Voila tout ce que je peux dire sur mon état. Ivre, il.
Je ne sais pas trop pourquoi je me suis retrouvé dans ce bar a moitié nul en cette fin de soirée, mais toujours est il que j'y suis. Accoudé au bar, je regarde le fond de mon verre. Je ne sais même pas pourquoi j'ai commandé un truc cher. Je n'arrive pas à trouver ça particulièrement bon. Du moins, assez mieux que de la bibine bon marché pour que ça vaille le coup de raquer.
Je porte le vert à mes lèvres et le vide d'un trait. Le liquide a la fois froid et brûlant descends le long de mon œsophage et, dans un claquement sec, je repose le verre sur le bar. Tel des grelots, les glaçons tintent un peu. Ca fait un bruit presque marrant. Je passe mes mains dans mes cheveux avant de regarder autour de moi comme si je cherchais quelque chose.
« Y'a pas de jukebox ? »
C'est nul ça. Comment on fait pour mettre la musique que l'on veut ?
« A Galar, si y'a pas un jukebox dans un pub, c'est un coup à ce qu'on y foute le feu. »
Je sens le regard du barman sur moi. Je pense qu'il aimerait bien me foutre dehors, mais ça doit pas être souvent que quelqu'un lui commande sa bouteille la plus chère. Je regrette un peu, pour tout dire. Enfin, ça, je crois que je l'ai déjà dit. Je regarde la bouteille qui n'est qu'a moitié vide. Putain. J'aimerai bien retourner a ma 8-6, mais je ne me sens pas de gâcher ça. Heureusement que j'ai bu autre chose avant, sinon, j'aurai vraiment tiré la gueule. Je me retourne de façon à tourner le dos au comptoir et à voir toute la salle.
« Y'a quelqu'un qui vient de Galar ici ? A part moi, je veux dire. J'offre un verre à un camarade. »
Je me retourne ensuite. On verra bien si quelqu'un vient ou pas.
Le camp de base c’est vite fait sympa mais ça manque de truc à faire le soir, c’est pourquoi j’ai emprunté une poké monture pour découvrir la ville la plus proche, Bourg-Asque ! Enfin, je crois que c’est la plus proche… J’ai pas vraiment vérifié, de toute façon tant qu’il y a un bar, ça me va. J’ai un peu flâné mais j’attendis surtout le soir pour découvrir l’ambiance nocturne de ce petit village, quelque part ça me rappelait Brasswick au pays, champêtre et pittoresque.
Il ne me fallut pas longtemps pour trouver un bar, suffit de suivre les éclats de rire idiots et le bruit des verres qui tintent et hop ! Un lieu de boisson ! J’ai alors découvert la nature très sympathique des habitants du coin puisqu’il ne fallut pas longtemps avant qu’on me paye verre sur verre sur verre ! Rapidement je me déchaîne comme je sais si bien le faire une fois quelque verre dans le nez, passant de table en table pour discuter, rire et parfois chanter très faux. Autant dire que je finis par être sacrément amochée par l’alcool et petit à petit, mes copains de boissons finissent par rentrer chez eux, les heures passant. Vu l’heure qu’il est, il est clair que j’allais finir par dormir dehors comme une clodo, je peux pas rentrer à ma tente cette nuit, peut-être que le barman acceptera de me laisser dormir sur l’un de ces canapés… Je m’en approche pour lui demander, en tout cas j’essaie, mes propres jambes semblant vouloir tout faire pour me faire tomber.
C’est alors que je vois à travers ma vision trouble un homme torse nu se retourner vers la salle, il semble encore plus bourré que moi ! Ou moins, je sais pas… Plus… Hein ? Il est bourré ça c’est sûr et demande à la salle si quelqu’un qui vient de Galar pour lui offrir un verre. Quelle délicieuse coïncidence ! Pile quand j’ai plus de verre à piquer ! Je viens m’assoir à côté de lui au bar en lui répondant:
-Yep ! Je suis une Galérienne… Galarienne ! Je viens de Motorby ! Je m’appelle Elysa, ravie de te rencontrer !
