Au nom de tout ce qui est saint, elle n'est pas si grande que ça, cette ville. J'ai habité dans plus colossal – et plus labyrinthique – comme ville. Pourquoi est ce que je suis totalement incapable de trouver mon chemin ?
En plus, il est encore tôt. Il doit être quoi maintenant ? Sept heures ? Sept heures dix ? Quelle idée j'ai bien pu avoir, vouloir des croissants chauds pour le petit déjeuner. Moi et mes idées nulles. La peste soit de moi. Enfin, peut être pas totalement la peste, car je tiens a la vie, mais … presque.
Comme il est tôt, il n'y a pas grand monde dans la rue. Donc personne a qui demander mon chemin. Mince alors, ça ne devrait pas être aussi compliqué que ça de trouver une boulangerie dans un village, non ?
Après encore un tour du même pâté de maison, je suis forcé de me rendre compte que si. Il semblerait que ça soit si compliqué que ça. Je porte ma main à l’arête de mon nez et la prends entre deux doigts. En plus, il ne fait pas chaud, et ma couverture me manque. C'est décidément pas le meilleur début de journée que je pouvais espérer.
Bon. J'en ai marre d'errer sans but. J'aborde la première personne que je croise.
Qui est un espèce de malabar taille miniature avec une tête de tueur.
J'aborde la seconde personne que je croise, c'est une promesse.
Ah, cette fois ci, c'est une personne qui n'a pas l'air d'être le genre à me découper en morceaux et me jetter dans un sac poubelle. Enfin, je crois. J'inspire un bon coup et m'en approche, un grand sourire aux lèvres.
« Excusez moi ! Excusez moi ! Je cherche la boulangerie, est-ce que vous pouvez m'aider ? »
Tout ce qu'il me reste à esperer, c'est qu'il n'y en ait pas plusieurs.
Il était tôt. Bien trop tôt pour que quelqu’un comme moi soit levé. Vous vous demandez « olala, Camille, tu as un rythme sain, maintenant ? » Haha. Si seulement.
Bref. Il était 7 heure -du matin, évidement- et j’avais pas dormit de la nuit. Comme toute personne un peu trop accro à internet, j’avais l’habitude de faire des nuits blanches. Être influenceur, eh, c’était pas si simple. Donc je dormais pas forcément très bien. Surtout ces derniers temps. Beaucoup de trucs me prenaient la tête, pour faire simple. La proposition de Jinguo … ma présence sur l’île… Le chemin que j’allais choisir. J’étais pas encore très sûr de moi. Et je le serais probablement jamais, d’ailleurs. Mais … y avais bien quelque chose que je me voyais de plus en plus faire. M’enfin, c’était pas le sujet.
J’enfilai une simple par-dessus mon t-shirt, avant de quitter mon domicile. C’était bien de pas dormir, mais j’avais quand même faim, parfois. Ouais. Mes heures de repas étaient tout autant anarchique que mon rythme de sommeil. Avec moi, il y avais ma Ptiravi. Et comme d’hab’, elle pétait la forme. Ce Pokémon était toujours plein d’énergie. C’était un peu -beaucoup- fatiguant.
Bref. Enfin dehors, je sorti mon téléphone histoire d’utiliser Google Maps et de pas me perdre comme un demeuré. C’était mieux. Puis … Après quelques minutes de marche… Une voix me sortit de mes pensées. Je posais mon regard cerné sur la personne en question. Quelques secondes, je restais silencieux, sans réagir. C’était bien à moi qu’il ou elle parlait ? …. Parce que ouais, c’était quelqu’un d’androgyne. Pas trop plus grand que moi, et c’était rare vu ma taille de nain. Néanmoins, après quelques instants, je concluais simplement que c’était un homme. Ouais. J’étais pas très viril, je comprenais ça. Bref. Ma Ptiravi était déjà aux pieds de l’inconnu, sautillant avec énergie pour avoir ne serait-ce un peu d’attention.
