printemps je devrais avoir pas mal de trucs... Du coup cet été ce sera tout de mon propre petit jardin~ ! »
Souriant gaiement, fièrement, il finit par s'installer devant ses dames. La faim n'était pas vraiment là, non. Lui, il préférait un simple café, chaud et épais. De quoi se requinquer et se détendre, alors que les deux jeunes femmes mangeaient leur gâterie avec appétit. Une scène qui le remplissait de joie, lui permettant de réaliser combien ses productions pouvaient être bonnes ! Fier, radieux, il vint rétorquer à la jeune championne avec un ton sympathique, amusé
« Un p'tit pépére. J'ai croisé ce gars là à la foire d'hiver ! Alors, j'avais pas vu beaucoup de ces bestiaux à Galar, mais j'ai cru comprendre que ça devenait de sacrés monuments ? Ça s'appelle un Charibari, et du coup... me suis dis qu'il serait très heureux avec toi~ »
Un grand sourire dentelé de crocs se dévoila sur son visage. Clairement, il semblait fier de sa capture ! Fier de son cadeau ! Et fier de ses connaissances~ ! Il avait des connaissances sur bien des régions, mais sa capacité à reconnaître certains pokémon était... limité, parfois. Parfois, il se contentait de capturer un pokémon et se renseigner auprès d'autrui, afin de pouvoir éduquer et élever le pokémon pour en faire la meilleure version possible ! Lorsque l'on vit en pouvant pleinement exploiter ses compétences et les mettre au service de ses envies, on vivait bien ♪ !
Tout serein, il était à préparer son café, dans son coin... Et sursauta en voyant un Crémy essayer de s'y faufiler ! L'attrapant dans le creux de sa main, il le fit couler dans l'autre en voyant qu'il tentait de filer et, soudain, il le posa sur la table, à côté de l'autre qui avait embêté Bleuenn. Soupirant alors péniblement, le colosse se frotta la nuque pour rétorquer, avec un sourire en coin nerveux
« Je. Non. Ces Crémy ont tendance à venir errer vers le café, ou à embêter les clients ! Ils restent sages dans des tasses, habituellement. Ce sont des bêtes pas méchantes ! Juste... un brin encombrantes. »
Riant doucement, il regardait les deux Crémy faire une espèce de danse en cercle, comme content de trouver un ami dansa une terre inconnue. Poussant alors ce soupir serein, il releva les yeux vers ses invitées, non sans un air radieux, expliquant ensuite en commençant à manger une gaufre pour lui aussi
« Profitez ! Je suis encore à définir ce que je vais mettre sur ma carte... Peut-être cette gaufre ? À voir ! »
Un nouveau rire s'en suivit. Clairement, le géant était absolument ravi d'avoir du monde ici !... Et au passage, il profitait pour prendre des photos avec son pokématos de la vie qui animait les lieux. Après tout, il pourrait certainement renseigner ces derniers auprès des Rangers ! Les pokémons du coin pourrait plaire à des fans de concours, ou des afficionados de café... Qui sait ♪ !
« Oh, non, ils ne m’embêtent pas ! Ce Crèmy est si adorable ! Ils ont des boissons préférées ? Est-ce qu’ils changent de couleur selon la boisson avec laquelle on les mélange ? »
Curieuse de cette découverte, et étrangement attendrie par la bestiole… liquide, je m’amusai à enfoncer mon doigt dans son corps aqueux. Ou gras ? En tout cas, sucré. Le goût du Crèmy était étrangement bon, ce que je trouvai affreusement glauque. Un Pokémon aussi mignon était comestible… cette pensée me fit frissonner. Ma gaufre me parut soudain beaucoup moins appétissante. Le Crèmy devant moi avait rejoint un camarade, mais le temps que je me lève, il était revenu vers moi. Est-ce qu’il voulait… que je lui donne de petits à-coups pour le faire vibrer ? … Ah non, il voulait seulement rejoindre l’intérieur du verre. Je l’y aidai puis partis avec dans le jardin.
« E-Excusez-moi, je ne me sens pas très bien… »
C’était même une nausée que je ressentais. Plus je voyais la trogne de ce Pokémon, moins l’idée de manger une sucrerie me paraissait appétissante. Au contraire. La chantilly de Yorick était-elle faite avec un Pokémon comme les Crèmys ? Il en avait mis beaucoup sur ma gaufre, c’est peut-être qu’il avait des matières premières à profusion. Yorick appréciait les Spectres, il n’était forcément pas très net. Son penchant pour la mort s’exprimait peut-être dans ses créations culinaires…
« Dis, petit chou, tu ne voudrais pas quitter cet endroit pour éviter de finir sur une gaufre ? »
L’expression souriante du Pokémon ne changea pas d’un trait. Est-ce… est-ce qu’il me comprenait ? Je ne m’étais pas posé la question pour mes autres Pokémons, qui semblait saisir mes intentions, mais… ce Crèmy pouvait-il entendre mes mots ? Est-ce que c’était présomptueux et immoral de prendre la décision à sa place ? En proie au doute, je décidai de trancher. Oui, il me suivrait, mais s’il souhaitait partir je le libérerai. Alors, avec une Pokéball piochée dans mon sac, je fis de ce Crèmy mon Pokémon. Je le sauverai de ce barbare. Et je ne mangerai plus de chantilly.