J’avais du mal à le regarder dans ces trois paires d’yeux ou plutôt choisir laquelle regarder. Sans attendre son accord, je débouchonne sa bouteille pour la boire au goulot, après tout il a promis un verre à une camarade et je ne vais pas me faire prier ! Et c’est que c’était bon sa merde ! J’eus toute les peines du monde à m’arrêter d'en boire pour pas abuser de son hospitalité:
Personne ? Vas y, comment c'est nul ! Je passe ma main dans mes cheveux en sentant la terreur existentielle commencer à s'installer en moi. Peut être qu'il n'y a pas de Galarois dans l’assistance parce qu'il est l'heure de rentrer. Peut être que je perds du temps précieux que je pourrais utiliser à m’entraîner à picoler ici comme un idiot. Peut être que …
Fort heureusement pour moi, quelqu'un réponds enfin a ma requête. Alors qu'elle s'approche, je la fixe du regard en essayant de faire faire le point a mes yeux. Purée, je sais bien que je suis pas le plus grand des mecs, mais là, même moi je crois que j'ai de quoi me sentir petit. C'est plutôt rare, les gens plus grands que moi, et pourtant elle me bat a plates coutures. Je me passe de nouveau les mains dans les cheveux alors qu'elle prends la bouteille et en avale une bonne gorgée.
« Moi c'est Sterling. »
Mince, je crois qu'elle a dit de où elle était, mais j'ai pas enregistré. Je fronce légèrement les sourcils pour essayer de faire fonctionner ma mémoire, mais je crois que l'information a disparu dans les limbes. Oh, well. Je cligne des yeux avant de répondre.
« Ouais, ouais, ouais ... »
C'est très sûrement le ouais ouais ouais le moins convainquant de l'univers, mais je me vois pas directement lui dire que je refile le contenu de ma bouteille parce que je trouve pas ça super.
« Bon, euh, Elysa, je te demanderai bien ce que tu fais … euh, ici, mais je crois que la réponse est évidente. »
Elle a le même genre de voile sur le visage que moi. Real recognizes real, comme on dit. Que ce soit volontaire ou non, elle est là pour se prendre une biture, et il semblerait que la route sur le chemin du coma éthylique soit déjà bien empruntée.
« Moi je suis de Smashings ... »
Je tourne mon attention vers le barman.
« … La meilleure ville de Galar, mon gars ! »
Je tourne de nouveau le visage vers Elysa et lui adresse, sans que ce soit vraiment volontaire, mon plus grand sourire de mangeur de merde.
« Qu'est-ce que tu fous sur l'île, toi ? »
Je lui prends la bouteille des mains avant de m'en verser un verre. C'est pas super, mais c'est mieux que la soif, c'est certain.
Je glousse bêtement en voyant à quel point mon nouveau pote, qui s’appelle Sterling, a autant de mal pour… Tout ! Comprendre, parler, bouger, regarder… Avant de me rendre compte que je suis exactement dans le même état. Je regarde dans le vide quelques instants puis j’entends qu’il vient de Smashing et je le vois gueuler au barman que c’est la meilleure ville de Galar, je me mets à rire en me retenant pour pas tomber de ma chaise:
-Tu parles ! Il y a que des clodos à Smashing ! On fait pas la différence entre vos chiottes et vos baraques !
J’étais déjà allé dans cette ville pour une compétition locale de boxe il y a quelques années, ce jour-là je pensais pas que le taudis qui me servait de maison à Motorby allait me manquer. Il me demande alors en me prenant la bouteille des mains ce que je fais sur l’île, je pose ma tête sur ma main et mon coude sur le bar pour lui répondre:
-Bwoarf, j’évite la taule et la vie de merde que j’avais à Motorby pour glander sur une île paradisiaque quoi… Et toi ?