- Euh. Ouais.
Incroyable réponse du joueur Sinnohïte. Une boulangerie, donc ? Ça devais pas être trop compliqué. Plus simple à trouver qu’une vidéo de qualité dans une chaine Youtube cancer. Je détaillais un peu plus correctement mon interlocuteur. Ouais. Il avais les traits fins. Il était même beau, en fait. Enfin ! Bon, la boulangerie. Je levais un peu mon portable, cherchant l’endroit en question sur le fameux logiciel de géolocalisation.
- Y en a une. Pas loin.
Je reposais mes yeux sur lui. Il était souriant, au moins. Je devais sans doute un peu avoir l’air mort à l’intérieur, mais bon, faut dormir la nuit, vous savez.
Je lève légèrement un sourcil alors que la personne ne me réponds pas. Est-ce qu'il y a un problème ? Il me regarde, alors ça veut dire qu'il n'est pas sourd, enfin, je présume. Peut être qu'il est juste malentendant ? Ou peut être, plus simplement, qu'il ne s'attendait pas à être dérangé, comme ça, de bon matin, par un inconnu. C'est peut être la possibilité la plus probable. J'agrandis un peu plus mon sourire, comme une façon de le motiver à me répondre.
J'essaie de garder mon attention sur lui et pas sur ce qui est, je présume, son pokémon. Son pokémon à l'air fort gentil et tout ce que vous voulez, mais il ne risque pas de m'aider à trouver une boulangerie. Et il me répond enfin. Ouf. Et fait une chose à laquelle j'aurai pu penser. Regarder sur mon téléphone. Je n'ai pas encore ce genre de réflexe, il faudrait que je le prenne.
« Oh, okay, merci ! »
Je tapote mes poches et pousse un soupir. Aucune trace de mon téléphone.
« Est ce que je peux pousser le diable et vous demander de m'y accompagner ? J'ai oublié mon téléphone chez moi et je sens que je vais me perdre de nouveau sans instructions le long du chemin. »
Je me gratte l'arrière du crâne. Cela m'embête un peu de déranger quelqu'un comme ça, mais j'ai vraiment pas envie de repasser dix minutes à tourner en rond. En plus, il a l'air d'avoir besoin d'un truc a manger, mon potentiel futur guide.
« En échange, je vous offre le petit déjeuner. A vous et à ... »
Je me penche doucement pour saluer le pokémon qui cherche désespérément mon attention.
« Votre si mignon pokémon. »
Je me redresse.
« Promis, ce n'est pas une arnaque. J'ai juste un très, très mauvais sens de l'orientation. Pire que vous pouvez l'imaginer. Bien pire. »
Je lui adresse mon plus joli sourire pour essayer de sceller le deal. Allez, qui dit non à un petit dej gratos ? Pour juste cinq minutes de boulot. Je lui tends la main.
Bon, bah malgré mon silence, il restait souriant. Monsieur Sourire, très bien. Pas prévu de me prendre un mec si lumineux dès le matin, mais c’était pas si grave. Ma Ptiravi, elle, elle était contente. Mais bon. Elle était toujours contente de toute façon. Pas compliquée à satisfaire, la bestiole. Puis … Ah bah, oui, forcément. Pas de téléphone, ce serais trop simple sinon. Argh. Il avais l’air un peu louche, quand même. Et je le savais, ça, je tombais toujours sur des individus louches. Déjà, en arrivant sur l’île, on m’avais foutu dans une tente avec ce qui semblait être des rescapés d’asile. Enfin, autant ne plus penser à eux maintenant que j’avais mon propre logement tranquille ou on risquais pas de me déranger. Il voulais donc que je l’accompagne. Je fronçais légèrement les sourcils, de façon presque indiscernable. Vraiment louche. Enfin, ma suspicion se montrait sans doute pas beaucoup. Je savais bien contrôler mes expressions faciales. J’hésitais clairement. Je tenais pas à me faire voler dans une petite ruelle. Quoique, vu la brutalité de mon Pokémon j’étais pas certain que ce soit un scénario possible, en fait et… Manger. Nourriture. Miam Miam—Ouais, vous avez compris. J’étais humain. J’avais un estomac. Mais surtout, j’avais faim. Il avouais de lui-même que c’était un peu suspect. Bon. Je pouvait faire un effort. Pour le bien de mon estomac.
