S’occuper d’une medhyena bien trop active n’est pas de tout repas, en tout cas bien moins que de prendre soin d’un stari immobile. Pour son Pourpre c’est bien simple, la plupart du temps il porte l’étoile et essaie de comprendre ses besoins en l’absence de toute réelle expressivité. Fumée c’est pratiquement l’inverse, il faut l’occuper sans cesse et surtout s’assurer qu’elle ne vienne pas contrarier son miaouss qui n’aspire qu’à une bonne sieste. Narcisse bénit le reste de son équipe qui se relaie pour l’assister et ne pas perdre le louveteau, il est tout de même pressé d’avoir une propriété en dur bien à lui avec un bout de terrain pour que Fumée se dépense davantage que dans une tente trop étroite et un campement surpeuplé. L’environnement sauvage de l’île regorge d’opportunités pour que toute l’équipe se dépense et s’entraîne pour les plus âgés, mais le risque est que les plus enthousiastes partent trop loin et prennent des risques ou se perdent. Narcisse n’a pas encore croisé de créatures véritablement dangereuses, il faut dire qu’il ne s’est pas aventuré si loin que cela. Ce n’est pas dans son caractère, il préfère de loin le charme de la ville et se plaît à imaginer qu’une de ces mignonnes maisons sans opulence mais chaleureuses soit un jour la sienne. Il aurait tout de même aimé retrouvé sa jumelle avant de s’installer définitivement.
En tout cas la ville et ses habitants, les colons qui viennent s’y promener pour se relaxer, forment un ensemble bigarré qui peut intéresser la petite louve et l’empêcher de se sauver partout. Narcisse aime s’y promener, il a donc emmené de nouveau son équipage au complet le long des rues bien droites de Bourg-Asque. Le dresseur compte faire quelques emplettes en même temps, et cela reste une bonne occasion d’éduquer sa medhyena à rester près de lui et plus calme qu’en pleine nature. Le bébé loup s’y tient un temps, mais n’est que trop vite distraite par les odeurs de nourriture qui sortent des différents établissements voulant attirer le promeneur au fil des avenues. Narcisse lui trop occupé à prendre en photo les détails d’architecture ou de décoration des lieux, ne remarque pas tout de suite que Fumée est déconcentrée. Ce sont les cris du reste de son équipe qui l’alertent, alors que la queue touffue du louveteau est déjà loin devant. - Fumée !
Les appels du dresseur restent vain, et il n’a plus qu’à se lancer à la poursuite de la fuyarde. Fumée porte bien son surnom, se faufilant sans peine dans la moindre faille ou le plus petit espace entre les jambes, change de cap d’un bond quand le reste de la troupe a bien du mal à pivoter si vite, et si elle n’était pas un peu curieuse et donc moins rapide qu’à son maximum il l’aurait perdu pour de bon. Mais la medhyena lève régulièrement sa truffe à la recherche d’odeurs inconnues, et après une cavalcade bruyante dans une ruelle étroite et un escalier dévalé aussi vite que possible sans risquer de se briser la nuque en tombant Narcisse finit par rattraper sa pokémon un peu en dessous du niveau du sol. - Je t’ai eu ! Fumée, tu ne dois pas disparaître comme ça…
Le dresseur ne s’était pas rendu compte tout de suite de leur environnement, mais il s’interrompt peu à peu en réalisant qu’ils sont à l’entrée d’une artère relativement sombre et éclairée artificiellement. Ils sont sous la surface, sur la berge d’un large canal encore propre que Fumée s’applique à renifler méthodiquement. Ils se sont retrouvés dans les égouts de la ville, ce qui semble incommoder Véronèse déjà occupée à ne pas salir ses fleurs et éviter tout détritus éventuel. Eglantine ne paraît pas non plus ravie de se trouver là, Incarnadin comme Pourpre sont parfaitement indifférents comme à leur habitude, et Céruse pour une fois semble de l’avis de la medhyena en fouillant partout à la recherche d’un objet précieux et abandonné.
Narcisse ne pensait pas que les égouts formeraient une telle structure une fois achevés. On leur avait pourtant demandé d’aider à les creuser à la construction de la ville, mais cela reste impressionnant maintenant qu’il est dans les artères neuves. Le dresseur n’avait d’ailleurs pas pu descendre tandis que Bourg-Asque sortait de terre, il est presque heureux de découvrir ce décor achevé et éclairé comme il se doit. Encore qu’il ait presque quelque chose d’angoissant, le jeune homme n’a vraiment pas une âme d’explorateur et s’inquiète juste de se perdre. Pour l’instant il n’a fait qu’une ligne droite pour retrouver sa medhyena et repartir de là où il vient est facile, sauf que ses pokémons ne semblent pas décidés à le suivre. Narcisse commence donc à leur parler doucement pour essayer de les convaincre de remonter, les égouts n’étant tout de même pas sa destination touristique favorite, ou plutôt pour persuader Fumée et Céruse. Le reste de l’équipe est plutôt de l’avis de leur humain apparemment, même si Eglantine commence à manifester des signes de curiosité pour les importants canaux qu’ils longent et où l’eau coule à flots. Si ce n’était pas de l’eau souillée, ça serait presque un jeu amusant que d’essayer d’y tremper pour suivre le courant. La medhyena en avant continue de fureter truffe au niveau du sol, mais impossible de savoir à la recherche de quoi. Elle a juste une âme d’aventurière apparemment. Narcisse cerne un peu plus facilement son miaouss, qui doit vouloir trouver un butin ayant un peu de valeur, mais il doute de la réussite de la mission vu l’âge tout récent de la colonie.