Je sens, alors que j’écoute sa réponse, mon coude glisser et je me mange le coin du bar sur la gueule en tombant de ma chaise, finissant au sol, grognant et couinant en essayant de me relever. Je vois le barman passer sa tête au dessus du comptoir pour voir mon état et me demande un truc que je comprends pas mais je suppose si je vais bien. Je lève mon pouce en m’asseyant sur le sol, regardant Sterling dans les yeux en tendant la main, que ce soit pour qu’il m’aide à me relever ou qu’il me passe la bouteille:
-J… Je crois que… Je crois qu’j’ai peut-être trop bu…
J'entends presque le bruit de l'aiguille du lecteur de disques vinyles glisser quand elle parle mal de ma ville de naissance. Je lui offre à boire et tout ce qu'elle trouve à faire c'est m'insulter ? Les gens n'ont vraiment aucune putain d'éducation. Je lui lance un regard venimeux alors qu'elle parle. J'évite la taule. Qu'est-ce qu'il y connaît à ça ? La vie de merde à Motorby. Laissez moi rire. Les putains de problèmes du premier monde quoi.
Puis elle se casse la gueule et je renifle fort. Très fort. C'est un peu comme rire, mais quand c'est pas super gentil de rire. Je pose mes mains sur mes hanches et la regarde essayer de se relever avec un sourire goguenard sur le visage. Ben alors, on dit de la merde et le karma frappe juste derrière ? Dure vie, dure vie. Elle me demande de l'aide pour se relever. C'est beau de voir que l'espoir fait vivre.
« Désolé, mais j'suis trop occupé à ne pas faire la différence entre les chiottes et les gens par terre. »
J'attends quelques secondes avant de quand même lui tendre la main. Peut être que Smashings c'est moche, mais au moins on y apprends à s'entre aider.
« Ben alors princesse, on ne tient pas l'alcool ? On est sorti de son grand château et on essaie de se mêler au petit peuple ? »
Je sais bien que Motorby c'est pas l'endroit le plus cossu de Galar, mais elle m'a énervé, et en plus je suis ivre. En parlant de ça, j'avale une autre gorgée d'alcool.
Houla, je crois que j’ai vexé Jean-Eude ! Pour quelqu’un qu’à passé sa vie dans la crasse et la pauvreté, il prend vite mal les choses. Je soulève pas sa pique sur les chiottes on va dire que c’est de bonne guerre, par contre j’éclate de rire lorsqu’il me parle de princesse et de château, en me rasseyant sur le tabouret de bar:
-Oh putain ! Un château carrément ! Aaaaahhhh, c’est ça que j’adore chez les gars de smashing, vous pensez avoir le monopole de la vie de merde, c’est mignon.
Je demande au barman deux verres de sa boisson la moins chère, n’ayant que très peu de ressources sur moi et j’offre un des verres à Sterling histoire de calmer un peu les hostilités. On a sûrement vécu les mêmes choses et la haine envers les mêmes personnes, ce serait dommage qu’on s’embrouille… Bon, la plupart de mes potes au pays c’est des gars à qui j’avais cassé la gueule mais quand même. Et puis ma place sur cette île ne tient pas à grand-chose, il ne faudrait pas que je provoque une bagarre de bar aussi vite. Je prends une gorgée de mon verre, en ajoutant à sa dernière réplique:
-J’avoue que l’euphor… pho… La joie du coin m’a fait un peu beaucoup trop boire… Enfin ! Pour ta gouverne j’pas de château, je suis né et est grandi dans les caniveaux de Motorby, si je me permets de parler comme ça de Smashing, c’est qu’j’ai bien connu.
Je me remplis le gosier d’une grande lampée alors que des souvenirs pas cool de mon enfance me revient en tête, me faisant frissonner légèrement, puis j’ajoute:
-En vrai c’est sympa Smashing, puis c’est là bas qu’j’ai fait mes meilleurs combats, vous savez mettre l’ambiance ! Et vous avez cette manière pute mais pas trop de vous battre… C’était autre chose que les bourrins de mon quartier.