- Mhm. C’est d’accord.
Je lui lançais un petit sourire, en retour. Puis, je me baissais un peu pour ramasser mon Pokémon. C’était lourd, Ptiravi, mine de rien, mais je tenais pas à ce qu’elle fasse des conneries avec ce mec. Déjà qu’elle aimait un peu trop avoir l’attention des inconnus. Bref. Il se présenta enfin sous le nom de Kay. Je serrais sa main avec douceur, reprenant la parole.
- Camille, tu … vous venez d’arriver ici ?
Ouais, rattrapage incroyable. Il paraissais être du genre à être beaucoup trop poli, mais bon, je voulais pas le froisser. Naturellement, je commençais donc à marcher vers notre destination.
Il est d'accord. Mon visage s'illumine un peu en entendant ça. Au moins, je suis sur qu'il aura un bon repas aujourd'hui. Je ne remet pas forcément en doute sa capacité à se payer de la nourriture, mais peut être plutôt celle à manger a heures fixes. Il dégage un peu l'aura de cette personne qui va se rendre compte a six sept heures que mince, le repas du midi, il a été oublié.
Ainsi donc, il s'appelle Camille. C'est plutôt cool, comme prénom. Il commence à me tutoyer, puis se corrige presque instantanément pour revenir sur le vouvoiement. Je pense que je préfère rester sur ça. Enfin, ça ne me dérange pas si il me tutoie, mais j'ai été élevé en vouvoyant les inconnus, donc je serai resté sur ça de toute façon. On se met en marche et je lui réponds.
« Sur l'île en général, il y a quoi … deux mois ? Quelque chose comme ça. Mais j'ai emménagé à Bourg'Asque la semaine dernière. C'est pour ça que je ne connais pas encore du tout le coin. »
Je lui adresse un petit sourire gêné. Après tout, c'est pour ça que je l'embête de si bon matin.
« C'est une jolie ville, mais si j'avais sur que ses routes étaient aussi traîtres, peut être que j'aurai choisi un autre endroit pour m'installer. Et vous, ça fait longtemps que vous êtes dans le coin ? »
Est-ce qu'il habite ici, ou est-ce qu'il est juste de passage ? Je ne peux pas le savoir sans lui demander, après tout.
Il semblerait que la boulangerie soit plus proche que prévue. En plus, chance ou destin, il semblerait qu'ils fasse salon de thé. Enfin, au moins, qu'ils ont quelques tables où s'asseoir pour déguster leurs produits. Je pousse la porte et m'adresse à la vendeuse.
« Bonjour madame ! Pour moi ce sera un pain au chocolat, un croissant et un jus d'oran frais ! »
Très lumineux, ce mec. Presque trop. J’allai finir par en devenir aveugle. Surtout que … j’avais juste accepté sa proposition. Là, il souriais comme un enfant qui venais d’ouvrir ses cadeaux de Noel. Enfin, ça m’empêchais pas de lui lancer un petit sourire en retour, néanmoins un peu plus réservé. Hors caméra, j’étais pas la personne la plus expressive du monde, et … toujours, j’avais pas beaucoup dormit. Mais bon. Ca m’empêchais pas de faire la conversation, ou au moins de répondre à ses questions.
- Depuis euh … je suis sur l’île depuis à peu près la même période. Et j’habite ici depuis un bon mois je dirais, maintenant. Peut-être un peu moins.