Cela dit à la place d’une babiole brillante, le félin met la main sur une proie en la personne d’un rattata violet vif qui rappelle au dresseur sa région natale, et lui bondit d’ailleurs pratiquement dans les jambes en tentant d’échapper à Céruse. Ce dernier n’abandonne pas la poursuite du rongeur si facilement et détale à fond de train dans un tunnel perpendiculaire au leur, malgré les ordres de son humain pour le faire revenir. Narcisse n’a plus qu’à se précipiter à sa suite avec le reste de son équipe, s’enfonçant ainsi plus loin dans les égouts de Bourg-Asque.
A force il a vraiment peur de ne plus retrouver son chemin tandis qu’ils s'enfoncent comme toujours en véritable cohorte dans les tunnels qui se ressemblent tous, et où les repères visuels ne sont tout de même pas nombreux. Un professionnel saurait certainement reconnaître sans problème et donc sortir sans encombre à n’importe quel endroit des galeries, mais pour une première visite s’aventurer si loin commence à devenir risqué. Et mouillé aussi, toutes les artères n’étant pas aussi larges que les entrées principales et surtout pas équipées de berge au sec. Narcisse sent vite l’eau venir à l’assaut de ses chaussures, et si elles sont relativement étanches il sait que la protection ne durera pas éternellement. D’où son envie d’autant plus forte de rattraper sa medhyena, qui bien que bébé est déjà un peu trop rapide à son goût. S’il avait une âme un peu plus compétitive, il aurait vite pu en faire un bon pokémon de combat sans doute. Il finit par retrouver Fumée cela dit, juste derrière Céruse qui pour cette fois avait déclenché leur course-poursuite, les deux pokémons s’étant stoppé de concert à quelques mètres l’un de l’autre. La fourrure du miaouss est hérissée comme un pull sorti d’une machine à laver, et le petit loup a les babines retroussées sur des crocs blanc neige. Ses tentatives de grondement sont presque aussi mignonnes que ses hurlements à la lune pour marquer sa naissance.
Leur dresseur comprend vite quel terrible ennemi les met dans cet état et les empêche de poursuivre leur route, en observant la figure sale et emmêlée du rattatac qui occupe une bonne partie de ce passage étroit dans lequel ils se sont engagés. Si ses deux pokémons en avant semblent tous deux prêts au combat pour se défendre ou l’empêcher de sauter à la gorge de leur humain, les membres plus expérimentés de son équipe sont encore en arrière et ce n’est pas pour le rassurer. Sa medhyena notamment, est beaucoup trop jeune pour se battre malgré son envie évidente de sauter à la gorge de l’immense rongeur. Ce dernier est davantage concentré sur le félin en face de lui, qui devrait normalement être un prédateur pour lui mais qui, il faut bien le reconnaître, est autrement plus petit. Le rattatac sauvage aurait une revanche à prendre que ce ne serait pas surprenant, vu l’agressivité qu’il affiche à l’égard de Céruse. Narcisse n’a pas le temps de réagir qu’une patte griffue est partie vers son miaouss, qui heureusement tout aussi agile que la mehyena a réussi à l’éviter d’un bond. Le chat crache entre ses moustaches, étudie son adversaire qui semble de plus de poids que lui et semble se préparer à bondir. Le jeune homme aimerait l’empêcher de poursuivre la lutte, mais il ne sait pas bien quoi faire dans cette situation. De toute façon Céruse, contrairement à ce qu’on aurait pu anticiper, ne se lance pas dans une attaque frontale mais lance au contraire un étrange cri en même temps que le bijou de sa tête se met à luire pour lancer des sortes d’anneaux lumineux droit sur le rattatac. Qui chancelle quelques instants, papillonne des paupières, puis finit par s’effondrer contre un mur profondément endormi. Le dresseur se sent un peu idiot de ne pas savoir que son miaouss maîtrise l’attaque Hypnose, et en même temps il ne l’avait jamais vu combattre avant cet instant. Voilà au moins ce qui leur laisse le loisir de le contourner pour trouver une sortie avant qu’il ne se réveille, et ce sans avoir à risquer la santé de qui que ce soit face à un adversaire trop fort. - Bien joué Céruse !
Le miaouss ronronne pour approuver le compliment, il peut en effet être fier de lui sur ce coup. Au moment de passer devant le rattatac qui est vraiment de belle taille, Narcisse se dit qu’ils ont sans doute un peu de temps avant son réveil et se rappelle enfin de l’appareil autour de son cou. Un spécimen de cette taille pourrait sans doute intéresser les scientifiques à qui il fait régulièrement ses rapports, aussi après quelques réglages il a une séquence satisfaisante de photos du rongeur affalé. Il a presque l’air mort d’ailleurs, ce qui est moins drôle. Narcisse ne voudrait pas qu’on l’accuse de maltraitance non plus. Il a donc l’idée d’une petite mise en scène histoire d’être rassurant, et ça rappellera son exploit à son miaouss lorsqu’il verra le cliché. Céruse se retrouve donc sur le rattatac avec son oreille presque entre les crocs, et en mettant l’appareil presque à bout de bras il arrive à rentrer dans le cadre pour faire comme s’il y interdisait à son félin de manger son butin. La scène en devient drôle par son exagération, et le rattatac avec la gueule entrouverte ressemble mieux à un dormeur paresseux. Ils n’ont plus qu’à trouver une sortie, quitte à revenir dans un autre endroit de la ville. Il sera plus facile de s’y retrouver à la surface de toute manière.