Je frotte par réflexe une petite cicatrice que j’ai sur le bras gauche, souvenir d’un morceau de verre qui s’était planté dedans lors d’un affrontement dans un bar de Motorby, des gros bourrins ouais… Je regarde Sterling en souriant:
On non, la pauvre petite princesse. Elle a eu un peu de mal dans sa vie et elle croit qu'elle sait ce que c'est la misère. J'y suis a allé, moi, a Motorby, et je peux vous garantir que putain, même le plus squalide de leur cloaques, il vaut rien par rapport à Smashings, et ce pour une simple raison : Motorby, c'est une jolie ville avec des coins sombres. Smashings, c'est un coin sombre, point final. Je secoue ma main devant am tête pour évacuer ses paroles comme autant de pets de bouche.
« Heh, si t'as pas vécu a Smashings, tu peux pas savoir ce que c'est. C'est gentil hein, de vouloir faire genre et tout, mais ... »
L'essaie de me passer une main dans mes cheveux, mais je dois bien avouer ne pas totalement avoir le contrôle de mes capacités motrices. Je me contente de poser la main sur ma tête.
« Mais ouais, on est les meilleurs à la bagarre à Smashings. C'est parce qu'on a l'oeil du … euh ... »
Merde, j'ai perdu mon fil. C'est quel pokémon qu'on a l’œil quand on la gnaque ? Je me souviens plus, putain.
« L’œil du truc là. Tu vois ce que je veux dire, je suis sur. Enfin bref. On a la rage. C'est le seul truc qu'on a même. »
Je pose un coude sur le bar.
« Ce que je fais ici ? Genre dans le bar ? Parce que ça me semble évident. Je picole un petit coup. »
Je pense que ce n'est pas ce qu'elle veut savoir.
« Sinon, sur l'île, j'suis là pour avoir ce qu'on peut pas avoir dans le tas de merde qui me … nous sert de région d'origine. Des opportunités. Ils veulent pas qu'on … eh ... »
Vas y moi, tu peux le faire.
« Qu'on s'en sorte, genre qu'on fasse les arène et tout, tout ça parce que … Les sponsors de merde là ? Ben nique. J'ai tous leur casser la gueule ici, et quand je rentrerai, je leur casserai tous la gueule là bas aussi. Tout ces bâtards là. »
Je soupire.
« Pourquoi t'irai en taule ? On t'as pas appris que le premier truc a faire c'est pas se faire gauler ? »
Bordel, ça commence vraiment à être compliqué pour nous deux d’avoir des propos cohérents… Je continue néanmoins de boire en écoutant ses babillages, bien content qu’il monopolise la parole, je ne peux pas m’empêcher de placer cependant une petite pique:
-Vous avez p-tête l’oeil, mais les gars je les avais éclatés…
Je glousse en continuant de boire, écoutant tant bien que mal ce qu’il me dit, je tilte assez vite sur ses propos sur Galar et ajoute:
-Bah la même mon pote, jamais pu m’insc… M’inc… M’enre… Jamais pû faire la première arène quoi ! Putain, ça dégoute…
Je lève mon verre quand il propose l’idée de casser la gueule de tout le monde, en renversant de la bière au passage. Je souris en grand content de voir quelqu’un qui pense exactement comme moi:
-Putain ! T’as tellement raison ! J… J’pensais faire la même ! M… Mais pour l’instant faut que j’constitue mon n’équipe… J’ai que mon Rocabot pour l’instant.