Faut dire que le temps passait plus vite, maintenant que je ne partageais plus de tente avec des gens chelou et/ou avec des problèmes d’égo. J’étais très heureux d’avoir mon petit chez moi.
- C’est une ville sympa, ouais. Puis, c’est proche du Camp de Base, c’est simple.
Nan parce que hors de question que je remette les pieds à Rive du Rêve. Et j’avais pas non plus envie d’aller me perdre en montagne. J’étais très bien ici et je regrettais en aucun cas mon choix. Enfin …la boulangerie. Boulangerie ? Je haussais discrètement un sourcil. Il y avais de la place pour s’assoir, et tout. Ça changeais des boulangeries habituelles. Je me fit un peu discret, le temps que Kay prenne sa commande, saluant juste d’une voix douce la boulangère. Je gardais aussi un œil sur ma Ptiravi. En espérant qu’elle ne cause pas d’ennui, je commençais à la connaître, avec le temps. Je souriais timidement lorsque ce fut à moi de décider de ma commande.
- Mhm … un croissant. Juste ça, oui. Merci.
Ensuite, eh bien … on allais s’installer, non ? Ça allais être vraiment bizarre, un repas ainsi, avec un inconnu. Mais bon. Sans attendre, je me dirigea vers une table. En espérant que l’autre homme en fasse de même, sinon ça allais être vraiment gênant.
Ah, ainsi, nous sommes presque jumeaux, pour ainsi dire. Jumeaux de présence sur l'île. Il dit aussi habiter à Bourg'Asque. C'est bien, si il a une maison. Je dois avouer que j'avais un peu peur d'avoir affaire à un sans domicile fixe. Enfin, autant qu'on puisse l'être sur Ankora. Attention, pas que ça me dérange hein. Tout le monde n'a pas toujours la bonne chance au bon moment. Juste, je n'aurai pas besoin de m'occuper de lui, de lui trouver de l'aide. C'est du temps gagné.
« Un croissant ? C'est tout ? Rien pour votre pokémon ? Bah, de toute façon, vous pouvez toujours changer d'avis. »
Je termine la commande et la vendeuse m'indique d'aller prendre place à une table et qu'elle apportera notre commande quand les pains aux chocolats sortirons du four. Oh, en voilà, une bonne nouvelle. Il n'y a rien de meilleur que le pâtisserie bien fraîche.
Ah, Camille s'est installé à une table. C'est parfait. D'un pas léger, je le rejoint avant de m'installer en face de lui. Je lui adresse un petit sourire avant de poser mes coudes sur la table et de transformer mes mains en un repose tête que j'utilise.
« Alors, Camille, qu'est-ce qui fait que vous soyez de sortie comme ça d'aussi bon matin ? »
Je peux me tromper, mais avec son air perdu et fatigué, j'ai le sentiment qu'il n'a pas forcément l'habitude d'être debout à cette heure ci, ou bien que quand ça arrive, c'est plutôt une histoire de « pas encore couché » plutôt que de « lever tôt ».
« Vous n'avez pas trop l'air d'avoir les yeux en face des trous. Nuit agitée ? »
Même si j'essaie tant que possible de ne pas tomber dans ce travers, il m'arrive parfois de me mêler un peu trop de la vie des gens. Certains pourraient parler de déformation professionnelle. Ils n'auraient pas trop tort, au final. Après, moi je lui ai déjà dit pourquoi je suis là, donc peut être que ça ne va pas lui sembler trop bizarre.
Avant qu'il ne puisse répondre, la vendeuse apporte notre commande sur un petit plateau en plastique. Parfait. Je pourrais manger un Tauros, tellement j'ai faim.
Un croissant ? Oui, un croissant ? C’était bizarre, de manger ça, ou fallait être forcément de Kalos ou … Ah oui, ma Ptiravi. Bah, elle allait taper dans ma nourriture que je le veuille ou non de toute façon, mais bon.
- …Deux croissants.
