Les égout... Ce n'est pas mon lieu préféré, loin de là, mais c'était ainsi. J'avais pris à cœur de visiter chaque endroit d'Ankora et sur la carte, ils y figuraient. Pour des missions, surtout, je suppose, comme certains devaient veiller à leur propreté, mais quoi qu'il en soit, je ne devais pas faire d'exception. Car les exceptions en engendre d'autres...
Margarita n'avait pas aimé l'idée et s'était cette fois, d'elle-même, rentrée dans sa ball. Mes autres Pokémons non plus n'étaient pas ravis de passer dans un endroit si fermé, sale, et malodorant. Seule Bloody Mary avait accepté avec sûrement en tête l'idée de trouver quelque chose à manger. C'est qu'elle est loin d'être difficile et ferait une adversaire coriace aux Tadmorv et aux Mamiasme au niveau de sa nourriture.
À vrai dire moi-même, j'étais réticent. Adieu beau vêtements, j'avais pris mes plus vieux bien à mon goût bien qu'il restât tout à fait beau et convenable aux yeux des autres. Comme si cela pouvait m'empêcher de sentir mauvais, j'avais aussi enfilé ma cape malgré les températures qui montent et mis un voile par-dessus mon nez. En y pensant, je ressemblais à peu à une danseuse du ventre qui tente de passer incognito.
Je m'attendais à pire, mais les égouts étaient bien éclairés et dotés de trottoir bien au sec. L'odeur en revanche, elle, ne fit pas défaut, horrible, désagréable, immonde. Dans l'eau sale qui s'écoulait plus bas traînait de nombreux déchets diverses, certains naturelles tel que des brindilles ou des feuilles, d'autre humaine tel que des canettes et des plastiques.
"Et bien Bloody Mary... Même ici certain ignore à quoi servent les poubelles. C'est bien dommage."
Dédale de couloirs, odeur écœurante, lumière parfois absente par manque de maintenance ou de propreté... Les égouts étaient bien loin d'être l'endroit préféré pour une balade. D'ailleurs, malgré la journée déjà bien avancé, je ne croisais personne.
Bloody Mary eue plus de chance que moi, croisant l'un de ces congénères qui furetait parmi les déchets. Croyant que celui-ci avait trouver à manger, elle se jetait littéralement dessus. Les deux bestioles roulèrent boulèrent dans la crasse, l'eau et les immondices à en devenir noir, collant et recouvert de détritus divers. Je n'aurais sûrement pas reconnu la mienne si son ruban, tout aussi sale, ne rajoutais pas un indice flagrant.
"Bloody Mary, ça suffit ! Laisse-le donc, tu sais très bien que tu as bien mieux à manger que ce qu'il peut trouver ici !"
Mais la Rattata n'écoutait pas. Elle attendit que l'adversaire parte en retraite pour fouiller à son tour. Hélas pour elle, pas le moindre petit bout à se mettre en bouche. Quand elle revient du coup vers moi, l'air dégoûté, je lui fis les gros yeux avant de soupirer et sortir un petit mouchoir. Je l'humidifie avec la petite bouteille d'eau qui nous servait en cas de soif avant d'entreprendre de lui refaire une beauté. Ou du moins, le mieux que je pouvais, car l'odeur autant que certaines tâches se faisaient résistant.
"Je te préviens ma belle, c'est le bain en rentrant !"
La Rattata me lançait un regard qui disait clairement qu'elle ne comptait pas ça comme une punition et qu'elle oserait remettre le couvert en cas de besoin. Malgré moi, cela me fit sourire. Bloody Mary était une princesse en fait. Une sauvagesse, certes, mais une princesse quand même.
Le reste de notre parcours fut plutôt calme. Beaucoup d'autre Rattata qui tantôt fuyaient, tantôt se faisait piquer leurs trésors par Bloody Mary qui ne les trouvaient finalement pas a son goût, tantôt nous observaient par curiosité... On croisait aussi quelques Miamiasmes occupés à faire le propre en avalant tout ce que les Rattata ne mangeaient pas. Heureusement que ce genre de Pokémons étaient là... Comment donc serait cette jeune ville dans le cas contraire ? Ils évitaient une pollution de l'endroit et maintenait ainsi la beauté de la nature.
Et pour l'eau... Je me demander quel Pokémon pouvait bien nettoyer celle-ci aussi. De ceux que j'avais pu voir, c'étaient surtout les immondices palpables, dira-t-on, que ces Pokémons s'évertuaient à faire disparaitre, mais j'ignorais totalement si l'un d'eux était capable de s'occuper de rendre ce liquide brunâtre et malodorant, aussi claire et potable.
S'il me tardait quand même de faire demi-tour et finir cette "exploration" d'Ankora, la Rattata, elle, semblait bien plus s'amuser. Je prenais donc sur moi pour la suivre, du moins, jusqu'à une parcelle légèrement recouverte d'eau. Le niveau s'étaient élevé par les dernières pluies et il fallait alors se tremper les pieds pour continuer. D'une grimace, je m'excusais à la rongeur.
"Ah, là, je suis désolé ma belle, mais c'est hors de question pour moi. Allez, viens, on rentre, tu as bien mérité une petite friandise pour avoir joué les guides."
Il ne fallut pas plus qu'une promesse de friandise pour que la Rattata accepte très facilement de rebrousser le chemin.
J'ai une certaine chance d'avoir un bon sens de l'orientation, ou de moins, de me souvenir de quelques détails qui me rappelle mon chemin. Si je me hâte un peu le pas pour retrouver enfin la lumière du jour, l'odeur du printemps et la verdure, Bloody Mary, elle, prend tout son temps. Non, décidément, ma première action va être de lui donner un bon bain !
Parlant de bain, un remou dans l'eau attira l'attention du rongeur qui s'approchait alors. Un petit jet d'eau viens alors lui asperger la figure alors qu'une petite tête avec deux longues moustaches bleues la regardait d'un air joueur. Et bien voilà, je n'étais pas le seul à avoir pensé à la nettoyer !
La Rattata fut surprise, mais ne le prit pas si mal, se contentant de s'éloigner pour me rejoindre après s'être secoué pour enlever l'eau et la saleté. Elle semblait finalement d'un coup bien plus encline à rentrer aussi, l'odeur de l'eau croupie devant lui tenir encore au nez. J'en souris, amusé, mais me retient la moindre caresse. Des papouilles, certes, elle en aurait, mais une fois propre !
"Aurais-tu envie d'un bon coup de propre aussi d'un coup ? Le jet d'eau ne t'as pas suffi ?"
Je ris amusé avant de trouver enfin la sortie, plutôt fière de nous : même si l'endroit avait loin de m'avoir plus, nous avions fait notre mission personnelle de l'explorer tout de même.