Je finis mon verre cul sec avant de le poser ainsi que ma tête sur le comptoir, la tournant pour regarder Sterling dans les yeux, enfin, plus ou moins. Tout mon corps était si lourd et flottant, c’était compliqué de rester droite. Je lui réponds malgré tout, plus ou moins:
-T.. T’es marrant toi, je fais cinq mètres douze, pas facile de se planquer avec la taille que je me trimballe. Puis même quand j’tais innocente c’est moi qu’on accusait alors bon…
J’entends alors un long soupirement et lève la tête pour voir le barman très agacé nous dire qu’il doit fermer son bar. Il est déjà si tard que ça ? Je regarde autour de moi pour constater que tous les clients étaient déjà partis et vu comment on lui avait cassé les couilles, c’est assez improbable qu’il me laisse dormir ici. Je soupire et sourit à Sterling:
-Bon bah c’tait bien sympa d’te rencontrer mais faut que je trouve un endroit où dormir… Et pisser aussi.
Je viens de me rendre compte que ma vessie était à deux doigts d’éclater, le barman dans son extrême gentillesse me pointe la porte des toilettes en me pressant de faire vite. Je regarde Sterling en serrant mes cuisses:
-T… Tu te casses ou tu m’attends pour qu’on continue la soirée ensemble ?
Éclatés ? Boarf, on ne peut pas qu'avoir des numéros dix dans son équipe. C'est normal qu'il y ait des nazes un peu partout. Maisj e reste persuadé que nos nazes sont mieux que les mieux de bien des endroits. Mais ça … Au moins, elle a le mérite d'être d'accord avec moi. Je hoche de la tête et porte ma bouteille à la bouche pour en finir le contenu.
« Si t'as … euh. »
Merde.
« Si t'as besoin d'aide pour t’entraîner et tout, je peux te servir de partenaire. Bon, quand t'aura un peu plus de pokémons parce que là je t'éclate, mais ... »
Je retiens un petit rire a sa remarque suivante. C'est vrai qu'elle est … Massive, mais quand même. Par contre, l'idée qu'on l'accuse à tort essuie tout sourire de mon visage.
« Quelle bande de bâtards. Putain. »
Et je remarque que le barman souhaite qu'on fasse comme un scratch et qu'on s'arrache. Okay, okay. Elysa se lève et dit qu'elle doit trouver un endroit où dormir, avant d'aller pisser.
« Je sais pas, tu verras bien. »
En vrai, je sais que je vais pas la laisser dans la merde. Je vais pas laisser quelqu'un dormir dehors alors que je peux l'aider. Je suis pas le plus sympa des mecs, mais je ne suis pas non plus un gros fils de pute. Le temps qu'elle aille pisser, je règle mon addition, qui est plutôt salée. Heureusement que je suis plus riche ici qu'a Galar, putain. En même temps, a Galar, je me serais juste éclaté a la 8-6.
Je suis toujours là quand elle revient, et je me lève avant de lui faire signe et de me diriger vers la sortie. Je crois que si on abuse un peu plus de sa gentillesse, le barman va finir par nous planter. Une fois dehors, je m'étire un bon coup avant d'avaler une bonne grosse goulée d'air frais. Ca me fait toujours du bien quand le monde tangue.
« T'as dit que t'avais pas d'endroit où dormir cette nuit ? Si tu veux, j'dois pouvoir trouver de la place dans la chambre que joue. Par contre, ce sera un canapé hein, y'a qu'un lit. »
En temps normal, je lui aurai proposé le lit en bon gentleman, mais j'ai trop d'alcool dans le sang pour être un bon quoi que ce soit, si ce n'est un bon a rien.
« Mais du coup, tu m'as pas dit pour quoi tu t'es faite gauler. »
Sans vraiment attendre son avis sur le fait de coucher chez moi ou pas, je me met en route dans cette direction. Enfin, je crois. Au pire, si elle veut pas, ben elle pourra se demerder, non ?