Voilà, comme ça l’autre homme n’allais pas croire que j’étais un tortionnaire ne nourrissant pas ses Pokémons. Surtout que cet œuf rose, là, il mangeais vraiment n’importe quoi. Ce Pokémon était de toute façon bien trop énergique pour mon propre bien, même si je commençais à m’y habituer, avec le temps. Je devais juste accepter … qu’elle n’étais pas comme ma première Ptiravi. Mhm. J’avais pas vraiment envie de penser à ça de si bonne heure. Enfin, aussi tard, plutôt. Vu que j’avais pas dormit. Ça devais se voir sur mon visage, d’ailleurs. Je devais avoir de jolies cernes. Bref. Mon visage de zombie, c’était pas le sujet. L’homme c’était déjà installé en face de moi. Il paraissais d’être d’un naturel plutôt … sociable. Courtois, en tout cas. Bah, c’était pas une mauvaise chose. Courtois ou pas, par contre, il avais un peu trop tendance à poser des questions. Ça faisait beaucoup pour mon pauvre petit cerveau fatigué. Surtout que bon … ma raison de sortir était assez évidente, non ?
- … J’avais faim.
Ouais. Ça devais paraître un peu débile, dit comme ça, mais je m’en rendais même pas compte. Une seconde question, mais pas le temps de répondre, nos commandes arrivèrent. Je tendit un croissant à ma Ptiravi, qui ne se gêna pas pour s’installer à mes côtés. Elle dévorais déjà la pâtisserie avec énergie, là ou de mon côté j’étais beaucoup plus lent.
- J’ai pas dormit. Je … euh … travaille de nuit, on va dire ?
Pitié, qu’il ne me pose pas de question sur mon travail. C’était pas si simple à assumer. Puis pas trop un travail non plus, mais ça fallait pas le dire. Enfin, j’avais un certain talent pour dévier les conversations, donc je lui posais à mon tour une question.
- Et vous ? Vous faites quoi, dans la vie ? Vous avez l’air bien matinale.
Merde. J’arrivais pas, dans mon état actuel, à faire des phrases correctement construire. Déjà que j’avais l’air d’un gamin, si en plus je parlais comme tel j’étais vraiment pas rendu.
Aha, c'est bien ce qu'il me semblait. Un croissant de plus alors. Autant que tout le monde soit contente de ce repas, non ? Et puis, la petite bête semble plutôt énergique, alors personnellement, je n'aimerai pas me mettre dans ses mauvais papiers. J'attrape un des croissants en attendant que le jeune homme réponde. D'ailleurs, sa réponse me tire un sourire amusé.
« C'est une bonne maladie ! »
C'est une expression que l'on a tellement utilisé autour de moi quand j'étais gamin qu'elle est gravée dans ma mémoire. Il dit travailler de nuit. Je me demande ce qu'il entends par « on va dire », mais je me doute bien que si il avait voulu expliciter, il l'aurait fait directement. Je suis d'un naturel curieux, mais je sais respecter les limites des gens. Si il ne veut pas être plus précis sur ce qu'il fait, c'est qu'il a très certainement une bonne raison, et loin de moi l'idée de vouloir outrepasser ses limites.
Il me retourne ensuite la question. Je pose mon croissant a moitié mangé et avale ma bouchée avant de répondre.
« Je suis médecin. Nos journées commencent souvent plutôt tôt, alors j'ai pris l'habitude de me lever avec les Galifeu. »
J'avale une gorgée de jus de baie.
« Comme je viens juste de m'installer, je n'ai pas encore trop de patients, et le peu, si on peut dire ainsi, de patients que j'ai ne semble pas vraiment intéressé par les rendez vous en début de matinée, étrangement. »
Je ris doucement avant de prendre une autre boucherie de viennoiserie.
« Si un jour vous avez besoin d'un psychiatre, sachez que les rendez vous de bon matins sont quasiment garantis. »
Je lui adresse un grand sourire avant de m’intéresser a son pokémon qui mange avec attention.