Il me fallut quelques minutes supplémentaires pour me vider l’esprit. Ces pensées angoissantes mirent du temps à s’estomper. Finalement, lorsqu’enfin je réussis à rétablir mon calme intérieur, ce qui était chose suffisamment rare pour être soulignée, je me rappelai soudain que j’avais été envoyée par les Rangers pour réaliser une étude.
Ecarquillant les yeux devant l’absurdité d’un tel oubli, je me tapotai les joues pour me punir et mes reconcentrer. Je sortis un calepin et un crayon de mon sac et commençai à observer les Pokémons qui pouvaient m’entourer. Il s’agissait essentiellement de Chenitis, que je pris soin de dessiner en détails. Les deux tourtereaux me laissaient rêveuse, quand bien même je n’aurais pas dû. Personne ne voudrait d’une coquille vide comme moi. Si le dessin du Cheniti solitaire était assez réalise, celui du couple était un peu trop stylisé. J’espérais que les Rangers ne m’en tiendraient pas rigueur. Car il s’était écoulé trop depuis ma disparition. Que devaient penser de moi Yorick et l’autre dresseuse ? Elle me rappelait quelque chose, mais je n’aurais pas su dire quoi. De la même manière, elle m’évoquait quelque chose de malaisant, mais je n’aurais pas su le décrire. Je devais affabuler, je jugeais trop vite sur des sentiments inexplicables.
Occupée à déguster son encas improvisé, en tout cas de son côté car la jeune femme n’avait pas spécialement prévu de manger en venant ici, après l’avoir pris en photo sous tous les angles, Patience était surtout occupée de son tout nouveau pokémon auquel elle ne cessait plus de penser. Il fallait qu’elle fasse davantage de recherches, les charibaris venant de Galar région qu’elle connaissait très peu, et c’était presque rêveusement qu’elle maniait la cuillère dans son assiette. Ce fut au point qu’elle fut très peu attentive à l’arrivée d’un autre pokémon de Galar, bien plus petit, du côté de la seconde jeune femme cette fois. Elle se dit à peine que son jumeau pourrait beaucoup apprécier la petite crèmy, avant de laisser Bleuenn faire connaissance. L’un dans l’autre, dans un monde aussi magique que celui des dresseurs, que la crème du café soit vivante était loin d’être le plus surprenant qui puisse arriver dans une journée. Les deux crèmys réunis pour danser avaient quelque chose de charmant bien sûr, Patience dégaina donc de nouveau son appareil photo pour immortaliser l’instant. En plus cela ferait un cas intéressant pour l’étude demandée aux alentours de Yarilo, on avait pas toujours l’occasion de voir le comportement naturel des pokémons sauvages entre eux. Les questions de Bleuenn en devenaient intéressantes sur cette espèce inconnue de la championne, qui se demande si le tenancier à force de les fréquenter connaît la réponse.
Elle n’eut cependant pas le temps d’approfondir la conversation, puisqu’elle avait la bouche de nouveau pleine après sa photo lorsque Bleuenn déclara avoir besoin de prendre l’air. Ce n’était évidemment pas Patience qui allait l’en empêcher, ce n’était pas comme si elle était si à l’aise que cela avec les inconnues de toute façon. La jeune femme resta donc à l’intérieur avec leur hôte, alternant entre finir son assiette et prendre des notes sur les réponses fournies de Yorick. Avec son expérience, il avait des connaissances que la championne ne possédait pas et pour une fois elle aurait un rapport fourni au moins sur les crèmys. Le temps que Bleuenn revienne, elle put d’ailleurs prendre en photo également les mimantis très nombreux du café, les chenipottes mangeant leur feuille en songeant de dire à Narcisse de venir visiter ici, et même le pandespiègle de l’entrée qui se cachait à moitié. La photo ne serait peut-être pas très nette, mais elle avait le mérite d’exister. Lorsque toutes ses notes furent prises sur les différentes espèces, ce qui représentait tout de même un certain temps, que sa gaufre fut finie et ses pokémons rappelés, Patience commença tout de même à s’inquiéter du départ de la seconde dresseuse. Elle s’apprêtait à sortir la chercher, lorsque Bleuenn décida de revenir en affirmant aller mieux alors qu’elle n’en avait pas du tout l’air. - Vous êtes sûre ? Je peux vous raccompagner pour rentrer si vous voulez, ce sera plus prudent.
De toute façon elle avait finit ce qu’il y avait à faire pour une étude, et allait prendre congé de Yorick. Dans ses affaires, le rapport complet serait aussi à remettre aux rangers dès qu’elles seraient revenues à une vraie ville. Restait juste à savoir si Bleuenn voudrait voler.
![[Étude] A garden in a coffee shop [pv. Patience & Bleuenn] Signat14](https://i.servimg.com/u/f38/20/30/27/08/signat14.png)
![[Étude] A garden in a coffee shop [pv. Patience & Bleuenn] Signat13](https://i.servimg.com/u/f38/20/30/27/08/signat13.png)
![[Étude] A garden in a coffee shop [pv. Patience & Bleuenn] Pokeball](https://serebii.net/itemdex/sprites/pokeball.png)
![[Étude] A garden in a coffee shop [pv. Patience & Bleuenn] Dommag12](https://servimg.com/r/8220050526/dommag12.png)