Je marche/court jusqu'aux toilettes, utilisant tout mon pouvoir intérieur pour ne pas m’uriner dessus. J’ouvre la porte des toilettes des dames d’un coup d’épaule et saute sur la cuvette pour m’y asseoir, soulagée d’être arrivée à temps. Je décharge une véritable cascade dans les toilettes du bar, poussant un long et puissant gémissement de plaisir en sentant ma vessie se vider à vitesse grand v. J’avais pas eu envie de la soirée donc je devais tout faire sortir maintenant, et vite pour pas faire trop attendre les deux loustics.
Je reviens après avoir nettoyée mon intimité et mes mains en m’étirant, m’être vider la vessie m’avait permis de me vider la tête un peu, je me sentais moins conne. Je dis au revoir au barman puis suit Sterling dehors, profitant aussi d’une grande bouffée d’air frais. Je regarde mon comparse avec un grand plaisir lorsqu’il me propose d’aller dormir sur son canapé, il est grognon mais il laisse pas les gens dans la merde ! Je lui saute dessus pour lui faire un grand câlin:
-Merci Sterling ! T’es vraiment un bon gars !
Je le relâche pour tenir juste son épaule dans un geste amical, gloussant avec un regard légèrement lubrique:
-Si on se sert, c’est pas tellement un problème qu’il n’y est qu’un lit…
Je le suis alors vers la direction de son logement en chantonnant, particulièrement heureuse d’avoir un endroit où dormir. Ma joie diminue rapidement lorsqu’il me redemande pourquoi j'ai failli finir en taule. Je soupire en me frottant la nuque, gênée:
-Un con de pote m’a vendu un “coup en or” d’après ses dires… Il m’a fait rentrer dans un tournois d’un sport clandestin chelou où on fait combattre des pokémons et leurs dresseurs en même temps. Tout allait bien jusqu’à que le pokémon adverse commence à me bouffer le bras, je pensais pas qu’un jour j’allais tabasser à mains nues un démolosse mais… C’était ça ou je perdais mon bras… Puis les flics ont fait une descente ce soir-là et tu connais le délire.
J’ai l’air moribond en racontant cette histoire, j’aurais préférée oublier… Enfin, ça fait partie de ma vie maintenant, il fallait que je l’accepte. Je regarde Sterling, me demandant ce qu’il pense de moi après cette histoire et lui demandant au passage:
J'utilise toute la force qu'il me reste pour ne pas basculer en arrière quand elle me saute dessus. Je crois bien que c'est un petit miracle, le fait que je ne me retrouve pas les quatre fers en l'air. J'pense que je vais devoir utiliser ma technique secrète de pour rentrer bourré. Elle me lance un regard lubrique que je ne suis pas totalement sur de pouvoir lui rendre. J'ai beaucoup de qualités, autant de défauts, et dans ces défauts, il y a le fait que l'alcool a tendance à pas mal foutre en l'air mes capacités à donner du plaisir aux gens.
« Vu comme t'es gaulée, et comme je suis gaulé, faudrait qu'on fasse plus que se serrer, là. »
Si l'alcool fauche ma capacité à rediriger mon sang là où il faut quand il faut, ce qui est sur, c'est qu'il ne fauche pas ma capacité à flirter. Enfin, ce que moi bourré trouve être une capacité a flirter. Par contre, l'ambiance change du tout au tout quand elle raconte ce pour quoi elle s'est faite pincer.
Je fronce un peu les sourcils. Je peux pas la blâmer pour ce qu'elle a fait, surtout que … 'fin, je vais lui expliciter ce que je pense de son truc un peu plus tard, mais ça a l'air plutôt cool en vrai. Je la tire un peu plus près de moi histoire de la soutenir un peu plus.
« C'est con que ça ait été mal organisé, parce que ça peut être sympa comme pratique. Faudrait peut être genre mieux encadrer ça, mettre un grillage entre les deux arènes, enfin je sais pas. »
Je fronce les sourcils.
« C'est sur que cogner a mains nues sur un pokémon, c'est pas super, mais si c'est lui qui t'attaque, fuck that jazz. C'était quoi l'autre plan ? Te laisser te faire manger ? »
Je pousse un long soupir.