« Alors, ça te plaît ? C'est bon ? Tu as l'air de te régaler en tout cas ! »
Je reporte ensuite mon attention sur le dresseur.
« Qu'est-ce que c'est comme pokémon ? Il ou elle est extrêmement mignon en tout cas. C'est quoi son petit nom ? »
Toujours aussi de bonne humeur, ouais. Je lui sourit doucement, bien qu’avec un peu plus de réserve. Bref. C’était pas si mal comme … repas en tête à tête improvisé, en fait. Ouais, enfin, dit comme ça, ça avais l’air romantique alors que je le connaissais depuis genre, 5 minutes. Pour la réponse à sa question … il ne me demanda pas plus d’info que ça, et c’était pas plus mal. J’avais pas trop envie de m’étaler sur mon job qui en était pas forcément un au yeux de tout le monde, surtout d’un parfait inconnu. Car même s’il avais l’air bien gentil, j’avais pas envie de me faire juger de si bon matin … enfin, aussi tard, quoi. Ça dépend du point de vue, vous m’avez compris.
Ensuite, c’est lui qui pris la parole, alors je pris enfin l’initiative de commencer ma pâtisserie, autant en profiter tant qu’elle était encore chaude. Ah ? Médecin, donc.
- Oh.
C’était déjà … plus respectable que ce que je faisais moi. Il devais avoir fait de longues études … enfin, j’avais un diplôme d’infirmier, même s’il m’étais pas forcément très utile, donc c’était pas si diffèrent, non ? Puis … j’écarquillais un peu les yeux. Un psychiatre, en plus de ça ? J’en avais déjà vu par le passé, mais … ouais, non, ce serais chelou d’en reprendre un, surtout comme ça.
- Je vois. Je ferais passer le mot, si je connais quelqu’un dans le besoin.
C’était peut-être moi, la personne dans le besoin, mais j’allais certainement pas le souligner à l’oral. Bref. L’homme s’intéressais ensuite à mon Pokémon. C’était déjà un sujet que je maitrisait un peu plus. L’œuf rose hochais la tête avec énergie, aux dires du médecin. Elle était bien plus sociable que moi, hein …. Ensuite, le brun me posais des questions sur cette dernière. J’avalais ma bouchée avant de reprendre.
- C’est une Ptiravi. On en trouve pas mal à Sinnoh. Enfin, ça reste un Pokémon rare et … elle as pas de surnom. Pour le moment, en tout cas.
J’avais encore du mal à la nommer, mais … ça finirais bien par arriver. Enfin, avec tout ça, j’étais un peu curieux.
- Et vous, vous avez des Pokémons ?
… Et la réponse devais être évidente, sinon il serais certainement pas là. J’étais vraiment pas une lumière, parfois.
J'avais fait cette remarque un peu pour rire, mais il semblerait qu'il l'ait prise un peu au sérieux. Ah, ce n'est pas si grave. Qui sait, peut être que cela me fera un patient de plus. Je dois avouer que pour l'instant, ça ne se bouscule pas au portillon. Mais bon, je viens de m'installer, ça viendra avec le temps.
Il me parle ensuite de son pokémon. Un Ptiravi. En voilà un nom amusant pour un pokémon. Par contre, il n'a pas encore trouvé comment l'appeller. Ah, compréhensible. Trouver un nom pour un pokémon, ce n'est pas forcément partie facile. Un nom, c'est important. Ca a du sens. Souvent même, on se le traîne jusqu'au bout de notre vie. C'est pas quelque chose à prendre à la légère. Il me demande ensuite si j'ai un pokémon.
« Tout à fait, j'ai une Abra. »
Je ne l'ai pas prise avec moi. Elle est bien mieux dans son panier à dormir bien au chaud et confortablement qu'a se balader comme ça dehors.