« De toute façon, les flics sont des connards. Tous des bâtards, comme le dit le proverbe. »
Je sens que je commence à faiblir de la retenir.
« Attends deux secondes. »
J'attrape une de mes pokéballs et en libère Blackbeard, mon Bétochef. Le pokémon semble surpris puis me regarde et vient instantanément à mon aide, m'offrant son épaule pour m'aider à me supporter.
« Y'a pas de problèmes dans la vie, y'a que des solutions. »
Puis vient le cas de où je crèche.
« Euh. Attends. »
Je me décale un peu et la laisse tomber sur mon Bétochef, qui n'a absolument aucun mal à supporter son poids. Je sors ensuite mon téléphone et active le GPS.
« Faut .. Euh. Prendre la prochaine a droite, puis après a gauche, et on devrait y être. »
Je garde le téléphone en main et me glisse sur sa droite pour lui donner un autre point d'appui. Et prendre aussi appui. Va falloir qu'on se soutienne, au final. Comme Blackbeard doit porter ses deux piliers avec un seul bras, on peut vraiment profiter que d'une de ses épaules.
Sterling dû faire appel à un bétochef pour l’aider à me retenir, j’étais pas légère et j’avais de plus en plus de mal à juste mettre un pied devant l’autre. Il était mignon à essayer de me rassurer sur ce qui m’était arrivé, sous son apparence de pakontan, il est quand même très sympa. Je m’appuie de tout mon poids sur le bétochef en le remerciant lorsque Sterling regarda sur son téléphone où on devait aller. Il avait l’air si peu sûr que lui que je me demandais si on allait pas dormir tout les deux dehors au final.
On parvient laborieusement à faire les deux virages nécessaires pour rejoindre le délicieux et très attendu sommeil. Je reste silencieuse, je dois avouer ne plus avoir de sujet de conversation ou de blague en tête, toutes mes pensées dirigées vers le canapé qui m’attendait chez Sterling. Une fois arrivée devant sa porte, je me pose contre le mur à côté pour reprendre mon souffle et essayer d’arrêter le monde de tourner autour de moi. Je regarde machinalement mes poches pour chercher mon paquet de clopes, je mets bien 10 secondes à me rappeler que j’en avais pas ramené sur l’île et que j’en avais trouvé nul part pour en acheter. Je grogne et demande à Sterling:
-Hey, par hasard, t’aurais pas un clope ? Et tu sais où je peux en avoir ?
Par un miraculeux miracle, on arrive devant notre destination. Alors que je farfouille dans mes poches pour mes clés, elle me demande si j'ai des clopes. Je fais non de la tête.
« Nope, mon corps est un temple sacré ... »
Bon, vu la quantité d'alcool que j'ai ingéré dans la soirée, je pense qu'elle va surement me dire que je me fous de sa gueule, mais c'est vrai, je ne fume pas. Je fais du sport, et c'est pas en fumant qu'on s'en sort en sport.
« Je sais pas trop où on peut en acheter. J'ai vu des gens qui fument, alors je présume qu'on peut s'en procurer sur l'île, mais où ... »
Ah, mes clés. Je les enfonce dans la serrure, mais avant d'ouvrir, il y a quelques règles a mettre ne place, malheureusement.
« C'est pas chez moi, donc il va falloir être discrets, okay. Ma chambre c'est au fond a droite. Si t'as besoin de pisser ou de prendre une douche, c'est au fond tout droit. Pour la douche, c'est trop tard là, par contre. Demain matin. Et tant qu'on est pas dans ma chambre, chut. »
Bon, allez. J'ouvre la porte et tire un peu Elysa pour qu'elle se repose sur moi. Elle pèse son poids putain. Je fais rentrer Blackbeard dans sa pokéball et nous avance dans le couloir. Dans ma tête, je vois deja le plaisir de ma chambre. Elle est petite, avec juste le lit, une armoire et le canapé, mais ca va être bien putain.