« Son nom est Pritha. Je l'ai depuis quelques années maintenant, mais ils m'ont laissé la prendre avec moi sur l'île. En même temps, avant il y a quelques jours, je n'avais pas encore participé à un combat pokémon, donc bon. »
C'est peut être un peu généreux, appeler lancer une attaque bouclier dans les pattes d'un pokémon qui cours un combat, mais c'est ce que j'ai choisi de faire.
« Vous avez parlé du fait que les Ptiravi, on en trouve à Sinnoh, vous venez de là bas ? C'est amusant, presque toutes les personnes que je rencontre sont de Sinnoh. »
Je lui adresse un sourire.
« Moi, je viens de Galar. »
Enfin, ça doit se voir, je présume.
« Vous savez ce qui vous bloque, pour trouver un nom à votre pokémon ? C'est quoi, elle n'est pas contente de ceux que vous lui avez proposés, ou bien tout simplement vous n'avez pas encore eu d'idée ? Si ça peut vous aider, pour Pritha, j'ai été chercher un nom qui me plaisait dans les contes qu'on me lisait quand j'étais petit. Ca donne de l'inspiration. »
Un Pokémon. Evidemment, qu’il en avais un. Tous les gens participant au projet en avait un. Bon, au moins, il n’avais pas relevé la débilité de ma question. C’était déjà ça de gagner.
- Oh, je vois.
Un type Psy pour un psy …. Ouais, l’idée m’amusais un peu, évidement. Je fit aucun commentaire à ce sujet mais ça restait quand même un peu cocasse. Dans tous les cas, il semblait pas trop porté combat. Moi non plus, à vrai dire. Même si je m’en sortait quand même un minimum. La table des types c’était pas si compliqué à retenir. Et effectivement, j’avais bien cerné l’individu car il n’étais réellement pas expérimenté. Encore moins que moi. C’était rare, ça. La plupart des gens sur l’île semblait avoir un petit passif de dresseur au minimum, mais ce n’étais visiblement pas le cas de tout le monde. Ensuite, ma région natale et…
- Oui, je viens de là. Unionpolis, plus précisément.
Il rencontrait pas mal de gens de là-bas ? …Très bien … ? De son côté, il ajoutais qu’il était Galarien. J’acquiesçais d’un petit hochement de tête, finissant déjà mon repas. Je lançais un regard vers mon Pokémon. La Ptiravi, elle aussi … avais très rapidement finie. Désormais, elle regardais les environs avec curiosité. Je la portait pour la poser sur mes journées. Je ne tenais pas à ce qu’elle fasse des bêtises dans la boutique. J’étais trop claqué pour géré ça, je suppose. Puis … Ah. Touché. Coulé.
- …
Comment lui répondre à ça ? J’avais même pas encore de réponse clair en tête. Enfin, vite-fait, mais … ouais, j’étais pas chez le psy, là, aux dernières nouvelles. J’affichais un sourire gêné, pas forcément très honnête mais ça, pas sûr qu’il le devine.
- Je, euh … ne suis pas encore très sûr de moi. Je prend mon temps pour prendre une décision.
Surtout que … ouais, j’avais d’autre truc à géré. Je me sentait pas encore de nommer l’œuf rose, déjà que … j’avais du mal à accepter que j’étais de nouveau dresseur. Bref. Je n’ajoutais pas un mot de plus, un poil pensif.
Uniopolis. Uniopolis. Uniopolis … C'est la grande ville, non ? Il me semble en avoir déjà entendu parler, et je ne vois pas trop pourquoi j'aurai entendu parler d'une ville qui n'est pas la plus grande ville de la région. Je ne me suis jamais tant que ça intéressé a la géographie. Plus grande, ou plus connue. Enfin, c'est quasiment pareil. Il n'a pas l'air très à l'aise avec ma question sur le nom de son pokémon.
« Oh, désolé, je ne voulais pas vous mettre en défaut ! »
Je lui adresse un sourire désolé. Pas question que je le fasse se sentir mal.
« Il n'y a aucun mal à ne pas avoir de nom pour son pokémon. Il me semble même qu'il y a pas mal de gens qui n 'en utilisent pas forcément, c'est dire ! »
Je sens comme une sorte de petite tension dans l'air. Je crois que sans le vouloir, j'ai un peu ruiné l'ambiance de ce petit déjeuner. Voila pourquoi en temps normal, je ne pose pas trop de questions aux gens, surtout à ceux qui connaissent mon métier. Il est facile de penser que je tente de leur retourner le cerveau, alors que ce sont souvent des questions innocentes. Au final, je voulais juste lui filer un coup de main.
Enfin, peut être que c'est ça le problème.
Je termine mon verre de jus de baie et m'attaque a ma deuxième viennoiserie dans un silence de plomb.
Puis, comme par miracle, mon téléphone sonne. Qu'est-ce que … Je l'avais sur moi ? Je farfouille pendant presque une minute pour le retrouver avant de le sortir de ma poche porte feuille et ne remarque pas un de mes petits papiers sur lesquels j’inscris habituellement mes rendez vous tomber sur la table. Ah, j'ai oublié de désactiver un réveil. Quoi qu'il en soit, ça me semble être la bonne occasion pour filer. Oui, c'est une fuite lâche, mais qui peut me juger.
« J'étais persuadé de ne pas l'avoir sur moi ! Je ne le range jamais là, d'habitude. Du coup, je vous ai vraiment dérangé pour rien, désolé. »
Une nouvelle fois, un sourire désolé se peint sur mon visage. Très clairement, je ne mens pas.
« Je n'avais pas vu l'heure passer, je dois y aller. Passez une bonne journée ! »
Ah bah … soudainement, il était atteint de ce qu’on appelle le malaise. Ouais, clairement malaisé, le mec. Je lui adressais, moi aussi, un petit sourire doux, d’excuse.
- Ah mais … euh, c’est pas grave, ne vous en faites pas.
Il semblait visiblement très gêné de m’avoir posé tant de question. Déformation professionnelle, je suppose ? M’enfin. J’allais pas lui balancer toute ma backstory d’un coup, de toute façon. Pour ça fallait le rang d’amitié S+ et… qu’est-ce que je racontais, moi, déjà ? Enfin, bref.
C’était silencieux, d’un coup. Je me sentait un peu étouffé. C’était vraiment pesant, pourtant … ouais, sa question m’avais un peu mis mal à l’aise, mais pas tant que ça ? Là, on partait sur une ambiance digne de malaise TV. Au moins, ma Ptiravi mangeais avec énergie, et avais vite fini, d’ailleurs. Au moins une qui n’étais pas dérangée par tout ça. Puis, pour couper court à ce calme abominable… Un bruit de sonnerie. Je haussais un sourcil. C’était pas moi. J’en étais sûr et certain. Et quel fut ma surprise en voyant le mec en face de moi … sortir son téléphone. Il s’était moqué de moi ou bien était particulièrement tête en l’air … ? C’était un peu gros là, quand même. Et … Il me semblait qu’il prenais la fuite. Bon. Je lui envoyais un sourire un peu réservé, ayant quand même l’impression de m’être fait un peu avoir.
- Euh … Ouais ! Bonne journée.
Une fois l’homme parti, je m’étirais, baillant bruyamment et … c’était quoi, ce truc ? Un papier … avec écrit … ses rendez-vous ? Et deux trois autres infos. Bon eh bien … d’accord. Au pire, il devais pas en avoir vraiment besoin, non ? Puis… il y avait ses coordonnés. Je réfléchit quelques instants, avant de saisir le papier et le fourrer dans ma poche. A voir, ce serais pas si mal.
Ensuite, je récupérais mon Pokémon avant d’enfin quitter la boulangerie. Une bonne nuit, ou plutôt journée de sommeil m’attendais.