Putain fait chier, je commence à être sacrément en manque de nicotine là. Bon par contre l’autre poivrot qui me parle de corps qui est un temple ou je sais as quoi, doucement sur le mensonge hein. Il arrive après deux trois essais ratés à ouvrir la porte mais il me chuchote avant qu’on rentre de trois règles notamment une discrétion absolue:
-ça tombe bien, je suis une véritable ninja !
Bon, c’est pas vrai, encore moins maintenant mais peut-être que si j’arrive à m’en convaincre suffisamment… On rentre dans le bâtiment et on avance dans le couloir en essayant de faire le moins de bruit possible malgré nos états. Je maudis dans ma tête chaque planche qui grince sous nos pas, je m’appuie à la fois sur Sterling mais aussi sur le mur, gardant ma main dessus pour ne pas me casser la gueule. J’eus un regain d’énergie soudain lorsque je me rends compte que j’allais bientôt pouvoir pioncer et je presse un peu plus le pas vers la piaule de mon pote de boisson. Après quelques longues secondes, je rentre dans la chambre après Sterling puis, une fois le canapé acquis dans mon champ de vision, je m’y dirige sans prêter la moindre attention au reste de la pièce, de toute façon je vois flou:
-Enfin ! A moi le dodo !
Je titube vers le canapé puis une fois devant, je me laisse tomber à genoux sur le sol, le haut du corps sur le canapé, le bras servant d’oreiller. C’est normalement la position la moins confortable du monde mais les litres d’alcool dans mon sang ont totalement endormis mes nerfs de toute façon. Mes yeux se ferment instantanément et j’ai l’impression que le monde se met violemment à tourner autour de moi et je me sens nauséeux, ça me le fait à chaque fois que je me couche après une grosse beuverie donc je m’en inquiète pas et même je l’ignore, ça va finir par passer. Je lève une main molle en marmonnant:
-M… Merci Sterling, t’es ultra cool…
Mon bras retombe le long de mon corps alors que je m’endors, de la bave coulant sur le coin de mes lèvres et sur le canapé, quelle magnifique soirée.
Je fronce les sourcils quand elle parle d'être une vraie ninja. Je veux dire, peut être hein, mais elle a du mal à tenir debout, alors … Enfin, de toute façon, c'est pas comme si j'avais le choix. En se servant de déambulateur l'un l'autre, on avance dans le couloir. Putain de ses morts, je suis certain que ce putain de plancher grince pas autant en journée. Bon, en vérité, c'est sûrement que je le remarque moins, mais quand même. Fort heureusement, on arrive devant la porte de ma chambre sans qu'aucune lumière ne s'allume. Objectif atteint, je présume. J'ouvre la porte et pousse un soupir de soulagement. Je ne vais pas me faire engueuler demain matin.
En tout cas, il semblerait qu'Elysa ait gagné un second souffle, parce qu'elle fonce avec une vigueur que je ne lui imaginait pas vers le canapé avant de s’effondrer dedans comme une masse. Rah, les jeunes de maintenant. Avant de dormir quand on a pris une bonne cuite, il y a des choses a faire, pourtant. J'attrape mes gourdes dans mon sac et me dirige vers la salle de bains en titubant pour les remplir d'eau. J'en vide une presque directement et la remplit de nouveau avant deretourner dans la chambre au moment où elle me remercie.
« Heh. »
Je pose une gourde, que j'ai pris soin de fermer, a coté du canapé, au cas où, et lance l'autre sur mon lit avant de me dirigers vers la petite armoire et en sortir une couverture, que je drape sur la grande femme. Il s'agirait pas qu'elle attrape froid non plus. Avec les dernières de mes forces, je me dirige vers mon lit et me mords les lèvres pour ne pas crier de douleur. Putain de gourde. Je la pose par terre et me masse le flanc avant de m'enrouler dans les couvertures. Adieu, monde cruel.